Ottawa confirme l’avancée du programme F-35 malgré l’examen américain des ventes

Ottawa confirme l’avancée du programme F-35 malgré l’examen américain des ventes

Le Canada maintient son calendrier pour 88 F-35 malgré l’examen américain des exportations, avec des livraisons et un budget inchangés.

En résumé

Le gouvernement canadien a réaffirmé que le programme d’acquisition des F-35A Lightning II progresse « sans ralentissement », malgré la révision en cours des exportations d’armements menée par Washington. Un responsable du ministère de la Défense a indiqué que les livraisons prévues restent conformes au calendrier initial, qui doit doter la Royal Canadian Air Force (RCAF) de 88 appareils d’ici 2034, avec les premières livraisons attendues en 2026. L’accord, estimé à 19 milliards de dollars canadiens (environ 13 milliards d’euros) pour l’achat initial, inclut le soutien logistique et l’intégration dans la chaîne mondiale du programme. Cette décision reflète la volonté d’Ottawa de moderniser sa flotte, de remplacer les CF-18 vieillissants et de s’aligner sur les standards de l’OTAN en matière de chasse de 5e génération. L’administration américaine a précisé qu’aucun changement immédiat n’affectera les contrats déjà signés avec les alliés.

Un programme confirmé malgré le contexte américain

L’annonce du responsable canadien intervient alors que les États-Unis réévaluent leurs procédures de vente d’armes à l’étranger afin de renforcer le contrôle des transferts sensibles. Cette révision suscite des interrogations chez plusieurs partenaires, mais Washington a assuré que les commandes en cours, dont celle du Canada, ne seraient pas remises en cause.
Le Canada est le dernier membre de l’OTAN à avoir rejoint officiellement le programme F-35, avec un contrat signé en janvier 2023. Ce choix a mis fin à un long débat politique sur le remplacement des CF-18, exploités depuis les années 1980. L’acquisition de 88 appareils doit permettre à la RCAF de renouveler sa flotte vieillissante et d’assurer la protection de l’espace aérien national, y compris dans le Grand Nord, tout en renforçant sa contribution aux opérations de l’Alliance.
La Defense Production Sharing Agreement entre Ottawa et Washington garantit que les industriels canadiens continueront à participer au programme mondial du F-35, tant dans la fabrication de composants que dans le soutien en service. Cela favorise la continuité du calendrier annoncé, avec un premier lot de six avions attendu en 2026 et une montée en puissance progressive jusqu’en 2034.

La place stratégique du F-35 pour le Canada

Le F-35A Lightning II est un avion de chasse multirôle de 5e génération, conçu par Lockheed Martin et déjà en service dans seize pays alliés. Pour le Canada, ce choix répond à plusieurs impératifs stratégiques :

  • Renforcer la défense aérienne du NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord), en particulier face aux menaces émergentes dans l’Arctique.
  • Garantir l’interopérabilité avec les alliés de l’OTAN, grâce à des systèmes de communication, de renseignement et d’armement standardisés.
  • Remplacer une flotte de CF-18 Hornet vieillissants, dont l’âge moyen dépasse 35 ans, ce qui entraîne une hausse continue des coûts de maintenance.
  • Disposer d’une capacité furtive adaptée aux environnements contestés et capable de mener des missions de supériorité aérienne, d’attaque au sol et de renseignement.

La sélection du F-35 traduit aussi une volonté de rationaliser les coûts de possession à long terme, car l’avion est produit en série pour un grand nombre de partenaires, ce qui abaisse le prix unitaire. Ottawa prévoit d’investir également dans les infrastructures, comme la construction de nouveaux hangars et l’adaptation des bases de Bagotville et Cold Lake pour accueillir le nouvel appareil.

