
Analyse précise du Salon du Bourget 2025 et ses avancées en avions de chasse, transport, ravitaillement et innovations militaires.
Du 16 au 22 juin 2025, le Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget a consacré une large part de ses présentations aux capacités actuelles et futures de l’aviation militaire. Dans une ambiance résolument tournée vers les usages opérationnels, les industriels et les armées ont mis en avant une gamme complète de systèmes aériens de combat, allant des avions de chasse multirôles aux plateformes de transport lourd, en passant par les ravitailleurs et les appareils d’entraînement de nouvelle génération.
Parmi les appareils les plus observés, le Dassault Rafale a occupé une place centrale. Le constructeur français a dévoilé les caractéristiques du futur standard F5, qui marquera une évolution significative du programme. Ce nouveau standard inclura, entre autres, la capacité d’opérer en réseau avec un drone de combat autonome, élargissant considérablement les possibilités tactiques en environnement contesté.
Les démonstrations en vol ont mis l’accent sur la fusion de données, la mobilité en haute manœuvrabilité, et la robustesse des liaisons de communication. Les innovations présentées visent à assurer une couverture intégrale du spectre aérien, depuis les très basses altitudes jusqu’aux couches exo-atmosphériques, avec des capteurs capables de suivre simultanément plusieurs cibles, y compris furtives ou de très petite taille.
Parmi les évolutions techniques, on note l’adoption de réservoirs conformes améliorant la portée du Rafale de 20 %, et l’intégration du nouveau radar AESA RBE2-XG, reposant sur la technologie GaN (nitrure de gallium), conçue pour identifier des menaces à faible signature, comme les drones de petite taille. Ce système, en phase de validation, pourrait constituer une avancée majeure en matière de supériorité informationnelle et de résilience face aux brouillages et leurres.
Le Rafale F5 et ses drones tactiques
Le Dassault Rafale a été l’un des fleurons de cet événement. La version F5, encore à l’état de prototype, s’est distinguée par la présentation d’un duo innovant : un chasseur biplace Rafale B équipé d’un radar RBE2‑XG (GaN AESA) et d’une capacité à piloter un drone de combat furtif embarqué, démontrant les aspirations de innovation militaire en matière de combat collaboratif. Le radar RBE2‑XG accroît la portée de détection et la puissance de traitement ; il permet une surveillance simultanée de nombreuses cibles, y compris furtives ou très petites, à faible altitude .
Le concept principal repose sur une synergie homme-machine : le pilote du Rafale commande le drone, étend son périmètre de détection et d’intervention, notamment en zones défendues ou saturées. Le drone contribue aux missions de guerre électronique, reconnaissance tactique ou pénétration en profondeur. Le ministère des Armées ambitionne une entrée en service vers 2030, avec une commande initiale de 45 avions (dont 12 pour la Marine).
Au sol, dans le hall du constructeur, une maquette à l’échelle 1 du drone de combat a illustré les dimensions – environ 15 m d’envergure, 10 m de longueur, 2,5 m de hauteur, pesant 10 t à vide. Le standard F5 inclura la capacité à lancer un missile nucléaire hypersonique ASN4G, ainsi que des améliorations spectrales via Spectra, une interface de guerre électronique plus dense.
Capacité de projection et ravitaillements
Le stand du ministère des Armées a également mis en avant l’aviation de soutien. La présence de l’E‑3F AWACS, du Mirage 2000D, du PC‑21 et de l’A400M a confirmé l’orientation vers un dispositif complet de supériorité aérienne. Les exercices de lutte anti‑drone (XLAD25) ont révélé l’importance de couvrir l’espace aérien de manière multicouche : intercepteurs, hélicoptères, drones et systèmes sol‑air (Mamba, Crotale NG).
Ces plateformes permettent une projection autonome sur longue distance. L’A400M, par exemple, peut transporter jusqu’à 37 t de fret sur plus de 8 000 km, un atout crucial pour les opérations extérieures. Le ravitaillement en vol, démontré avec le Rafale et l’A330 MRTT, a souligné la continuité opérationnelle qu’offrent ces systèmes.

Démonstrations tactiques et volabilité du Rafale
En vol, le Rafale C, piloté par le capitaine « Mimous » (Jean‑Brice Millet), a réalisé des démonstrations techniques précises : accélération, virage serré, évolutions à basse vitesse. Cette démo visait à illustrer son omnirôle : chasse air‑air, frappe air‑sol, reconnaissance, ravitaillement et dissuasion nucléaire – la plateforme pouvant emporter et carburant 1,5 fois son poids à vide.
La démonstration en vol a mis en évidence la fusion de données multicapteurs (radar, OSF, Spectra), permettant la détection, le suivi et l’engagement simultané de cibles multiples, un avantage stratégique notable. L’OSF, quant à lui, permet d’identifier une cible à plus de 50 km grâce à sa capacité infrarouge.
Tendances globales et enjeux industriels
Au-delà du Rafale, le salon a amplifié la tendance vers une aviation interconnectée : SCAF/NGWS, future architecture européenne, vise une intégration complète entre chasseurs, drones, systèmes de ravitaillement et satellites. Le démonstrateur du SCAF, dont le premier vol est prévu en 2029 et la mise en service vers 2035, illustre une ambition collective franco‑allemande‑espagnole.
Les industriels y ont présenté des maquettes du démonstrateur, ainsi que des solutions évolutives : blindages radar, capacités de guerre électronique et liaison Ku haut débit. Le secteur se prépare à affronter les menaces hypersoniques, les micro‑drones, et à assurer la sécurité des espaces aériens et spatiaux.
Le Salon du Bourget 2025 a confirmé la trajectoire technologique de l’aviation militaire : multi‑rôle, interconnectée, collaborative. Le Dassault Rafale, notamment au standard F5, incarne cette mutation avec son drone embarqué, son radar AESA de dernière génération, et ses capacités offensives et défensives améliorées. L’accent sur la protection 3D de l’espace aérien, la lutte anti‑drone, ainsi que la projection et le ravitaillement tactique soulignent une stratégie globale.
Du point de vue industriel, le SCAF montre que l’Europe investit dans une souveraineté technologique structurée. Pour les spécialistes, le défi consiste désormais à maîtriser l’intégration de systèmes complexes : liaisons de données, guerre électronique, drones autonomes, menaces micro-abordables. Le Bourget 2025 a donc été un tournant technique, opérationnel et stratégique pour le secteur de l’aviation militaire.
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