Face à la poussée protectionniste de Donald Trump, l’Espagne annule son achat, la Suisse réévalue malgré la taxe de 39 %, l’Inde suspend ses acquisitions.
L’impact immédiat de la poussée protectionniste américaine
La poussée protectionniste impulsée par Donald Trump a introduit des tarifs douaniers agressifs sur plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis. Ces mesures ont déclenché une série de réactions politiques et militaires, notamment autour des commandes de F‑35. Aux yeux des alliés, ces mesures traduisent une remise en cause de la fiabilité stratégique américaine, avec des répercussions sur les commandes de F‑35. L’Espagne, la Suisse et l’Inde en sont les exemples les plus marquants.
L’Espagne met fin à son projet : l’annulation de la commande de F-35 par l’Espagne
L’Espagne a annulé son acquisition prévue de F‑35. Elle se tourne désormais vers des solutions régionales : les jets Eurofighter Typhoon tout d’abord, puis le Future Combat Air System (FCAS) franco‑allemand. Cette décision traduit son engagement en faveur de l’acquisition d’avions de chasse européens pour renforcer son autonomie industrielle et stratégique.
Le gouvernement espagnol a annoncé que 87 % de l’augmentation de son budget de défense — soit une part majeure des 12 milliards de dollars supplémentaires — sera consacrée à l’industrie européenne. Ce désengagement marque une rupture nette vis‑à‑vis de l’influence des tarifs douaniers sur les ventes de F‑35 et souligne la quête d’une concurrence des avions de chasse européens face au F‑35.
La Suisse entre conscience économique et choix stratégique : la réévaluation de l’achat de F-35 par la Suisse
En Suisse, l’imposition d’une taxe de 39 % sur les F‑35 a déclenché une réévaluation de l’achat de F‑35 par la Suisse. Le contrat initial, signé en 2021, prévoit l’acquisition de 36 appareils pour environ 6 milliards de francs suisses (≈ 7,38 milliards de dollars).
Une résolution discutée au Parlement propose d’abandonner ce programme et de privilégier des avions européens. Aussi bien l’opposition de gauche que de droite milite pour cette option face au choc économique et symbolique représenté par les mesures protectionnistes sur la défense américaine.
La présidente du Conseil fédéral, Karin Keller‑Sutter, a cependant affirmé que la Suisse maintient son intention, estimant que renoncer affaiblirait sa défense aérienne. Elle mise sur l’obtention d’un accord plus favorable malgré la pression. La décision finale est prévue dans les prochains mois, au plus tard en novembre, lorsque la révision budgétaire sera examinée.
L’Inde face à la tourmente tarifaire : vers une suspension potentielle de l’achat de F-35 par l’Inde
L’Inde est entrée dans une guerre commerciale avec les États-Unis. Les États-Unis ont porté à 50 % les droits de douane sur certains produits indiens, en réaction aux importations d’énergie russe.
Cette escalade a entraîné une pause dans les discussions sur plusieurs acquisitions de défense, allant des véhicules de combat Stryker aux missiles Javelin, en passant par certains avions Boeing. Des rapports suggèrent que l’Inde aurait suspendu ses acquisitions d’armement américain, y compris potentiellement des F‑35.
Cependant, le gouvernement indien a fermement démenti ces affirmations, assurant que les achats de défense restent “sur les rails” et qu’il n’y a pas de changement décidé. Tandis que New Delhi affirme vouloir maintenir des échanges stratégiques, elle communique aussi un fort désir de respect mutuel, en parallèle d’une volonté de développer l’autonomie via les programmes “Make in India” et “Aatmanirbharta”.
Analyse comparative : pourquoi ces répercussions apparaissent-elles maintenant ?
Pression politique et perte de confiance
La réaction des alliés des États-Unis face aux mesures protectionnistes traduit un désenchantement global. Ces gouvernements estiment que la stabilité et la prévisibilité, attendues dans les relations stratégiques, sont menacées.
Sovereignty et développement industriel régional
L’Espagne et d’autres pays (Portugal, Canada, Canada, Portugal mentionnés) voient dans la production européenne une réponse à l’instabilité américaine. L’avenir du programme F‑35 face au protectionnisme américain est désormais de plus en plus incertain.
Coût du programme F-35 et dépendance aux ventes à l’export
Le F‑35 représente un pilier économique : 25 à 30 % des revenus de Lockheed Martin (≈ 72 milliards \$ annuels) dépendent des exportations. La baisse des commandes pourrait fragiliser l’ensemble de la chaîne de production et augmenter les coûts unitaire.
Réajustement stratégique global
L’Inde réaffirme sa stratégie multivectorielle : maintenir des liens avec les États-Unis, tout en valorisant sa souveraineté technologique. L’Espagne et la Suisse, elles, redéfinissent leurs politiques de défense autour du concept de maîtrise locale et européenne.
Chiffres et données précises marquants
- L’Espagne renonce à des dépenses militaires envisagées de plusieurs milliards, réallouant l’essentiel de son budget (87 % de +12 milliards \$) à l’industrie européenne.
- La Suisse engage une commande de 36 F‑35 pour plus de 6 milliards de francs suisses (≈ 7,38 milliards \$) et fait face à une taxe de 39 % sur les exports suisses de la part des États-Unis.
- L’Inde se trouve exposée à des droits de douane atteignant 50 % sur ses exportations vers les États-Unis.
- Le programme F‑35 génère environ 72 milliards de dollars par an, et représente un quart à un tiers des revenus de Lockheed Martin.
- La production annuelle du F‑35 atteint environ 156 unités par an, avec plus de 1 100 appareils livrés à ce jour.
Perspective stratégique : vers un nouveau paysage mondial de la défense
Les décisions prises par l’Espagne, la Suisse et l’Inde illustrent une montée des tensions entre politique commerciale américaine et relations de défense traditionnelles. L’industrie aéronautique militaire voit émerger une dynamique de diversification. Les pays reconsidèrent leurs partenariats au regard de leur viabilité politique autant que technique.
La crise révèle que l’avenir du programme F‑35 face au protectionnisme américain est en jeu. Le modèle où les alliés achètent massivement des systèmes américains devient fragile. Cela pourrait entraîner un renforcement de la concurrence des avions de chasse européens, notamment via le FCAS ou l’Eurofighter, tandis que d’autres pays pourraient se tourner vers des modèles de production nationale ou des partenariats multipartites.
Il apparaît clairement que la politique commerciale américaine et ses effets sur la défense ne sont plus dissociables. Cette nouvelle réalité impose une réinvention des alliances stratégiques. Les efforts vers une plus forte autonomie industrielle et une diversification des sources d’équipement militaire deviennent incontournables pour garantir fiabilité, stabilité et modernité.
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