
La Chine renforce sa puissance aérienne avec les J-20, J-16 et J-10C, piliers technologiques d’une flotte de chasseurs en rapide modernisation.
L’Armée populaire de libération (APL), par l’intermédiaire de sa branche aérienne, poursuit un programme de modernisation accéléré. Le trio constitué des J-20, J-16 et J-10C représente aujourd’hui le socle opérationnel des capacités de combat de la Force aérienne chinoise (PLAAF). Ces trois plateformes, chacune intégrée dans un rôle tactique bien défini, permettent à Pékin de renforcer sa supériorité régionale face à des adversaires comme le Japon, Taïwan ou les États-Unis.
Le J-20, considéré comme le premier avion de chasse chinois furtif de cinquième génération, a franchi plusieurs étapes décisives depuis son entrée en service en 2017. Il sert désormais de pivot dans les opérations de dissuasion à longue portée. Le J-16, version améliorée du Su-30 russe, agit comme avion de combat multi-rôle à capacité offensive accrue. Enfin, le J-10C, plus léger et polyvalent, remplit des missions de supériorité aérienne, d’interdiction et d’appui tactique.
L’intégration de ces appareils dans un système de commandement numérique centralisé, couplé à l’essor des capacités de guerre électronique et à la production locale de moteurs, marque une rupture nette avec la dépendance technologique passée. Cette dynamique transforme la PLAAF en une force capable de mener des campagnes offensives à grande échelle dans un rayon de plus de 1 500 kilomètres.

Un chasseur de cinquième génération : le rôle central du Chengdu J-20
Le Chengdu J-20 est l’élément le plus avancé de l’arsenal chinois. Développé par l’avionneur Chengdu Aircraft Corporation, il a été conçu pour rivaliser avec les F-22 Raptor et F-35 Lightning II américains. Depuis 2017, la PLAAF l’a intégré dans plusieurs brigades d’élite. On estime que plus de 250 exemplaires sont déjà opérationnels ou en cours de déploiement.
Le J-20 est un avion de chasse chinois furtif de grande taille, capable d’opérer à très haute altitude et de longue portée. Il est doté de prises d’air discrètes, de revêtements absorbant les ondes radar (RAM), et d’une configuration delta-canard qui réduit sa signature radar frontale. Il est long de environ 21 mètres, pour une envergure de 13 mètres. Son rayon d’action opérationnel dépasserait 1 500 km, ce qui permet des frappes en profondeur au-delà de la première chaîne d’îles du Pacifique.
Jusqu’en 2021, le J-20 utilisait des moteurs russes AL-31F. Depuis, la Chine équipe ses appareils de moteurs WS-10C, produits localement, qui offrent un meilleur ratio poussée/poids et facilitent les manœuvres à haute vitesse. Le développement du WS-15, qui atteindrait une poussée supérieure à 180 kN, est en phase de test avancée et pourrait permettre un mode super-croisière sans postcombustion.
L’équipement embarqué du J-20 comprend un radar AESA de dernière génération, des capacités de guerre électronique évoluées, et un système de liaison de données sécurisé. Il peut emporter des missiles PL-15 à longue portée (plus de 300 km) et PL-10 à courte portée, logés dans des soutes internes pour préserver sa furtivité.
Sa fonction principale est l’ouverture de brèche dans des espaces aériens contestés, avec le soutien de drones ou d’autres chasseurs. Son rôle de « quarterback aérien », c’est-à-dire de coordinateur de combat réseau-centré, en fait un multiplicateur de force dans un théâtre opérationnel.
Le Shenyang J-16, une plateforme lourde multirôle et offensive
Le Shenyang J-16 est basé sur la cellule du Su-30MKK, un dérivé du Su-27 russe acquis au début des années 2000. Ce modèle a été considérablement modifié par la Chine. Produit par Shenyang Aircraft Corporation, le J-16 est un avion de combat chinois de génération 4.5 capable de frapper des cibles terrestres, maritimes et aériennes avec un arsenal varié.
