Pourquoi le Rafale ne se vend pas

Le Rafale vient encore de perdre un marché. C’est systématique, chaque fois que le Rafale est présenté sur un marché à conquérir, il perd. Dernièrement, c’est l’armée suisse qui a préféré le Gripen au Rafale. L’avion du constructeur Saab poursuit son succès commercial, déjà vendu au Royaume-Uni, République Tchèque, Thailande, Afrique du Sud, et maintenant la Suisse. Comment expliquer que systématiquement le Rafale perde le marché ? Personnellement nous avons plusieurs explications, mais la raison récurrente est qu’il n’y a pas de marché pour le Rafale.

Typiquement, un marché est défini par un produit et un prix. Et le Rafale est en inadéquation avec l’un et l’autre, sur quelque segment du marché qu’il se place. Explication par 4 facteurs. Le 1er facteur est la « gap » ou écart technologique entre le Rafale et le haut du marché représenté par le F-22 et F-35. Ces deux avions sont plus technologiques que le Rafale et tout pays intéressé par la crème de la crème ira naturellement vers l’un de ces deux avions. Lorsque le facteur déterminant est l’avancée technologique, le F-22 et F-35 sont mieux placés.

avion de chasse rafale

Mais ces avions sont chers – et le Rafale est trop cher – 2ème facteur. La majorité des pays souhaitent donc un avion performant, mais raisonnable en couts d’achats et opérationnels. Là encore, le Rafale ne tient pas la concurrence car il est nettement plus cher que le Typhoon, ou le Gripen, pour des performances similaires. Ainsi les pays ayant du budget iront pour le Typhoon ou Gripen, alors que ceux qui ont peu de budget iront pour un F-15 ou F-16.

Le troisième facteur est politique, et reflète bien la réalité de la France dans le monde. Tout d’abord, il est logique que l’Allemagne et le Royaume-Uni privilégie le Typhoon puisqu’ils ont investi massivement pour sa réalisation. Ce sont autant de pays qui n’achèteront pas le Rafale, tout comme les autres pays ayant participé au Typhoon ou ceux qui possèdent une industrie aéronautique capable. Puis la concurrence se joue sur l’influence des pays, et à ce petit jeu la France n’est plus à la hauteur face aux USA, mais aussi la Russie et bientôt la Chine. Si ceci nuit à la vente du Rafale, ce facteur est bien plus inquiétant pour l’avenir de la place de la France dans la communauté internationale.

avion de chasse rafale

Le quatrième facteur tient au fait que paradoxalement la technologie française est bonne. Ainsi les pays sans budget, qui ne pourront acheter des F-15 ou F-16, pourront se rattraper en achetant des Mirage, et autres avions de chasse et militaires français qui seront totalement efficaces pour leur usage. On retrouve notamment ce comportement en Afrique.

Au final, le Rafale est un superbe engin, technologiquement performant, mais qui reflète à la fois la personnalité française – nous sommes les meilleurs du monde donc nous vendrons l’avion facilement – et la difficulté stratégique de la France aujourd’hui. Le Rafale n’a pas de marché, où que l’on regarde. Ceci démontre également que la coopération militaire doit être européenne pour être économiquement viable, et un seul constructeur ne peut se risquer à s’engouffrer dans un projet dont l’étude de marché semble avoir été bâclée….



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