Le Super Hornet, toujours en lice dans l’appel d’offres finlandais HX

Super Hornet Finlande

La Finlande réévalue le Super Hornet dans le programme HX, aux côtés du Rafale, du Typhoon, du F-35 et du Gripen, dans un processus stratégique encore ouvert fin 2025.

En résumé

La Finlande n’a pas encore arrêté son choix pour remplacer ses F/A-18C/D Hornet, malgré les annonces successives qui semblaient dessiner une préférence en faveur de solutions furtives. Le programme HX, lancé pour garantir les capacités de défense aérienne du pays jusqu’aux années 2060, remet en avant le Super Hornet comme option crédible. Helsinki estime que la continuité opérationnelle, le coût d’intégration et la cohérence avec les infrastructures existantes restent des critères déterminants face à des propositions plus innovantes mais plus coûteuses. Le dernier rapport du ministère finlandais de la Défense, réaffirmé fin 2025, confirme que toutes les plateformes – Super Hornet, Rafale, Eurofighter Typhoon, F-35 Lightning II et Saab JAS 39 Gripen – restent en compétition. L’enjeu est clair : préserver une posture de défense robuste dans un environnement stratégique tendu, maîtriser un budget dépassant déjà 10 milliards d’euros, et assurer une transition opérationnelle sans risque.

L’évaluation stratégique d’un remplacement critique

Le programme HX est l’un des plus importants jamais lancés par la Finlande. L’objectif est simple mais vital : garantir la supériorité aérienne dans un pays frontalier de la Russie, doté de 1 340 km de frontière terrestre. Les Hornet actuels approcheront la fin de leur vie opérationnelle à la fin des années 2020, ce qui rend impératif leur remplacement.

Le rapport de 2015 du ministère finlandais de la Défense, actualisé chaque année, rappelle que tous les candidats doivent répondre aux mêmes exigences : défense aérienne, interception longue distance, combat multirôle, missions de frappe, mais aussi robustesse dans un environnement de brouillage avancé. Cette neutralité institutionnelle explique pourquoi aucun appareil n’a été officiellement écarté fin 2025.

Le Super Hornet conserve un avantage clair : il s’inscrit dans la continuité technique du Hornet déjà exploité depuis les années 1990. Les infrastructures, les procédures de maintenance, les chaînes logistiques et la formation des mécaniciens coûteraient moins cher à adapter. La Finlande le reconnaît : le remplacement doit préserver une cohérence opérationnelle, sans imposer une rupture excessive.

L’intégration du Super Hornet dans l’armée de l’air finlandaise

Les F/A-18C/D finlandais remplissent aujourd’hui des missions de police du ciel, d’interception et de frappe guidée. Le Super Hornet, dans ses versions F/A-18E et F/A-18F, offrirait une transition naturelle.

Il reprend les logiques d’emploi du Hornet mais avec une avionique modernisée, une signature radar réduite et une endurance supérieure. Son rayon d’action atteint environ 722 km, contre moins de 600 km pour les Hornet actuels. Cette différence structurelle permettrait à la Finlande de couvrir plus efficacement son vaste espace aérien, notamment au-dessus de la mer Baltique.

L’appareil est compatible avec les armements déjà maîtrisés par les pilotes finlandais, comme l’AIM-120 AMRAAM, ce qui réduirait les coûts de transition. Les capacités d’emport, pouvant dépasser 8 000 kg, répondent aux besoins d’un pays qui exige un appareil polyvalent, capable de changer de rôle en quelques minutes.

Sur le plan des infrastructures, les bases de Rovaniemi, Tampere-Pirkkala et Kuopio nécessiteraient peu de transformations lourdes : le Super Hornet s’accommode de pistes courtes et de conditions hivernales difficiles, caractéristiques de l’aviation finlandaise.

La concurrence des appareils européens et américains

Le programme HX met face à face cinq philosophies aéronautiques très différentes. Pour la Finlande, ce choix reflète non seulement des exigences militaires, mais aussi une réflexion diplomatique.

