Pfalz A.I

Le Pfalz A.I fut un avion de reconnaissance biplace allemand utilisé en 1914. Conçu sous licence du Morane-Saulnier Type L, il servit au sein des unités bavaroises.

Le Pfalz A.I est un avion de reconnaissance biplace non armé, construit en 1914 par Pfalz Flugzeugwerke. Il s’agit d’une version sous licence du Morane-Saulnier Type L, avec une production limitée à environ 60 exemplaires, principalement utilisés par des unités bavaroises. Doté d’un moteur Oberursel de 80 chevaux, il atteint 134 km/h et une autonomie de 4 heures. Il servit durant les premières phases de la Première Guerre mondiale, avant d’être rapidement remplacé par des appareils plus performants et mieux armés. Une version A.II équipée d’un moteur plus puissant fut également produite.

Pfalz A.I

L’historique du Pfalz A.I

L’aviation militaire allemande de 1914 était encore embryonnaire. Pfalz Flugzeugwerke, fondé en 1913 à Speyer en Bavière, souhaitait proposer un avion de reconnaissance adapté aux besoins de l’armée impériale. Faute de temps pour développer un appareil original, Pfalz obtint une licence du constructeur français Morane-Saulnier, concernant le Type L, un monoplan parasol déjà adopté par plusieurs armées européennes.

Le premier vol du Morane-Saulnier Type L remonte à août 1913. L’armée allemande, consciente de son efficacité en tant que plateforme d’observation, approuva sa fabrication sous licence dès le début de la guerre en août 1914. Le modèle produit par Pfalz fut désigné Pfalz A.I, selon la désignation militaire allemande pour les avions non armés.

Seulement 60 exemplaires furent produits. La majorité fut affectée aux unités bavaroises, en raison de l’implantation régionale du constructeur. Il s’agissait d’un avion de reconnaissance visuelle et photographique, sans armement initial. Certains appareils furent plus tard modifiés sur le terrain avec l’ajout d’une mitrailleuse Spandau LMG 08, pour répondre à l’évolution rapide du combat aérien.

Le Pfalz A.I resta opérationnel pendant une période courte. L’arrivée rapide d’appareils plus puissants et plus maniables, notamment des biplans armés, mit fin à son utilisation active. Toutefois, il constitue un exemple représentatif des premières tentatives d’organisation de l’aviation de reconnaissance allemande.

Le design du Pfalz A.I

Le Pfalz A.I reprend les lignes du Morane-Saulnier Type L, à savoir un monoplan à aile parasol, une configuration rare à l’époque. L’aile était fixée au-dessus du fuselage via un ensemble de montants métalliques, assurant une bonne visibilité vers le sol pour l’observateur.

Le fuselage était de construction mixte, avec une structure en bois recouverte de toile tendue. La conception générale restait simple, dans l’optique d’une production rapide et économique. L’empennage arrière était conventionnel, avec un stabilisateur horizontal et une dérive verticale de faible surface. Le train d’atterrissage fixe, muni de deux roues principales et d’une béquille arrière, s’avérait robuste mais limitait les performances au décollage.

Le poste de pilotage accueillait deux membres d’équipage en tandem, sans protection blindée ni cockpit fermé. Le pilote était situé à l’arrière, tandis que l’observateur prenait place à l’avant. La communication entre les deux se faisait uniquement par gestes ou par voix directe, en raison de l’absence de système radio.

Le moteur Oberursel U.0 en étoile de 80 chevaux (59,7 kW), monté à l’avant, entraînait une hélice bipale en bois. Ce moteur était une copie sous licence du Gnome Monosoupape français, produit localement pour réduire la dépendance étrangère. L’alimentation en carburant était assurée par des réservoirs de petite capacité intégrés au fuselage.

Certains exemplaires furent modifiés pour embarquer une mitrailleuse fixe, mais cette adaptation resta marginale, le Pfalz A.I n’ayant jamais été conçu pour le combat offensif.

