L’OTAN acquiert 700 F‑35 pour renforcer sa puissance aérienne

L’OTAN acquiert 700 F‑35 pour renforcer sa puissance aérienne

L’OTAN, guidée par Mark Rutte, prévoit l’achat de 700 F‑35 aux États‑Unis pour combler son retard stratégique en puissance aérienne.

Depuis l’annonce du secrétaire général Mark Rutte le 9 juin 2025, l’OTAN s’engage dans un programme d’acquisition massif de 700 avions de chasse F‑35 auprès des États‑Unis. Cet investissement vise à compenser les retards constatés dans la puissance aérienne des alliés. Le Canada, en particulier, voit son propre programme F‑35 confronté à des délais importants et des surcoûts évalués entre 27,7 et 33,2 milliards de dollars canadiens pour une commande de 88 appareils. L’enjeu de cette commande découle d’une volonté de la part de l’alliance de renforcer ses capacités opérationnelles dans un contexte géopolitique tendu. Les rapports récents montrent que le coût unitaire du F‑35A s’établit aujourd’hui entre 75 et 83 millions de dollars US (soit environ 70–78 M €). Cette décision s’inscrit aussi dans un plan global de montée en puissance de l’alliance, incluant une augmentation de 400 % des capacités de défense aérienne et missile). L’article détaille ici les motivations techniques, les implications financières, les défis industriels-et-structurels, et les conséquences stratégiques d’un tel engagement pour l’OTAN.

L’OTAN acquiert 700 F‑35 pour renforcer sa puissance aérienne

Le programme d’acquisition de l’OTAN : motivations et chiffres

L’annonce de l’acquisition de 700 F‑35 par l’OTAN répond à un constat clair : l’écart croissant avec les capacités aériennes de Russie et Chine. Selon le secrétaire général Rutte, l’alliance vise à renforcer ses défenses en passant à 3,5 % du PIB pour la défense, voire 5 % si certains pays suivent la demande des États‑Unis). À l’échelle budgétaire, chaque F‑35A revient à environ 75–80 M \$UD (environ 70–78 M €). Sur 700 appareils, l’investissement global se situe entre 52 et 56 milliards €, hors frais d’armement, de maintien en condition opérationnelle et d’infrastructure. Ce volume massif de commande permettra à plusieurs pays – Allemagne (35), Canada (88), Pays-Bas (52), Norvège (52), Pologne (32), Belgique (34), Finlande (64), Suisse (36) – de standardiser leur flotte sur le F‑35. Cette harmonisation renforce l’interopérabilité tactique au sein de l’alliance, réduit les coûts logistiques à long terme et améliore la coordination en missions conjointes. Le modèle économique repose sur l’effet d’échelle : en augmentant la production, le prix unitaire baisse via le système américain LRIP. La commande globale de l’OTAN envoie également un message politique fort : l’alliance européenne renforce sa dépendance stratégique à la plateforme F‑35.

Les défis associatifs : retards et surcoûts hors Europe

L’expérience du Canada illustre les défis concrets du F‑35. Le programme de 88 avions, initialement estimé à 19 milliards CA\$, affiche désormais des coûts révisés entre 27,7 et 33,2 milliards CA\$ (+45 %). Plusieurs facteurs expliquent ce report drastique : hausse des taux de change, retards de construction d’infrastructure, et complications dues à la pandémie. Le rapport du Vérificateur général souligne aussi un manque de pilotes qualifiés pour assurer l’entrainement et l’opérationnalité des appareils. À l’échelle de l’OTAN, ces risques se retrouvent : la livraison des 700 avions s’étalerait sur plusieurs années (2026–2035), mobilisant des budgets supplémentaires pour la maintenance, les pièces, les munitions intelligentes, les radars AESA et les simulateurs.

Le retard de livraison des infrastructures (hangars, pistes renforcées, simulateurs) retient donc une attention particulière. Chaque site d’accueil nécessite un investissement entre 20 et 50 M €, selon la configuration. Sur dix bases, cela ajoute 200 à 500 M €. La montée en charge pose aussi la question de la formation continue des techniciens. Les plateformes F‑35 exigent une équipe d’environ 150 à 200 spécialistes par escadron (maintenance, armement, IT, cybersécurité). En comparaison, un avion de génération 4 nécessite environ 100 spécialistes.

