Découvrez comment l’Armée de l’Air et de l’Espace française a renforcé la stratégie spatiale mondiale lors de l’exercice Schriever Wargame 2025 aux États‑Unis.
L’exercice spatial Schriever Wargame 2025, concept et enjeux
L’exercice spatial Schriever Wargame 2025 constitue un wargame prospectif organisé par l’United States Space Force. Il s’agit d’un exercice de simulation stratégique, testant des stratégies et des politiques dans un scénario fictif situé dix ans dans l’avenir, en vue de se préparer aux conflits spatiaux à venir. L’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) française a pris part à cet exercice dans le cadre de la participation française à l’exercice spatial aux États‑Unis. L’objectif : assurer l’entraînement international aux opérations spatiales, notamment à travers la définition de règles d’engagement, l’évaluation des politiques et l’exploration technologique.
L’historique de cette simulation stratégique spatiale
Le premier Schriever Wargame date de 1998, initié par le United States Air Force Space Command, puis repris par l’United States Space Force. Depuis lors, il se tient de façon biennale environ et immerge les participants dans des scénarios plus d’une décennie dans le futur pour anticiper les conflits de demain. Des éditions antérieures en 2010 ou 2019 ont traité de menaces issues de concurrents de haut niveau dans le cadre de conflits multi‑domaines.
La participation française et les partenaires
Du 10 au 21 août 2025, le Schriever Wargame 2025 s’est déroulé à la Maxwell Air Force Base en Alabama, organisé par le Space Training and Readiness Command (STARCOM) et le Space Delta 10. Il a réuni plus de 350 participants issus du département de la Défense des États‑Unis, du secteur industriel, du monde universitaire et de neuf nations partenaires : Australie, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Nouvelle‑Zélande, Norvège (observatrice cette année) et Royaume‑Uni. La délégation française comprenait des représentants du Commandement de l’Espace (CDE), de la DGRIS, du CNES et de partenaires industriels.
Les objectifs de l’exercice
L’exercice visait à :
- Tester stratégies et politiques dans des scénarios de conflit spatial et préparer la préparation aux conflits spatiaux futurs.
- Explorer les technologies émergentes (cinq “notional technologies”) pour renforcer l’interopérabilité alliée, la défense spatiale et la sécurité et la collaboration internationale dans l’espace.
- Guider la conception des forces futures : orienter les acquisitions, le design des systèmes spatiaux, et les priorités d’effort.
- Renforcer l’interopérabilité et la confiance mutuelle entre alliés face à une menace croissante dans le domaine spatial.
Les moyens déployés
L’exercice s’est structuré en plusieurs phases :
- Une phase de planification multilatérale en 2024, comprenant une conférence intermédiaire (Mid‑Planning Conference) et un atelier de planification opérationnelle (OPWS) à El Segundo, Californie, organisé par la Aerospace Corporation. Les participants ont préparé les scénarios, affiné les ordres d’exécution, les règles d’engagement et les schémas d’action.
- Le jeu de simulation final sur table : un wargame de plateau, centré sur un conflit hypothétique dans la zone INDOPACOM, mobilisant des cellules “forces amies”, “adversaire” et “autres agences”.
- L’intégration des cinq technologies conceptuelles hypothétiques, axées sur la conscience du domaine spatial (space domain awareness), les communications et le partage rapide d’information.
- L’ajout d’un « special access cell » pour diffuser des informations sensibles (programmes classifiés) entre alliés, dans un cadre restreint, favorisant le partage de données critiques tout en respectant les niveaux de classification.
Les enseignements tirés
Plusieurs enseignements clés ont émergé :
- Confiance renforcée entre alliés
Les représentants australien, britannique, canadien ont souligné l’importance de travailler côte à côte pour aligner politiques et capacités, bâtir la confiance et clarifier les processus communs. - Adaptation continue dans un environnement dynamique
Comme l’a observé le représentant canadien, le domaine spatial évolue à chaque exercice, avec de nouvelles technologies et acteurs commerciaux, imposant une adaptation permanente. - Conception orientée vers l’interopérabilité
Les technologies futuristes imaginées servent à formuler ce que chaque nation souhaiterait disposer demain, orientant les choix d’acquisition et de conception de forces. - Vers un objectif partagé de gouvernance
Pour la première fois, l’édition 2025 est encore conçue de manière unilatérale par les États‑Unis pour ce qui est des objectifs du jeu. À partir de 2027, les partenaires fixeront ensemble les objectifs du wargame, marquant une transition vers une gouvernance plus coopérative. - Cadre d’échanges sensibles
Le special access cell a montré qu’il est possible de partager des informations classifiées entre alliés, ouvrant la voie à une meilleure coordination sur les systèmes sensibles.
Ce que cela permet d’envisager pour le futur et les coopérations internationales
L’exercice Schriever Wargame 2025 jette les bases d’une coopération spatiale entre alliés plus intégrée :
- Il favorise la projection militaire dans l’espace en mobilisant des scénarios avancés et des technologies émergentes.
- Il soutient la stratégie spatiale militaire française, en lui offrant un retour d’expérience riche avec les alliés.
- Il impulse la simulation d’opérations spatiales comme outil de formation, de doctrine et de décision.
- Il confirme que la défense spatiale et la sécurité futures reposent sur une coopération stratégique dans le domaine spatial.
- Il anticipe une gouvernance plus alliée, moins centrée sur les États-Unis, dès le prochain Schriever Wargame de 2027.
- Il contribue à structurer une architecture de partage de données sensibles, essentielle pour une sécurité commune.
À travers l’exercice spatial Schriever Wargame 2025, l’Armée de l’Air et de l’Espace française a ainsi consolidé sa participation à l’exercice spatial, affirmé la cooperation spatiale entre alliés et enrichi l’entraînement international aux opérations spatiales. L’expérience a permis de tester des stratégies, d’explorer des technologies futures et de renforcer les mécanismes de coopération multinationale. Ce type d’exercice prépare résolument la préparation aux conflits spatiaux futurs et esquisse une collaboration internationale dans l’espace plus structurée, fondée sur la confiance, la vision commune et l’élaboration collective d’objectifs. Des chemins prometteurs vers un avenir spatiale partagé se dessinent, nourris par des exercices sincères, rigoureux et tournés vers l’avenir.
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