Le M-345 de Leonardo entre en service dans l’armée de l’air italienne comme avion d’entraînement de base et appareil à capacité opérationnelle légère.
Le M-345, avion d’entraînement à réaction développé par Leonardo, a été officiellement intégré dans l’armée de l’air italienne. Destiné à remplacer le MB-339, il est désormais opérationnel sur la base aérienne de Galatina, aux côtés de l’avion école avancé M-346. Propulsé par un réacteur Williams FJ44-4M-34, le M-345 combine les phases 2 et 3 de la formation des pilotes militaires. Doté de systèmes de commande numériques modernes, d’écrans multifonctions et d’une capacité d’armement réelle, il est aussi apte à des missions légères. Son entrée en service, bien que retardée depuis 2019, marque un tournant dans la rationalisation des moyens de formation de l’Italie.
Un appareil conçu pour la formation initiale des pilotes de chasse
Le M-345 est destiné à remplacer le MB-339, en service depuis plus de 40 ans. L’appareil couvre les phases intermédiaires de l’entraînement militaire : manœuvres de base, formation tactique initiale, vol en formation et début de familiarisation avec les systèmes de combat modernes. Il s’insère entre les turbopropulseurs de début de formation et l’avion à réaction avancé M-346 Master, utilisé pour simuler les avions de chasse de 4e et 5e générations.
L’appareil est propulsé par un moteur turbofan Williams FJ44-4M-34, d’une poussée de 13,1 kilonewtons, qui lui permet d’atteindre une vitesse maximale de 787 km/h à une altitude de 6 000 mètres. Ce choix de motorisation permet de réduire les coûts d’exploitation, tout en offrant des performances supérieures à celles des turbopropulseurs haut de gamme comme le Pilatus PC-21 ou le Beechcraft T-6 Texan II.
L’armée de l’air italienne a commandé 18 exemplaires, dont sept ont déjà été livrés, et quatre ont été utilisés dans les essais opérationnels, terminés en mars 2024. Quatre instructeurs sont désormais certifiés. Le modèle est pleinement intégré dans le programme de formation au sein du 61e Stormo de Galatina, qui supervise la transition entre vol de base et entraînement tactique complexe.
Leonardo annonce que le coût horaire du M-345 est similaire à celui d’un turbopropulseur, tout en proposant une expérience plus proche du vol sur chasseur. Ce rapport coût/efficacité constitue un argument clé pour les armées qui cherchent à optimiser leur flotte d’entraînement.
Des caractéristiques techniques modernes pour un entraînement réaliste
Le poste de pilotage du M-345 est entièrement numérique. Il comprend trois écrans multifonctions couleur tactiles (MFD), un affichage tête haute (HUD) et une interface cockpit standardisée compatible avec les avions de combat modernes. L’objectif est d’habituer dès le début les élèves pilotes aux environnements numériques qu’ils retrouveront sur les Rafale, F-35 ou Eurofighter.
L’avion intègre également des systèmes de simulation embarqués permettant de reproduire en vol des scénarios d’entraînement complexes : menace sol-air, radar adverse, tir simulé, appui au sol. Ce concept, dit de simulation en vol, réduit le besoin d’infrastructures de simulation au sol et renforce l’autonomie du dispositif pédagogique.
La cellule de l’appareil est optimisée pour la maintenance, avec un accès facilité aux composants, ce qui permet de réduire le temps moyen entre deux vols à moins de deux heures, un point important pour des centres de formation à forte activité.
Enfin, les systèmes embarqués permettent l’enregistrement complet du vol, avec une restitution post-mission sur les stations au sol. Les instructeurs peuvent ainsi analyser avec précision le comportement du stagiaire et corriger les erreurs avec des éléments objectifs.
Ce type d’équipement place le M-345 à un niveau de sophistication supérieur à celui des avions écoles classiques, et se rapproche des systèmes de formation intégrée comme ceux de l’US Air Force (T-7A Red Hawk) ou de l’Indian Air Force (HAL HTT-40).
Une capacité opérationnelle secondaire pour les missions de sécurité intérieure
Au-delà de sa mission de formation, le M-345 est compatible avec des armements réels, un point rarement abordé pour un avion école de ce segment. Il peut emporter jusqu’à 1 000 kg de charge utile répartie sur quatre points d’emport sous les ailes.
Cette capacité lui permet de remplir des missions opérationnelles légères, notamment en appui aérien rapproché, surveillance des frontières ou attaque de cibles peu défendues. Il peut être armé de :
- missiles air-air à guidage infrarouge (type AIM-9L ou IRIS-T),
- bombes lisses de 227 kg (500 livres),
- pods roquettes de 70 mm,
- canons externes de 12,7 mm ou 20 mm.
Dans un contexte de restrictions budgétaires, certains pays peuvent utiliser ces avions comme chasseurs légers, à l’instar du M-346 FA, version armée du Master, déjà vendu à plusieurs pays d’Afrique et d’Asie.
La double vocation du M-345 – entraînement et opération – peut intéresser des clients étrangers à la recherche d’un avion peu coûteux à l’achat et à l’entretien, tout en étant capable de missions tactiques basiques. À l’export, cette flexibilité pourrait constituer un avantage face aux avions concurrents américains, sud-coréens ou brésiliens.
Leonardo s’appuie sur cette stratégie pour proposer le M-345 à des armées à budget limité ou cherchant à compléter leur flotte avec un appareil secondaire polyvalent. Le prix estimé à l’unité se situe autour de 20 millions d’euros, en fonction des configurations et systèmes embarqués.
Enjeux industriels et place dans l’écosystème aéronautique italien
L’officialisation du M-345 survient alors que Leonardo cherche à rationaliser ses plateformes de formation autour d’un modèle complémentaire au M-346, plus puissant et plus coûteux. Le choix d’un moteur américain (Williams) et d’une avionique évolutive permet de réduire les délais de maintenance et les coûts logistiques.
La fabrication du M-345 est centralisée à Venegono Superiore, dans le nord de l’Italie, et mobilise un réseau de sous-traitants locaux dans le secteur de la mécatronique, des matériaux composites et de l’électronique embarquée.
Ce programme soutient l’emploi de plus de 500 personnes, réparties entre ingénierie, assemblage, essais et maintenance. Il complète les lignes de production des hélicoptères militaires, des drones Falco et des systèmes électroniques embarqués que produit Leonardo pour le marché européen.
La décision de ne pas attribuer le rôle d’avion acrobatique à ce modèle – contrairement aux intentions initiales – reflète une réorientation des priorités. Le MB-339 sera remplacé dans la Patrouille Frecce Tricolori par le M-346, mieux adapté aux évolutions dynamiques du vol en formation.
La complémentarité M-345 / M-346 permet à l’armée de l’air italienne de disposer d’un système de formation modulaire cohérent avec les exigences de la formation des pilotes de chasse modernes, en particulier pour la transition vers le F-35A.
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