Conséquences industrielles et plan de montée en puissance de l’alliance

Cette commande massive de 700 avions de chasse F‑35 aura un impact industriel notable. Le marché européen bénéficiera indirectement : des usines de Lockheed Martin aux États‑Unis, la chaîne F‑35 repose sur des centaines de fournisseurs, dont plusieurs à l’étranger, notamment en Europe (ex. motorisations, logiciels, composants). La confirmation d’un tel volume d’achat sécurise la stabilité de la chaîne d’approvisionnement, limite les ruptures et augmente les volumes commandés de pièces détachées.

Dans une perspective technologique, l’OTAN valide le F‑35A (variante à décollage classique) comme plateforme de référence. Cela ouvre la voie à des partenariats en essais en vol, intelligence artificielle embarquée, et cyberdéfense. L’homogénéisation des flottes permettra une fusion tactique des données entre pays : chaque appareil pourra collecter et partager des données via le réseau OTAN. Enfin, le choix du F‑35 conforte son positionnement comme pilier décisif du Système de Combat Aérospatial du Futur (SCAF), favorisant l’intégration de l’IA et manœuvres coopératives.

La livraison devrait s’étaler de 2026 à 2035, en deux phases : d’abord un flot initial de 300 avions, suivi de 400 sur la décennie suivante. Cela correspond à un renforcement permanent des capacités aériennes, mais induit des frais d’exploitation annuels estimés à environ 10 % du coût d’acquisition, soit 5 à 6 milliards € par an pendant 20 ans.

L’OTAN acquiert 700 F‑35 pour renforcer sa puissance aérienne

Enjeux géopolitiques et défense européenne

L’acquisition de 700 F‑35 constitue une réponse stratégique au regain de tensions avec la Russie – considérée comme candidate à une attaque contre l’OTAN dans les cinq ans à venir – et à la montée de la capacité militaire chinoise. Sur le terrain, le F‑35 offre un avantage capacitaire majeur : furtivité, radar AESA, armement air-sol, recueil de données, et projection de supériorité aérienne. Répartie entre alliés, cette flotte forme une structure décentralisée, capable d’opérer en Escadrons coopératifs. Cette stratégie sécurise aussi le flanc est européen, en renforçant les missions en Pologne, Baltique, et Méditerranée.

Sur le plan politique, cette annonce confirme que l’Europe continue de subordonner une partie de son effort militaire à l’industrie américaine. Pour certains pays (ex. Portugal), ce choix suscite débat et propose des alternatives nationales ou européennes. D’autres, comme la Pologne ou la Norvège, l’assument pleinement. La challenge en cascade réside désormais dans la capacité des pays à financer et intégrer les avions dans leur dispositif national. L’OTAN table aussi sur une synergie entre flottes F‑35 et drones armés, missiles de croisière à longue portée, et renforcement des capacités cyber.

Perspectives : entre standardisation et autonomie stratégique

À moyen terme, la commande de 700 avions de chasse F‑35 permet à l’OTAN de repenser ses doctrines aériennes : standardisation des tactiques, mutualisation des ressources de maintenance, circuits logistiques communs, et standardisation des munitions.

Cependant, des défis subsistent :

  • capacité d’accueil : certaines nations devront moderniser leur base aérienne ;
  • formation de plusieurs milliers de pilotes et techniciens ;
  • financement à long terme des coûts de possession – en exploitation, pièces, modernisation ;
  • dépendance à un industriel unique : Lockheed Martin, et au gouvernement américain via la Foreign Military Sales.

Malgré cela, ce plan constitue un signal de solidarité stratégique et d’ambition aseptique, face à des menaces aériennes complexes. L’efficacité du dispositif dépendra toutefois de sa mise en œuvre rigoureuse, répondant aux exigences techniques et opérationnelles sans gloser dans les débats idéologiques. L’OTAN franchit une nouvelle étape tactique : passer du pilotage national à une approche collective, où le F‑35 devient vecteur central de défense et d’interopérabilité.

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