Le Dassault Rafale apporte une solution européenne souveraine, avec une agilité exceptionnelle et une efficacité reconnue dans les théâtres extérieurs. Son radar AESA RBE2 et sa suite de guerre électronique SPECTRA constituent des atouts majeurs. Helsinki souligne toutefois la nécessité d’évaluer l’interopérabilité avec ses partenaires nordiques, majoritairement équipés d’avions américains.

L’Eurofighter Typhoon offre une performance air-air supérieure, notamment à haute altitude grâce à ses moteurs EJ200. Il serait un choix cohérent pour renforcer les capacités d’interception, mais son coût d’exploitation – souvent estimé au-delà de 17 000 €/heure de vol – suscite des interrogations dans un pays attentif à ses dépenses.

Le F-35 Lightning II représente l’option furtive, avec une avionique de dernière génération et des capacités de fusion de données qui changent profondément la conduite du combat. Mais son intégration implique un investissement massif, des infrastructures sécurisées, un niveau de maintenance centralisé aux États-Unis et un coût opérationnel pouvant dépasser 30 000 €/heure.

Le Saab JAS 39 Gripen E, enfin, constitue l’option la plus proche géographiquement et politiquement. Son système de guerre électronique avancé et son coût réduit séduisent une partie de l’état-major. Sa capacité à opérer depuis des routes dispersées en fait un candidat sérieux dans la doctrine de résistance finlandaise. Toutefois, sa relative faible capacité d’emport par rapport au Super Hornet pose question.

Super Hornet Finlande

Le poids du budget dans la décision finlandaise

Le remplacement des Hornet représente une dépense colossale. Le budget global du programme HX est évalué entre 10 et 12 milliards d’euros, incluant l’acquisition des appareils, les systèmes d’armes, la formation et les infrastructures.

La Finlande, connue pour sa prudence budgétaire, examine chaque offre sous l’angle du coût total de possession. Le Super Hornet se situe dans une fourchette intermédiaire : plus cher que le Gripen, moins coûteux que le F-35 ou le Typhoon.

Le coût d’exploitation, la disponibilité des pièces, la facilité de maintenance et la durée de vie structurelle jouent un rôle essentiel. Un taux de disponibilité annuel supérieur à 70 % reste indispensable, surtout dans un pays où les forces aériennes servent de première ligne de dissuasion.

Les industriels doivent aussi présenter des offres de compensation industrielle. Boeing promet de renforcer le tissu aéronautique finlandais, en s’appuyant sur Patria et sur la maintenance locale. Cette capacité à créer de la valeur sur le long terme est un paramètre décisif.

La réflexion stratégique qui prolonge l’indécision

Si la Finlande maintient tous les candidats dans la compétition fin 2025, ce n’est pas par hésitation, mais par rigueur. Chaque plateforme apporte une réponse différente à une menace qui évolue rapidement.

Le Super Hornet joue sur la continuité, la fiabilité, et une maîtrise opérationnelle immédiate. Le F-35 mise sur la furtivité et l’évolution technologique. Le Gripen propose un modèle de résilience territoriale. Le Rafale offre une autonomie européenne. Le Typhoon garantit une excellence air-air reconnue.

Les décideurs finlandais le savent : choisir un appareil pour les trente prochaines années implique d’anticiper des contextes stratégiques inconnus. Les tensions autour de la Baltique, la modernisation des forces aériennes russes, mais aussi l’évolution des alliances régionales exigent une vision à long terme.

Une perspective qui ouvre encore le débat

Le programme HX n’est pas qu’un appel d’offres technique. Il est un révélateur des priorités stratégiques du pays. La Finlande ne cherche pas simplement un nouvel avion ; elle cherche une plateforme capable de renforcer la dissuasion, de s’intégrer dans son modèle de défense territoriale, et de s’inscrire dans une économie maîtrisée.

Le Super Hornet conserve sa place parmi les options crédibles, preuve que la continuité et la robustesse opérationnelle restent des arguments solides face à des technologies plus récentes. Le débat qui se poursuit fin 2025 montre que la Finlande veut mesurer chaque risque et chaque bénéfice avant d’engager une transformation majeure de son aviation de combat.

Sources

– Ministry of Defence of Finland, HX Programme reports
– Boeing communication materials
– Public parliamentary discussions on HX acquisition
– Open-source analyses of competing aircraft

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