La performance du Pfalz A.I

Les performances du Pfalz A.I restaient modestes, même selon les standards de 1914. Son moteur Oberursel U.0 de 80 chevaux permettait d’atteindre une vitesse maximale de 134 km/h (83 mph), insuffisante face aux premiers chasseurs motorisés plus puissants.

L’altitude maximale atteignait environ 3 000 mètres, soit 9 842 pieds, ce qui restait acceptable pour les missions de reconnaissance photographique et de surveillance des lignes ennemies. L’autonomie de vol atteignait 4 heures, permettant une portée opérationnelle de 300 à 350 km environ, selon les conditions météorologiques et la charge embarquée.

Le taux de montée était de l’ordre de 2,5 m/s, soit environ 150 mètres par minute, ce qui rendait difficile l’évitement de chasseurs ennemis. La manœuvrabilité était limitée par la configuration monoplan et l’absence de commandes aérodynamiques modernes. Le Pfalz A.I souffrait aussi d’une instabilité latérale notable, surtout par vent latéral.

Le poids à vide était proche de 400 kg, et le poids maximal au décollage atteignait environ 650 kg. La charge utile, incluant l’équipage, le carburant et les équipements photographiques, restait faible.

Ces limites rendirent rapidement l’appareil inadapté au combat évolutif. L’absence d’armement, l’insuffisance de puissance moteur et la vulnérabilité structurelle justifièrent son retrait progressif au profit d’avions biplans plus rapides et plus solides, comme les Albatros C.I ou LVG C.II.

Pfalz A.I

Les missions du Pfalz A.I au combat

Le Pfalz A.I fut engagé essentiellement en 1914 et début 1915, dans un rôle d’observation aérienne non armée. Les appareils furent affectés aux Flieger-Abteilungen (FA), unités d’aviation de l’armée allemande chargées du renseignement tactique.

L’essentiel des missions concernait l’observation des lignes de front, la cartographie photographique, le repérage des mouvements de troupes et la correction des tirs d’artillerie. Les missions se faisaient à basse ou moyenne altitude, en raison des limitations de plafond et d’angle de vue.

Le Pfalz A.I fut notamment utilisé sur les fronts de Lorraine et d’Alsace, en soutien aux corps d’armée bavarois. L’absence d’armement le rendait très vulnérable, même aux tirs d’infanterie légère ou aux premiers avions de chasse alliés, tels que le Nieuport 10 ou le B.E.2 britannique.

Les pertes furent élevées dès que l’ennemi commença à déployer des appareils armés. De nombreux équipages furent contraints d’abandonner leurs missions en raison de l’apparition d’une menace aérienne directe. Plusieurs appareils furent également capturés ou endommagés lors d’atterrissages forcés.

La tentative d’armement avec une Spandau LMG 08 améliora légèrement la défense mais n’élimina pas la vulnérabilité structurelle. Le Pfalz A.I fut donc progressivement retiré des premières lignes dès mi-1915, certains appareils étant relégués à l’entraînement ou aux missions secondaires à l’arrière du front.

Un dernier mot sur le Pfalz A.I

Le Pfalz A.I fut un avion de transition, caractéristique de l’adaptation rapide des industries aéronautiques allemandes au début du conflit. Conçu dans l’urgence, basé sur un modèle étranger, il permit néanmoins de lancer la production locale et d’acquérir une première expérience tactique.

Son remplacement rapide par des modèles plus performants comme le Pfalz C.I ou Albatros C.I montre que ses limites avaient été rapidement identifiées. Il ne laissa qu’un impact limité sur les opérations militaires mais participa aux premières phases de structuration de l’aviation allemande.

Son rôle doit être compris dans le contexte technique de 1914, où l’aviation n’était encore qu’un auxiliaire du champ de bataille. L’échec relatif du Pfalz A.I n’est pas lié à un défaut de conception mais à l’évolution rapide des exigences tactiques et technologiques.

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