Avion de chasse et aile delta

Les avions de chasse français sont très souvent reconnaissables, comme le Mirage, pour la voilure en aile delta. Ayant réalisé un certain nombre d’avions depuis la Première Guerre mondiale, Marcel Bloch, qui adopta le patronyme de Dassault après la Seconde Guerre mondiale, dirigea les équipes d’ingénieurs qui mirent au point la plupart des avions de première ligne français depuis 1945. L’influence de ce pionnier de l’aviation française, mort en 1986, demeure encore très forte. Elle transparaît bien dans le dernier appareil entré en service au sein de l’armée de l’Air, le Mirage 2000, un chasseur multirôle à voilure en delta doté d’un radar Doppler à impulsions très moderne, d’une avionique sophistiquée et d’éléments aérodynamiques nouveaux. Si le Mirage 2000 est un avion moderne, voire révolutionnaire sous bien des aspects, il n’en présente pas moins certaines similitudes avec des machines comme les Mirage III et 5, à la voilure en delta et de configuration monoplace et monoréacteur. Les désavantages de la formule des ailes en delta (vitesse d’atterrissage élevée, longues courses de décollage et d’atterrissage, instabilité aux angles d’attaque importants) ont pu en partie être compenses par l’adoption de surfaces canard et d’un système de commandes de vol électriques. Ce retour à la voilure en delta, qui n’a été rendu possible que par le recours à de nouvelles technologies, ne doit rien à la nostalgie. Ce type d’aile présente un certain nombre d’avantages par rapport à des voilures classiques. Une aile en delta affiche une plus grande épaisseur à l’emplanture, ce qui accroît sa robustesse et augmente son volume interne disponible pour les équipements et les réservoirs de carburant. En outre, elle offre la possibilité de réduire la traînée aux vitesses supersoniques et de diminuer la charge alaire, avec pour conséquence une manoeuvrabilité accrue. Une voilure en delta est équipée d’élevons, gouvernes qui courent sur le bord de fuite et qui sont utilisées pour le contrôle en tangage quand elles sont braquées dans le même sens ou en roulis quand elles sont braquées différentiellement. Lorsqu’un avion à aile delta est en cabré, la traînée augmente et la portance diminue, ce qui rend nécessaire l’utilisation de pistes plus longues et accroît les courses de décollage et d’atterrissage. Le recours aux commandes de vol électriques offre la possibilité de faire voler des avions instables et de réduire le débattement des gouvernes pour les mêmes effets. Les commandes de vol électriques ne conviennent pas seulement aux avions à voilure en delta. Les appareils qui sont équipés d’un tel système sont naturellement instables, c’est-à-dire que leur centre de gravité est situé bien en arrière du centre de poussée. Mais, s’ils sont déséquilibrés, leur manoeuvrabilité est améliorée de manière impressionnante. Ces commandes de vol sont numériques afin d’empêcher toute perte de contrôle en cas d’erreur de pilotage. Avec le Mirage 2000, l’armée de l’Air allait disposer pour la première fois d’un chasseur doté de commandes électriques. Plusieurs utilisateurs étrangers de modèles précédents de Mirage ont modernise leurs avions en les équipant d’une avionique sophistiquée et de surfaces canard. La firme Dassault-Breguet elle-même a monté de telles surfaces sur l’un de ses avions, en l’occurrence le Mirage Milan, vers la fin des années soixante. Le Milan a certainement inspiré les Israéliens quand ils ont réalisé le Kfir, une version du Mirage 5 améliorée et dotée d’un nouveau moteur. Le Kfir, quant à lui, a poussé les Chiliens et les Suisses à faire monter des surfaces canard sur leurs Mirage. Curieusement, le Mirage 2000 comporte non des surfaces de cette sorte mais de simples moustaches montées sur les entrées d’air.

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