Acquisition imminente de 30 Mirage 2000‑9 par l’armée de l’air marocaine

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Le Maroc va recevoir 30 Mirage 2000-9 des Émirats, modernisant sa flotte aérienne face aux tensions avec l’Algérie et renforçant sa stature régionale.

L’armée de l’air marocaine poursuit sa modernisation en se rapprochant de l’acquisition d’une trentaine de Mirage 2000-9 d’occasion auprès des Émirats arabes unis. Ce transfert, en discussion depuis 2022, pourrait se concrétiser à partir de 2027, date prévue pour l’entrée en service des Rafale commandés par Abou Dabi. Cet achat stratégique, autorisé par la France en tant que pays constructeur, marque une étape importante pour le Maroc, qui cherche à améliorer rapidement ses capacités aériennes tout en s’adaptant aux exigences géopolitiques de la région.

Face à une Algérie dotée d’appareils russes avancés comme le Su-30MKA, cette opération vise à combler un déséquilibre opérationnel. Elle permettrait à Rabat de disposer d’un avion de chasse multirôle performant, parfaitement adapté aux réalités tactiques modernes. La perspective de l’intégration des Mirage 2000-9 dans la flotte marocaine pose toutefois des défis logistiques, techniques et politiques. Néanmoins, les bénéfices attendus, en termes de portée, de fiabilité et de polyvalence, sont jugés suffisamment importants pour justifier cette manœuvre. L’acquisition des Mirage 2000-9 pourrait ainsi repositionner le Maroc comme l’un des principaux acteurs aériens du continent africain.

La configuration technique du Mirage 2000-9

Le Mirage 2000-9 est une évolution avancée du Mirage 2000-5, développée spécifiquement pour les Émirats arabes unis à la fin des années 1990. Cet appareil monoréacteur est conçu pour remplir des missions de supériorité aérienne, d’interdiction et d’attaque au sol. Il est équipé du radar RDY-2, capable de détecter des cibles à une distance de plus de 100 kilomètres, avec un suivi simultané de plusieurs objectifs et des capacités air-sol avancées grâce au mode SAR.

Le Mirage 2000-9 embarque également le système de mission numérique MDPU, qui améliore considérablement la gestion de l’avionique par rapport aux versions précédentes. Le système de navigation TOTEM 3000 INS, associé à des écrans multifonctions LCD, offre une meilleure ergonomie au pilote et une fiabilité accrue en vol. Ces avions peuvent être armés de missiles air-air MICA IR et EM, ainsi que de missiles de croisière à longue portée comme le Black Shaheen, version adaptée du SCALP-EG.

En matière de propulsion, le moteur M53-P2 délivre une poussée de 95 kilonewtons en postcombustion, permettant au Mirage 2000-9 d’atteindre une vitesse de Mach 2, soit environ 2 400 km/h à haute altitude. Avec un rayon d’action de près de 1 500 kilomètres en configuration standard, et bien davantage avec réservoirs externes, cet avion répond à des exigences opérationnelles étendues.

Les Mirage en question sont en très bon état. Ils ont bénéficié d’un suivi technique rigoureux, assuré par les Émirats en collaboration avec Safran Aircraft Engines et l’entreprise GAL. Le Maroc devra toutefois intégrer ces avions dans son propre dispositif de maintenance, ce qui implique des formations spécifiques et des ajustements logistiques non négligeables.

Le déroulement du transfert entre les Émirats et le Maroc

Le contrat concerne environ 30 Mirage 2000-9, soit la moitié de la flotte émiratie. Le calendrier est lié à la livraison progressive des 80 Rafale commandés par les Émirats en 2021, pour un montant estimé à 18 milliards de dollars, soit environ 16,5 milliards d’euros. Les premières livraisons sont attendues en 2027, ce qui permettrait un transfert progressif des Mirage au Maroc.

L’exportation d’un tel matériel nécessite l’accord du pays d’origine, en l’occurrence la France. Paris aurait donné un accord de principe pour faciliter l’opération, dans un contexte de rapprochement diplomatique avec Rabat. Le soutien logistique pourrait également être assuré par des entreprises françaises, renforçant ainsi l’influence industrielle française au Maghreb.

Un autre point clé concerne le maintien en condition opérationnelle des avions transférés. Le Maroc ne dispose pas à ce jour d’une infrastructure complète dédiée au Mirage 2000-9. Il devra adapter ses moyens techniques pour permettre un soutien à long terme. Des partenariats avec des entreprises comme Safran ou GAL sont à l’étude pour assurer la formation du personnel et la fourniture des pièces détachées.

En parallèle, une formation spécifique des pilotes marocains devra être mise en place, probablement en collaboration avec l’armée de l’air émiratie ou dans des centres agréés en France. Cette phase est cruciale pour garantir une transition fluide et une utilisation optimale des nouveaux appareils dans les forces marocaines.

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Le renforcement des capacités opérationnelles marocaines

L’armée de l’air marocaine dispose actuellement d’une vingtaine de F-16C/D, de Mirage F1 modernisés et de Northrop F-5 Tiger II en fin de service. L’arrivée des Mirage 2000-9 constituerait une montée en gamme nette en matière de capacités d’engagement.

Sur le plan tactique, les Mirage 2000-9 permettraient d’assurer des missions d’interception, d’escorte, de suppression de défenses ennemies, et de frappes de précision à longue distance. Avec des missiles comme le MICA et le Black Shaheen, le Maroc pourrait frapper à plusieurs centaines de kilomètres, tout en opérant hors de portée des défenses adverses.

La complémentarité avec les F-16 est un autre avantage. Là où les F-16 offrent une plateforme polyvalente et moderne, les Mirage 2000-9 apporteraient une robustesse éprouvée, notamment en terrain désertique, et une capacité de réaction rapide. Cette combinaison permettrait une répartition des rôles plus fine au sein des escadrons marocains.

En termes de volume opérationnel, disposer de 30 nouveaux chasseurs augmente fortement le nombre d’appareils disponibles pour des missions simultanées, qu’elles soient défensives, de dissuasion ou de reconnaissance. Cette capacité quantitative est essentielle pour couvrir efficacement un territoire de plus de 700 000 km², frontalier d’un voisin disposant de plus de 50 Su-30MKA.

Les implications géopolitiques pour la région

L’arrivée des Mirage 2000-9 modifierait l’équilibre des forces dans la région. L’Algérie, dotée de Su-30 et de MiG-29 modernisés, reste bien équipée mais doit composer avec une maintenance plus complexe et une dépendance à la Russie. Le Maroc, avec cette acquisition, s’aligne sur une logique occidentale à la fois tactique, industrielle et diplomatique.

Ce transfert illustre aussi les choix stratégiques divergents entre Rabat et Alger. Le Maroc mise sur des plateformes occidentales avec un haut taux de disponibilité, compatibles avec les standards OTAN, alors que l’Algérie continue de se fournir auprès de Moscou, dans un contexte d’incertitude liée à la guerre en Ukraine.

La perception régionale de ce renforcement est à double tranchant. Du côté marocain, il s’agit d’une réponse logique à une situation sécuritaire incertaine, notamment dans la région du Sahara occidental. Du côté algérien, ce réarmement pourrait être vu comme une provocation ou une tentative d’intimidation.

À moyen terme, ce rééquilibrage pourrait encourager les deux pays à moderniser encore leurs forces respectives. Il pourrait aussi compliquer les tentatives de médiation régionales sur des dossiers sensibles, en particulier si la diplomatie européenne peine à s’imposer.

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