Un nouvel avion d’entraînement embarqué en développement en Chine

Un nouvel avion d’entraînement embarqué en développement en Chine

La Chine prépare un jet biplace d’entraînement embarqué à double réacteur, inspiré du T-7A, pour renforcer l’aviation navale du PLAN.

Un projet destiné à l’entraînement naval

La Chine poursuit le renforcement de son aviation embarquée avec le développement d’un nouvel avion d’entraînement à réaction destiné aux porte-avions. Un prototype récemment aperçu dans les installations du constructeur Hongdu Aviation Industry Group à Nanchang semble confirmer l’existence d’un programme avancé. L’appareil, dont les premières images circulent depuis début août 2025, s’inspire en partie du T‑7A Red Hawk américain, tout en intégrant des modifications structurelles adaptées aux exigences de l’aviation embarquée.

Ce futur appareil vise à combler un vide important dans les capacités actuelles de la marine chinoise. Les avions d’entraînement utilisés jusqu’ici, comme le JL‑9 ou le L‑15, ne disposent pas des caractéristiques requises pour des opérations régulières à partir d’un pont d’envol. Ce nouveau projet traduit donc une volonté claire de Pékin de se doter d’un appareil dédié à la formation des pilotes de chasse navals, compatibles avec les contraintes spécifiques des porte-avions.

Une architecture dérivée mais adaptée au contexte naval

Les photos disponibles et le brevet CN 307977940 S déposé en 2023 révèlent plusieurs points techniques essentiels. Le jet, officiellement enregistré comme un « avion à double dérive et entrées d’air latérales », affiche une silhouette proche du T-7A de Boeing. Toutefois, les détails structurels trahissent une orientation spécifiquement navale :

  • Double moteur logé dans deux nacelles distinctes,
  • Train avant à double roue,
  • Crochets d’appontage intégrés,
  • Train d’atterrissage renforcé,
  • Plans verticaux inclinés (twin canted stabilizers).

Ces éléments permettent d’identifier une conception pensée pour les catapultages, les atterrissages freinés par brin d’arrêt, et les cycles intenses sur un pont d’envol en mer.

L’aéronef est également équipé d’un cockpit tandem à deux sièges, avec une verrière profilée typique des appareils d’entraînement avancés. L’ensemble laisse penser à une structure optimisée pour les manœuvres répétées, les changements d’altitude rapides, et les sollicitations mécaniques importantes en environnement marin.

Un nouvel avion d’entraînement embarqué en développement en Chine

Une stratégie d’indépendance technologique et opérationnelle

Le développement de cet appareil par Hongdu s’inscrit dans une stratégie plus large du PLAN (People’s Liberation Army Navy) : renforcer son autonomie dans la formation des pilotes embarqués. Actuellement, la formation des pilotes destinés aux porte-avions repose sur des appareils comme le JL‑9, qui nécessitent des adaptations et ne peuvent pas opérer pleinement depuis un navire.

Le futur jet pourrait permettre d’instruire les pilotes dans des conditions proches du combat réel, directement depuis le pont des porte-avions de type Liaoning, Shandong ou Fujian. Cela éviterait un décalage opérationnel entre la formation au sol et l’emploi réel en mer. Ce gain d’efficacité dans la préparation des pilotes serait déterminant pour accompagner la montée en puissance de la marine chinoise dans la région Asie-Pacifique.

Il s’agit aussi pour Pékin de réduire sa dépendance aux modèles étrangers. Même si la ressemblance avec le T‑7A est notable, la Chine développe ici une solution intérieure répondant à ses besoins spécifiques, en intégrant des critères de fiabilité, de redondance et de sécurité propres au contexte maritime.

Un double moteur pour la sécurité et l’endurance

L’une des différences fondamentales entre ce prototype chinois et son équivalent américain tient au choix d’une motorisation double. Le T‑7A Red Hawk repose sur un seul réacteur GE F404, suffisant pour l’entraînement terrestre. À l’inverse, le futur jet de Hongdu repose sur deux moteurs, probablement de type WS-13 ou une variante adaptée.

Ce choix technologique répond à deux logiques :

  • La redondance en cas de panne moteur, essentielle lors des vols au-dessus de la mer,
  • Une poussée accrue pour assurer des catapultages et des phases d’atterrissage plus sécurisées.

Le double moteur augmente le poids total, mais il garantit une marge de sécurité élevée, jugée indispensable dans le cadre de la formation embarquée. Cela permet aussi à l’appareil d’envisager des usages secondaires, comme l’attaque légère ou les missions d’entraînement tactique avancé, au-delà de la simple instruction de base.

Une réponse à la modernisation des porte-avions chinois

Le timing du développement de cet avion n’est pas anodin. La Chine a récemment mis à l’eau le Fujian, son porte-avions le plus avancé, équipé de catapultes électromagnétiques de type EMALS. Ces catapultes permettent de lancer des avions plus lourds avec davantage de précision et moins de stress mécanique qu’avec les rampes ski-jump utilisées jusque-là.

Or, l’arrivée de ces nouvelles plateformes nécessite des aéronefs compatibles. Le jet de Hongdu pourrait ainsi servir de banc d’essai volant pour de nouvelles procédures embarquées. Il constituerait aussi un tremplin vers la qualification des pilotes destinés aux J‑15, J‑35 et futurs chasseurs embarqués de cinquième génération.

Des implications export limitées mais non négligeables

Même si la vocation principale de cet avion est de répondre aux besoins internes du PLAN, il pourrait intéresser des pays clients de porte-avions légers ou en cours d’acquisition d’appareils d’origine chinoise. L’Algérie, le Pakistan ou encore des États d’Amérique du Sud, pourraient voir dans cet avion une alternative abordable à des modèles occidentaux coûteux et sous restrictions d’exportation.

Le futur appareil d’entraînement embarqué made in China pourrait ainsi renforcer l’attractivité des systèmes navals chinois, en complétant une offre cohérente allant du porte-avions aux chasseurs en passant par les drones embarqués et les systèmes C2.

Une étape technique à suivre pour évaluer sa maturité

Reste à confirmer la maturité industrielle du programme. Le prototype présenté n’en est probablement qu’au stade des essais statiques ou roulages à basse vitesse. Les essais en vol devraient intervenir en 2026, avec des validations embarquées possibles à l’horizon 2027‑2028 si les performances sont jugées conformes.

Les défis techniques restent nombreux : fiabilité des trains d’atterrissage, résistance des structures aux cycles pont-décollage, compatibilité avec les catapultes électromagnétiques, performances aérodynamiques à basse vitesse… autant de critères cruciaux à valider avant d’envisager une entrée en service active.

Ce projet constitue néanmoins un indicateur clair de la volonté chinoise de combler ses lacunes dans l’aviation embarquée de formation. Il montre une approche structurée du développement militaire, centrée sur des briques technologiques complémentaires et cohérentes.

Une consolidation de la puissance navale chinoise

En développant un avion d’entraînement embarqué à double réacteur, la Chine renforce une capacité jusque-là absente dans son arsenal naval. Ce programme témoigne d’une vision de long terme : former plus efficacement les futurs pilotes embarqués, adapter les équipements aux nouvelles générations de porte-avions, et construire une aviation navale plus robuste et autonome.

L’intégration de cet appareil dans les forces du PLAN marquerait une étape clé dans la structuration d’un groupe aéronaval capable de manœuvrer loin des côtes et de soutenir des opérations prolongées. Ce n’est pas seulement un nouvel avion, mais une pièce manquante d’un puzzle stratégique plus large.

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