Analyse de la corruption en Chine et en Russie, son impact sur l’économie et les efforts pour y faire face. Explications détaillées des conséquences historiques.
La corruption en Chine et en Russie a des racines profondes, influençant leur développement économique et politique depuis des siècles. Alors que les deux pays ont parfois réussi à tirer parti de la corruption pour stimuler leur économie, ils continuent à souffrir de ses effets dévastateurs. Dans un contexte où l’Europe et les États-Unis ont mieux réussi à limiter ce fléau, la Russie et la Chine peinent à contrôler cette pratique malgré les discours officiels. L’histoire complexe de ces deux nations, marquée par des guerres, des révolutions et des expansions territoriales, a façonné leur approche de la corruption. Aujourd’hui, la Chine et la Russie tentent de gérer les conséquences de leur passé tout en s’efforçant d’améliorer leur gouvernance.
Les racines historiques de la corruption en Russie et en Chine
La corruption en Russie et en Chine trouve ses origines dans des siècles de monarchies et de gouvernements autoritaires qui ont souvent utilisé des pratiques corrompues pour renforcer leur contrôle. En Russie, cette tendance remonte à la création de l’État russe par le prince Rurik en 862 à Novgorod. L’expansion territoriale de la Russie, interrompue par les invasions mongoles au XIIIe siècle, a finalement atteint son apogée au XVIIIe siècle avec la colonisation de la Sibérie et l’extension jusqu’au Pacifique. Durant cette période, les fonctionnaires corrompus jouaient un rôle clé en extorquant des richesses aux nouveaux entrepreneurs, freinant ainsi le développement économique.
En Chine, l’empire a vu des périodes de centralisation et de division politique, où les dynasties ont régulièrement lutté contre la corruption sans succès durable. Le rôle de la corruption dans la culture politique chinoise est perçu de manière ambivalente, parfois comme un outil permettant d’accélérer les affaires, notamment dans les périodes où le pouvoir central perdait son influence. Cela a freiné les réformes économiques et renforcé une culture de la connivence.
La corruption a permis à certains de s’enrichir rapidement, mais elle a aussi entravé le développement des infrastructures et le bon fonctionnement des institutions publiques. À titre d’exemple, la Mongolie intérieure et la Mandchourie, deux régions chinoises traditionnellement riches en ressources naturelles, ont été victimes d’une corruption endémique au XXe siècle, freinant leur potentiel de développement industriel.
Corruption et impact économique moderne
Au XXIe siècle, la corruption en Russie et en Chine continue de jouer un rôle déterminant dans le ralentissement de la croissance économique. En Russie, après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’ouverture économique a donné lieu à une nouvelle vague de corruption massive. L’ère post-soviétique a été marquée par la montée des oligarques, des hommes d’affaires qui ont souvent utilisé la corruption pour accéder aux ressources publiques et dominer des secteurs clés de l’économie, comme le pétrole et le gaz. Cette corruption a conduit à des pertes économiques massives et à la fuite de capitaux, avec environ 40 milliards d’euros quittant la Russie chaque année au début des années 2000 en raison de l’instabilité économique et des pratiques frauduleuses.
En Chine, bien que le pays ait connu une croissance spectaculaire depuis les réformes économiques des années 1980, la corruption reste un problème systémique. Le Parti communiste chinois a souvent reconnu la corruption comme un problème majeur et lancé plusieurs campagnes anticorruption. Entre 2013 et 2020, plus de 1,5 million de fonctionnaires ont été punis pour des faits de corruption. Cependant, ces efforts sont souvent critiqués pour leur manque de transparence et leur utilisation comme un moyen de purger des opposants politiques plutôt que de réformer profondément le système.
La corruption a un coût énorme pour l’économie chinoise. En 2021, la corruption était responsable de près de 1,5 % du PIB chinois, soit environ 200 milliards d’euros, en raison des inefficacités et des investissements improductifs générés par ces pratiques. Ce phénomène freine l’innovation et la compétitivité des entreprises chinoises, notamment dans des secteurs technologiques clés comme les télécommunications et les énergies renouvelables, où des contrats sont souvent attribués sur la base de relations politiques plutôt que de la performance.
La différence avec l’Europe et les États-Unis
L’Europe et les États-Unis ont historiquement été plus efficaces pour réduire la corruption, en grande partie grâce à des institutions démocratiques solides et à la transparence dans les affaires publiques. Les pays d’Europe occidentale ont mis en place des systèmes de surveillance et de régulation rigoureux à partir de la Renaissance et de la Révolution industrielle, ce qui a permis de réduire les pratiques corrompues et de favoriser la croissance économique.
Dans les États-Unis, la lutte contre la corruption a pris de l’ampleur avec des réformes politiques à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, mettant fin à des pratiques courantes de patronage politique et d’abus de pouvoir. Aujourd’hui, la corruption représente environ 0,5 % du PIB des États-Unis, soit un impact économique bien plus faible qu’en Russie ou en Chine. Des mécanismes comme la Loi sur les pratiques de corruption à l’étranger (Foreign Corrupt Practices Act, FCPA) adoptée en 1977 permettent de poursuivre les entreprises américaines ou étrangères accusées de corruption, à l’échelle internationale.
Cette différence dans la gestion de la corruption se traduit par une meilleure capacité des entreprises américaines et européennes à innover et à croître. Le fait que les marchés soient plus transparents et compétitifs permet d’attirer des investissements étrangers. En 2022, les États-Unis et l’Europe représentaient à eux seuls plus de 60 % du PIB mondial, alors que la Russie et la Chine, malgré leur taille, peinent à maintenir une croissance durable en raison de la persistance de la corruption.
Les conséquences géopolitiques de la corruption en Russie et en Chine
Au-delà de l’impact économique, la corruption en Russie et en Chine a également des conséquences géopolitiques. La corruption systémique dans les institutions russes a contribué à des décisions politiques coûteuses, telles que les guerres en Tchétchénie, en Géorgie et plus récemment en Ukraine. Ces conflits, en plus de provoquer des pertes humaines et matérielles, ont entraîné des sanctions économiques de la part des pays occidentaux, ce qui a exacerbé la stagnation économique de la Russie.
En Chine, la corruption fragilise le projet d’expansion internationale du pays, notamment à travers l’Initiative de la Ceinture et de la Route (Belt and Road Initiative). De nombreux projets d’infrastructure financés par la Chine en Afrique et en Asie sont critiqués pour leur manque de transparence et les soupçons de corruption. Ces accusations nuisent à la réputation de la Chine sur la scène internationale et entravent ses ambitions économiques globales.
L’incapacité des deux pays à réformer efficacement leurs institutions corrompues les empêche d’atteindre une véritable stabilité politique et économique. En comparaison, les démocraties occidentales, malgré leurs propres défis, parviennent à maintenir un équilibre entre croissance économique et gouvernance transparente, ce qui les place en position de leadership mondial.
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