Un succès commercial et technologique pour Lockheed Martin

Le programme F-35 s’est imposé comme l’avion de chasse de référence dans l’OTAN et chez plusieurs alliés hors Alliance. Plus de 1 200 appareils ont déjà été livrés dans le monde, et le carnet de commandes dépasse les 3 400 unités.
Cette position dominante repose sur des performances techniques reconnues : une furtivité radar optimisée, un capteur multifonctions AN/APG-81 à antenne active (AESA), un système de fusion de données intégré au casque du pilote, et des capacités de combat collaboratif via des liaisons de données sécurisées.
Pour les pays utilisateurs, ces qualités se traduisent par une meilleure survivabilité dans les environnements défendus et une efficacité accrue lors des opérations conjointes. Le Canada bénéficiera directement des mises à jour logicielles continues et des améliorations prévues dans le cadre du Block 4, qui doit intégrer de nouveaux armements air-air et air-sol et des améliorations du radar.
D’un point de vue industriel, les entreprises canadiennes participent déjà à la fabrication de pièces pour le F-35, ce qui soutient l’emploi local et l’expertise technique. Plus de 110 entreprises canadiennes fournissent des composants, contribuant à des retombées économiques estimées à plusieurs milliards de dollars canadiens au cours de la durée de vie du programme.

Ottawa confirme l’avancée du programme F-35 malgré l’examen américain des ventes

Le budget et les échéances de livraison

Le contrat signé par Ottawa est évalué à environ 19 milliards CAD (environ 13 milliards €) pour l’acquisition initiale et le soutien logistique. À cela s’ajouteront les coûts de maintenance et de modernisation sur toute la durée de service, estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars sur trente ans.
Les premières livraisons sont prévues pour 2026, avec six appareils. Elles augmenteront ensuite à un rythme d’environ 12 à 14 avions par an pour atteindre l’objectif de 88 appareils livrés d’ici 2034. Cette cadence est alignée sur la production globale de Lockheed Martin et sur les créneaux attribués aux autres clients internationaux.
Cette planification vise à éviter les goulets d’étranglement et à garantir que les infrastructures et la formation des équipages progressent parallèlement aux livraisons. Le Canada investit en parallèle dans la formation de ses pilotes et techniciens, avec des détachements prévus sur des bases américaines afin d’accélérer la transition.

La stratégie américaine et l’importance de l’interopérabilité

La décision d’Ottawa s’inscrit dans la stratégie plus large des États-Unis de standardiser les flottes alliées autour du F-35. Cette approche facilite la logistique, la maintenance et le partage des données tactiques entre partenaires.
Malgré l’examen des ventes d’armes lancé par Washington, le Pentagone considère le Canada comme un partenaire stratégique prioritaire. L’acquisition canadienne contribue à consolider le réseau de bases et de flottes compatibles au sein du NORAD et de l’OTAN.
En pratique, cela signifie que le Canada pourra participer aux opérations multinationales avec un niveau d’intégration technologique élevé, de la planification à l’exécution des missions. Cette cohérence réduit également les coûts de développement et de soutien, car les partenaires partagent les mises à jour logicielles et les standards de maintenance.

Les enjeux à surveiller pour la décennie à venir

Si le calendrier et le financement sont assurés à court terme, plusieurs défis devront être suivis dans les années 2026-2034 :

  • La capacité de l’industrie à maintenir la chaîne d’approvisionnement en moteurs F135 et en composants critiques.
  • La maîtrise des coûts de maintenance, qui ont parfois suscité des critiques chez d’autres opérateurs.
  • L’intégration des futures mises à jour Block 4, dont certaines dépendent du développement de logiciels complexes et de tests approfondis.
  • La préparation des infrastructures canadiennes pour opérer efficacement dans des conditions climatiques difficiles, notamment dans le Nord.

Le succès du programme canadien reposera sur la capacité à maintenir l’équilibre entre la modernisation technologique, la soutenabilité budgétaire et la disponibilité opérationnelle des flottes.

Une étape clé pour la défense canadienne

La confirmation du maintien du calendrier F-35 marque une étape importante pour la politique de défense d’Ottawa. Le pays modernise ses moyens pour faire face à un environnement géostratégique plus complexe, en particulier dans l’Arctique et dans le cadre des engagements de l’OTAN.
Le F-35 n’est pas seulement un remplaçant du CF-18 : il représente un outil d’intégration et de dissuasion au sein d’un réseau allié qui privilégie la supériorité aérienne collaborative. Pour le Canada, c’est également un investissement industriel et technologique, qui soutient des emplois qualifiés et une chaîne de valeur nationale.
La prochaine décennie sera décisive pour transformer ces appareils en une capacité pleinement opérationnelle, capable de contribuer efficacement à la défense du continent nord-américain et aux missions alliées à l’étranger.

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