Trump refuse les missiles longue portée à l’Ukraine

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Donald Trump rejette l’idée d’armer Kyiv avec des missiles longue portée, limitant les capacités de frappe ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe.

Le président américain Donald Trump a confirmé qu’il ne fournirait pas de missiles longue portée à l’Ukraine, malgré les appels croissants de Kyiv et de certains alliés. L’annonce intervient alors que les autorités ukrainiennes affirment vouloir intensifier les frappes en territoire russe, notamment avec des drones ou des missiles nationaux comme le Hrim-2. Les munitions américaines évoquées – JASSM, PrSM et Tomahawk – restent donc exclues, au moins pour l’instant. En revanche, Trump autoriserait potentiellement une utilisation étendue des ATACMS, des missiles balistiques de portée intermédiaire, déjà livrés à Kyiv. Par ailleurs, une nouvelle aide militaire à grande échelle est annoncée via l’OTAN, incluant des batteries Patriot financées par des pays européens. Sur le terrain, les combats se poursuivent sans avancées décisives. En toile de fond, la Russie est accusée d’avoir intensifié l’usage d’armes chimiques. L’Ukraine, de son côté, mise sur la technologie, les drones d’interception et la production nationale pour répondre à la pression croissante.

Une fin de non-recevoir américaine pour les missiles longue portée

Le 15 juillet 2025, Donald Trump a tranché : les États-Unis ne fourniront pas à l’Ukraine de missiles longue portée comme les AGM-158 JASSM, les PrSM ou les Tomahawk. Ces munitions auraient pourtant permis à Kyiv d’atteindre Moscou ou d’autres centres militaires profonds situés à plus de 1 000 kilomètres de la frontière. Le refus du président américain repose sur une volonté affichée de limiter l’escalade directe avec la Russie, mais soulève des critiques sur le plan militaire.

Le missile JASSM (Joint Air-to-Surface Standoff Missile) peut frapper à plus de 370 kilomètres, et serait compatible avec les F-16 livrés à l’Ukraine. Quant au Tomahawk, sa portée dépasse 1 600 kilomètres, mais son déploiement nécessiterait l’installation de plateformes Typhon au sol – un effort logistique et politique majeur. L’absence de ces armes prive l’Ukraine de capacités de frappe stratégique en profondeur contre des objectifs russes à forte valeur ajoutée.

L’option intermédiaire reste l’usage élargi des ATACMS (MGM-140), dont certaines variantes atteignent jusqu’à 300 kilomètres. Trump aurait consenti à permettre leur emploi complet contre des cibles logistiques et aériennes situées plus loin qu’actuellement. Cela étendrait la zone de frappe ukrainienne au-delà des régions frontalières comme Koursk et Belgorod, tout en gardant Moscou hors de portée. Mais ces missiles restent bien en-deçà des besoins exprimés par l’état-major ukrainien.

Sur le plan diplomatique, Trump a appelé le président Zelensky à ne pas cibler Moscou, soulignant que ses efforts visent à “mettre fin aux tueries”. Il se positionne comme un médiateur potentiel, tout en conditionnant les sanctions futures contre la Russie à une cessation rapide des offensives.

Un soutien militaire occidental en réorganisation

En parallèle au refus des missiles longue portée, Trump et le secrétaire général de l’OTAN ont confirmé une livraison accélérée de batteries Patriot pour renforcer la défense aérienne de Kyiv. Plusieurs pays européens contribueront financièrement à ces livraisons, qui proviendront des stocks existants, en attendant leur remplacement par les États-Unis.

Cette aide s’inscrit dans un nouveau plan de 10 milliards d’euros d’équipements militaires vendus aux alliés de l’OTAN, incluant des munitions, des missiles et des systèmes de défense. Elle traduit une volonté d’alléger le fardeau financier américain direct tout en consolidant l’axe transatlantique face à la Russie.

Kyiv reçoit également un volume accru de drones d’interception pour contrer les attaques massives de drones russes. Selon l’Agence d’approvisionnement ukrainienne, des dizaines de milliers d’unités sont désormais commandées et en production. Cette technologie s’avère indispensable face aux 1 800 drones lancés par Moscou sur une seule semaine début juillet.

