La Belgique a annoncé son intention de fournir des F-16 à l’Ukraine à partir de 2025, une décision perçue comme un compromis politique au sein de la coalition gouvernementale belge. L’annonce suscite des questions sur le délai prévu pour la livraison des F-16 à l’Ukraine, tandis que les tensions persistent dans la région.
Le 11 octobre, la Belgique a mis fin à son attitude fluctuante adoptée ces derniers mois concernant l’envoi de F-16 en Ukraine. Cette décision, qui ne sera mise en œuvre qu’à partir de 2025, suscite des interrogations sur les implications pour la situation en Ukraine et sur la politique intérieure belge. Dans cet article, nous analyserons en détail la décision de la Belgique, ses raisons, ses conséquences potentielles et son contexte international.
La décision belge
Le gouvernement belge a annoncé qu’il fournira un nombre non divulgué de chasseurs F-16 à l’Ukraine à partir de 2025. Cette annonce intervient après une période d’incertitude au sein de la coalition au pouvoir en Belgique. Le Premier ministre Alexander De Croo a confirmé cette décision après sa rencontre avec le Président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles.
Cependant, il est important de noter que cette décision doit encore être confirmée par le prochain gouvernement belge, qui sera élu en mai prochain. Le ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, a expliqué que les détails de l’accord dépendront de la montée en puissance des capacités belges en F-35, le remplaçant des F-16.
Les implications de l’accord
L’accord prévoit également la formation des pilotes et des planificateurs de missions ukrainiens, qui débutera en 2024. Deux entreprises belges, Sabena Engineering et Patria Bec, fourniront un soutien technique essentiel à la flotte de F-16. La Belgique a rejoint une coalition de douze autres pays fournissant des formations sur les F-16 en septembre. Actuellement, la Belgique détient 53 F-16 dans ses stocks.
Cependant, l’accord suscite des questions sur le calendrier de livraison. Avec une date de mise en service prévue en 2025, certains observateurs estiment que l’Ukraine aurait souhaité recevoir ces avions plus tôt, compte tenu de la situation en cours dans le pays.
Le contexte international
Il est important de replacer cette décision dans le contexte international. La Belgique a signé un contrat de plusieurs milliards de dollars avec Lockheed Martin en 2018 pour la fourniture de 34 chasseurs F-35 destinés à remplacer ses F-16 vieillissants. Cependant, les retards dans la livraison de ces avions ont déjà été constatés.
Selon Alain De Neve, chercheur au sein du think tank belge Royal Higher Institute for Defense, seules deux des quatre F-35 initialement prévus seront livrées au cours du premier trimestre de 2024. Cette situation pourrait compliquer la transition des F-16 aux F-35, d’autant plus que la Belgique doit maintenir une flotte opérationnelle d’aéronefs, notamment pour ses missions conjointes dans les pays baltes.
La Belgique participe à la surveillance de cet espace aérien dans le cadre des activités de vigilance renforcée de l’OTAN et de la patrouille aérienne dans les pays baltes. Elle a également été l’un des premiers clients internationaux des F-16, recevant ses premières livraisons il y a plus de 40 ans.
Réactions et interrogations
La nouvelle selon laquelle les avions ne seront pas livrés à l’Ukraine avant encore deux ans a déçu certains observateurs, alors que les responsables ukrainiens avaient fait pression pour que ces armements arrivent rapidement dans le pays en conflit.
Pour Alain De Neve, il est quelque peu surprenant que la Belgique soit pointée du doigt sur cette question. Il souligne que la Belgique a pris cette décision dans le cadre d’un compromis politique, conforme à la dynamique complexe de la coalition gouvernementale.
Cependant, il rappelle que la Belgique n’est pas la seule à avoir fait des promesses de livraison de F-16 à l’Ukraine. Dès janvier 2023, les Pays-Bas avaient indiqué leur volonté de livrer des F-16, sous réserve de l’approbation des États-Unis, qui a été donnée au printemps. Cela signifie qu’il s’est écoulé dix mois depuis les premières promesses de livraison, et aucun avion n’a encore été transféré aux forces ukrainiennes.
Le futur de la situation
Au cours des derniers mois, les responsables gouvernementaux ont évoqué la possibilité croissante que le conflit entre la Russie et l’Ukraine se transforme en un conflit gelé, qui pourrait durer de plusieurs années à une décennie.
La décision de la Belgique de fournir des F-16 à l’Ukraine à partir de 2025 suscite des questions et des débats tant au niveau national qu’international. Elle reflète les compromis politiques au sein de la coalition au pouvoir en Belgique et souligne les défis liés à la transition des F-16 aux F-35. L’impact de cette décision sur la situation en Ukraine et sur l’évolution du conflit en cours reste à surveiller de près, alors que la Belgique et d’autres pays s’efforcent de trouver un équilibre entre leurs engagements internationaux et leurs contraintes opérationnelles.
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