Le géant américain annonce un investissement de 100 milliards $, visant 750 systèmes HIMARS et 200 nouveaux F-35. Un pari stratégique pour dominer le marché de la défense.
En résumé
Le 12 novembre 2025, Lockheed Martin a annoncé un effort massif dans le domaine de la défense, estimé à environ 100 milliards de dollars, comprenant la livraison de 750 systèmes HIMARS et de 200 avions F-35 à horizon proche. Le constructeur vise ainsi à consolider sa position de leader industriel et à répondre à la forte demande des alliés et du Pentagone pour des capacités de frappe longue portée et d’appui aérien avancé. Les systèmes HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) sont déjà déployés chez 14 alliés, et la production atteint récemment le 750ᵉ exemplaire. Cela illustre un besoin stratégique de modernisation des forces d’artillerie et d’aviation combinées. Ce plan marque un tournant pour Lockheed Martin : il repose sur une demande accrue en Europe et Indo-Pacifique, et sur le fait que la production de masse pour les F-35 (plus de 175-200 unités en 2025) permet d’abaisser les coûts unitaires et d’élargir la base export. Le constructeur mise sur un marché global de modernisation pour sécuriser une croissance à long terme.
L’origine et l’ampleur du plan
Lockheed Martin a déclaré qu’il entendait répondre à une phase d’accélération globale de la dépense militaire, motivée par des tensions géopolitiques accrues en Europe de l’Est et dans l’Indo-Pacifique. Le plan englobe la combinaison des programmes F-35 et HIMARS, deux piliers de l’arsenal moderne. Le segment F-35 vise à livrer environ 200 avions d’ici fin 2025, ce qui représenterait un niveau de production jamais atteint dans le programme. (« objectif d’un appareil par jour ouvrable ») : cela s’explique par l’augmentation des commandes à l’exportation et la reprise après des retards. Le segment HIMARS voit la livraison de 750 lanceurs, chiffre confirmé récemment, provenant d’une montée en cadence importante. Un article mentionne que la firme a déjà livré le 750ᵉ exemplaire.
Le montant de «100 milliards de dollars» combine des projections pluri-annuelles, des commandes en cours, des perspectives à moyen terme, et des investissements industriels (usines, chaîne d’approvisionnement, R&D). Bien que tous les éléments ne soient pas publics, ce plan reflète une stratégie industrielle agressive : sécuriser le carnet de commandes, renforcer l’écosystème de production, et anticiper les besoins d’alliés et de partenaires.
Le système HIMARS : rôle, expansion et moteur de croissance
Le HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System) est un lance-roquettes multiple monté sur camion, développé par Lockheed Martin Missiles & Fire Control. Le véhicule est capable de lancer des munitions guidées à longue portée, comme le GMLRS ou le futur PrSM, et d’être transporté par C-17 ou C-5. Il a déjà été utilisé au combat en Ukraine et sur d’autres théâtres. Le lanceur pèse environ 16 250 kg, mesure 7 m de long, 2,4 m de large, 3,2 m de haut. Ce système fournit une capacité de frappe mobile, rapide à repositionner, et intégrée dans un réseau de commandement moderne.
L’intérêt pour Lockheed Martin est multiple : la montée en cadence de production (passée de 48 à 96 lanceurs/an) ponctue une forte demande, notamment de l’US Army et de ses alliés. L’article indique que l’usine de Camden (Arkansas) a doublé sa cadence et qu’un effort important a été engagé pour répondre à une demande européenne et indo-pacifique. Le lancement du 750ᵉ exemplaire confirme la maturité du programme. Le HIMARS représente donc un moteur de croissance principal pour l’industriel : il combine exportation, production de masse, modularité (capacité à intégrer de nouveaux missiles) et pertinence stratégique (modernisation de l’artillerie).
En outre, l’intégration du HIMARS dans les architectures multi-domaines de l’armée américaine et de ses alliés renforce la valeur ajoutée : long-range fires, précision, mobilité, interopérabilité (alliés OTAN). Le fait que Lockheed l’affiche comme l’un des deux piliers de son plan (avec le F-35) montre que l’industriel anticipe une forte demande dans ce segment.
Le programme F-35 et ses enjeux stratégiques
Le F‑35 Lightning II reste le principal avion de chasse de cinquième génération produit par Lockheed Martin et utilisé par plus de 19 pays. Le constructeur vise une production de jusqu’à 200 avions en 2025, selon plusieurs sources, ce qui représenterait environ une hausse de 64 % par rapport à 2023. L’arriéré de commandes (backlog) est estimé à près de 179 milliards $ pour les F-35.
Les facteurs de cette demande élevée sont nombreux : l’OTAN et les alliés cherchent à moderniser leurs flottes dans un contexte de redéploiement et de montée des menaces. Le F-35 offre furtivité, fusion de capteurs, interopérabilité et capacité multirôle. Pour Lockheed Martin, cela permet d’exploiter des économies d’échelle, d’améliorer les coûts unitaires et de proposer des services associés (maintenance, formation). Le plan «100 milliards» inclut donc l’aviation mais aussi l’intégration de réseau, la logistique et la modernisation des systèmes.