La défense active se renforce aussi avec l’intégration du Skynex, un système d’artillerie antiaérienne de 35 mm livré par Rheinmetall. Ce système a démontré sa capacité à abattre plusieurs Shahed en vol, grâce à des obus AHEAD guidés par radar. Ce type de défense est désormais privilégié face à l’inefficacité relative de la guerre électronique contre les drones kamikazes à bas coût.

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Une intensification des frappes et contre-frappes entre États

Malgré la retenue américaine, Kyiv continue de développer ses propres capacités. Le missile Hrim-2, d’origine ukrainienne, est sur le point d’être opérationnel. Sa portée annoncée – environ 500 kilomètres – permettrait de viser des infrastructures militaires russes éloignées, sans dépendre d’armes étrangères.

Les drones longue portée ukrainiens ont d’ores et déjà visé des cibles stratégiques, comme l’usine Energia à Yelets, soupçonnée de produire des batteries pour missiles Iskander. La frappe a causé un incendie et perturbé la chaîne logistique russe. Un autre raid a touché Voronej, blessant 22 personnes, dont un adolescent, selon les autorités locales.

La Russie réplique en continuant ses frappes sur Sumy, Donetsk et Kherson, sans toutefois réaliser de percées majeures. À ce jour, Moscou maintient 700 000 soldats mobilisés contre l’Ukraine, selon les services de renseignement ukrainiens, dont 110 000 autour de Pokrovsk, dans le Donbass.

La riposte ukrainienne s’appuie également sur les frappes ciblées de GBU-39/B, larguées depuis des MiG-29 modernisés. Ces bombes guidées ont été utilisées avec efficacité contre des centres de contrôle de drones russes, comme en Zaporizhzhia.

Un usage croissant d’armes non conventionnelles par la Russie

L’évolution récente du conflit est marquée par l’intensification de l’usage d’armes chimiques par les forces russes. Selon les services de renseignement allemands et néerlandais, plus de 9 000 incidents ont été recensés depuis le début de l’invasion, notamment avec des substances incapacitantes utilisées sur le champ de bataille.

Ces actions violent directement la Convention sur les armes chimiques de 1993, ratifiée par Moscou. Elles suscitent une inquiétude croissante au sein de l’Union européenne, notamment à Bruxelles, où la diplomate estonienne Kaja Kallas a évoqué un usage “systémique” visant à démoraliser et contraindre la population ukrainienne.

De telles pratiques rendent de plus en plus légitime l’idée de mesures de rétorsion ciblées, notamment par cyberattaques ou sabotages contre les infrastructures russes responsables, voire – dans l’hypothèse extrême – des frappes contre Kaliningrad, d’où proviennent des opérations de brouillage GPS ayant déjà perturbé l’aviation civile en Europe du Nord.

Un tournant militaire et politique à Kyiv

Face à la complexité croissante du conflit, Volodymyr Zelensky a engagé une restructuration de son gouvernement, remplaçant le Premier ministre Denys Shmyhal, le ministre de la Défense Rustem Umerov et l’ambassadrice aux États-Unis.

Shmyhal devient ministre de la Défense, tandis que Yulia Svyrydenko est proposée au poste de Première ministre. L’objectif est triple : accélérer la production d’armement national, améliorer la coordination stratégique avec les États-Unis, et rationaliser la chaîne de commandement militaire.

En parallèle, l’incubateur technologique Brave1 continue de soutenir le développement de capteurs comme la caméra thermique Oko, désormais intégrée à plus de 50 systèmes aériens, terrestres et navals ukrainiens. Cette technologie permet d’opérer dans des conditions de visibilité réduite, un avantage tactique indispensable.

Le conflit en Ukraine évolue désormais dans une logique de guerre industrielle, où la technologie, la chaîne logistique et les alliances internationales dictent les lignes d’équilibre. La décision américaine de restreindre l’accès à certaines armes stratégiques souligne que les marges d’escalade sont calculées, mais encore ouvertes.

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