Avec une masse maximale au décollage supérieure à 35 tonnes, un rayon d’action dépassant 1 500 kilomètres, et la capacité d’emporter plus de 8 tonnes de munitions, le J-16 est conçu pour les missions longues durée. Il est désormais équipé d’un radar AESA, de brouilleurs embarqués et de capteurs infrarouges. La version la plus récente inclut une peinture absorbante radar, qui réduit partiellement sa visibilité.
Le J-16 est généralement déployé dans les zones côtières de la mer de Chine méridionale ou dans les bases du théâtre Est, en appui aux tensions autour de Taïwan. Il peut emporter les missiles antinavires YJ-83, les bombes guidées LS-6, ou encore les missiles air-air PL-15. En tant que bombardier tactique, il constitue un maillon central dans une offensive aérienne à grande échelle.
Plus de 250 appareils seraient en service actif. L’armée les utilise en complément des J-20 pour des opérations coordonnées : le J-20 ouvre le corridor d’attaque en environnement saturé, le J-16 frappe avec ses charges lourdes depuis l’arrière.
L’existence d’une version biplace, utilisée pour la guerre électronique ou la coordination tactique, accentue encore sa flexibilité. Des drones de type Loyal Wingman pourraient bientôt lui être intégrés, renforçant sa capacité de frappe distribuée.
Le Chengdu J-10C, un chasseur léger modernisé pour la supériorité régionale
Le J-10C représente la dernière évolution du programme J-10, dont les premiers vols remontent à la fin des années 1990. Produite par Chengdu Aircraft Corporation, cette plateforme est la plus légère des trois, avec une masse maximale au décollage d’environ 19 tonnes et une longueur de 17 mètres. Elle sert dans plus de 10 brigades de la PLAAF, avec un parc estimé à environ 300 à 350 appareils.
La version C incorpore un radar AESA KLJ-7A, un système de guerre électronique embarqué, des capteurs infrarouges, et un cockpit numérique compatible avec des casques à visée intégrée. Le moteur WS-10B alimente le J-10C avec une poussée suffisante pour des manœuvres à haute incidence.
Ce chasseur léger chinois assure la défense de l’espace aérien, des frappes d’interdiction ou encore l’escorte d’autres appareils. Il est capable d’emporter des missiles PL-15, PL-10, des bombes guidées Beidou, et des pods de reconnaissance.
Le J-10C constitue également le modèle de choix pour l’exportation. Le Pakistan a commandé 50 J-10CE, version adaptée aux besoins de l’armée pakistanaise, livrés en 2022 et 2023. D’autres pays pourraient suivre, la Chine proposant ces avions à environ 35 millions d’euros l’unité, un tarif compétitif face aux modèles occidentaux.
Dans la structure tactique chinoise, le J-10C est souvent utilisé comme appareil d’interception ou de patrouille de routine, en appui des bases aériennes avancées. Il est aussi fréquemment engagé dans les manœuvres conjointes, démontrant sa capacité à opérer en environnement connecté avec d’autres vecteurs aériens.

Une doctrine offensive appuyée par l’intégration technologique
Au-delà de ces plateformes, la PLAAF intègre ses avions dans un réseau tactique complet, combinant communications chiffrées, partage de capteurs, guerre électronique et commandement unifié. Des satellites, des radars au sol et des drones participent à cette architecture de combat.
Le concept de « system of systems » s’applique ici pleinement : chaque avion devient un nœud dans un réseau global, capable de fusionner des données avec des appareils terrestres, navals ou aériens. Le J-20, en particulier, joue un rôle de relai de communication avec des drones comme le WZ-7, ou des bombardiers H-6K.
Cette logique transforme la PLAAF en force d’interdiction régionale à longue portée, capable de projeter sa puissance jusqu’à la deuxième chaîne d’îles (au-delà de Guam), tout en maintenant une pression constante sur les premières lignes adverses. Le défi posé aux forces américaines et japonaises devient réel.
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