Le plan confirme que Lockheed envisage de rester le leader de la défense à long terme, par la combinaison artillerie de précision (HIMARS) et supériorité aérienne (F-35). L’accent est aussi mis sur les services de soutien, les mises à jour logicielles et matérielles, et les exportations. L’enjeu est de maintenir l’avantage technologique alors que des concurrents émergent.

Impacts industriels et sur le marché de la défense
Pour Lockheed Martin, ce plan représente une stratégie globale : sécuriser le carnet de commandes, augmenter la cadence industrielle, améliorer l’efficience, et renforcer la valeur pour les actionnaires. Les secteurs HIMARS et F-35 combinés couvrent des milliards de dollars par an. Le plan s’inscrit dans une logique de croissance durable malgré des défis comme la chaîne d’approvisionnement, les coûts, et la compétition.
Sur le marché de la défense, l’annonce marque plusieurs signaux :
- Une confirmation que la modernisation militaire reste prioritaire chez les alliés occidentaux, en Europe comme en Asie.
- Une pression accrue sur les concurrents (Boeing, Northrop Grumman, BAE Systems, etc.), notamment sur les segments artillerie et aviation.
- Une accélération de l’exportation des systèmes US, renforçant l’emprise de Lockheed et la dépendance des alliés.
- Une augmentation de la production de masse, ce qui peut conduire à une baisse progressive des coûts unitaires et à un seuil d’entrée plus bas pour certains marchés.
Cependant, des risques existent : gestion de la chaîne logistique mondiale (composants critiques), saturation des capacités de production, contraintes budgétaires des pays clients, et concurrence internationale accrue.
Pourquoi un tel volume – 750 HIMARS et 200 F-35 ?
Le chiffre de 750 HIMARS s’appuie sur l’annonce de livraison du 750ᵉ exemplaire et l’augmentation de la cadence de production. Cela suggère que Lockheed vise non seulement à satisfaire les besoins américains mais à répondre à une demande export importante. Le nombre 200 F-35 indique un objectif de production ambitieux pour 2025, ce qui permettrait de livrer un avion presque chaque jour ouvrable.
Ces volumes permettent d’atteindre plusieurs objectifs :
- Économies d’échelle : plus la production est élevée, plus le coût unitaire peut diminuer.
- Couverture mondiale : répondre à des alliés, des partenaires, des États clients pour consolider les chaînes d’approvisionnement.
- Position dominante : en produisant massivement, Lockheed verrouille le marché, rend plus difficile pour les concurrents de s’implanter.
- Innovation continue : avec de gros volumes, l’entreprise peut amortir les coûts de R&D, soutenir les mises à jour, et proposer des services complémentaires.
Ainsi, le plan de 100 milliards $ n’est pas un « budget unique » mais une stratégie multiengagement qui combine production, export, services et modernisation.
Enjeux à long terme pour Lockheed Martin
En misant sur ces deux piliers, Lockheed vise à rester un acteur incontournable :
- Le constructeur veut capitaliser sur la demande continue pour les systèmes de supériorité aérienne et de frappe à longue portée.
- Il cherche à intégrer davantage de services après-vente, logistique, maintenance et mise à jour logicielle pour maximiser le retour sur investissement.
- Il anticipe un avenir où la supériorité technologique et la production rapide seront clés, notamment dans un contexte de compétition accrue.
- Il cherche également à influencer les architectures alliées, en s’assurant que ses systèmes soient au cœur des capacités des États partenaires.
Ce plan pourrait aussi tirer parti de la transition vers des capacités multi-domaines (air, terre, mer, espace), de l’intégration IA et de la numérisation des armes.
La démarche de Lockheed Martin atteste que la défense est redevenue un axe d’investissement majeur pour les États-Unis et leurs alliés, et que l’industrie suit avec des plans à long terme. Le fait de combiner 750 systèmes HIMARS et 200 F-35 dans un objectif unique de 100 milliards de dollars n’est pas anodin : cela reflète une vision stratégique où l’avant-garde technologique, la production de masse et l’exportation convergent pour façonner le paysage futur de la défense. Lockheed entame avec cette offensive une phase de consolidation et d’ambition globale.
Sources
– IBTimes, « Lockheed Martin’s $100 billion defense push: 750 HIMARS and 200 new F-35 jets coming », 11 novembre 2025.
– Defence-Industry.eu, « Lockheed Martin aims to deliver 200 F-35 jets in 2025 as global demand reaches record high », novembre 2025.
– ExecutiveBiz, « Lockheed Martin Delivers 750th HIMARS Launcher » , 10 novembre 2025.
– Wikipedia, « M142 HIMARS », « Lockheed Martin F-35 Lightning II procurement ».
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