Iran : une stratégie d’influence régionale par les milices

Iran : une stratégie d'influence régionale par les milices

L’Iran étend son influence au Moyen-Orient via des milices soutenues, malgré des sanctions économiques et des tensions nucléaires croissantes.

Depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran a mis en place une stratégie d’influence régionale en soutenant des groupes armés à travers le Moyen-Orient. Ces groupes, tels que le Hezbollah au Liban, le Hamas et le Jihad islamique palestinien dans les territoires palestiniens, ou encore les Houthis au Yémen, reçoivent un soutien financier, logistique et militaire de Téhéran. Cette politique vise à étendre l’influence iranienne, contrer les adversaires régionaux, notamment l’Arabie saoudite et Israël, et affirmer le leadership chiite face à la majorité sunnite du monde musulman. Cependant, cette stratégie a entraîné des tensions accrues, des conflits prolongés et des sanctions économiques sévères contre l’Iran, affectant son économie et sa population.

Une politique d’influence par procuration

L’Iran a développé une stratégie d’influence régionale en soutenant des groupes armés partageant sa vision idéologique. Cette politique, souvent qualifiée de “guerre par procuration”, permet à Téhéran d’étendre son influence sans engager directement ses forces armées.

Le Hezbollah, au Liban, est l’un des exemples les plus emblématiques de cette stratégie. Créé en 1982, ce groupe chiite bénéficie d’un soutien financier et militaire substantiel de l’Iran. Selon certaines estimations, Téhéran lui fournirait environ 700 millions de dollars par an. Le Hezbollah dispose d’un arsenal conséquent, comprenant des missiles à longue portée, et joue un rôle politique majeur au Liban.

Dans les territoires palestiniens, l’Iran soutient le Hamas et le Jihad islamique palestinien, deux groupes sunnites opposés à Israël. Ce soutien, bien que transconfessionnel, s’inscrit dans la volonté de Téhéran de s’opposer à l’État hébreu. Le Hamas aurait reçu jusqu’à 350 millions de dollars de l’Iran en 2023.

Au Yémen, l’Iran appuie les Houthis, un mouvement chiite zaïdite en conflit avec le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite. Ce soutien inclut des livraisons d’armes et une assistance technique, contribuant à l’intensification du conflit yéménite.

Cette politique d’influence s’étend également à l’Irak, où des milices chiites telles que Kata’ib Hezbollah ou Asa’ib Ahl al-Haq reçoivent un soutien iranien. Ces groupes jouent un rôle clé dans la politique irakienne et ont été impliqués dans des affrontements avec les forces américaines.

En Syrie, l’Iran soutient le régime de Bachar al-Assad, notamment par l’envoi de conseillers militaires et de milices étrangères, comme la brigade Fatemiyoun, composée de combattants afghans. Ce soutien a été crucial pour la survie du régime syrien face aux rébellions.

Cette stratégie permet à l’Iran de projeter son influence, de contrer ses adversaires et de renforcer sa position dans la région, tout en limitant les risques directs pour ses forces armées.

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Conséquences économiques des sanctions

La politique régionale de l’Iran a entraîné des sanctions économiques sévères, notamment de la part des États-Unis et de l’Union européenne. Ces sanctions visent à limiter les capacités financières et militaires de Téhéran, en restreignant ses exportations, notamment de pétrole, et en isolant son système bancaire.

En 2023, malgré les sanctions, l’Iran a exporté environ 1,4 million de barils de pétrole par jour, générant des revenus estimés à 53-54 milliards de dollars. Cependant, ces exportations se font souvent via des circuits parallèles, avec des remises importantes, notamment vers la Chine, principal acheteur.

Les sanctions ont également provoqué une inflation élevée, dépassant 40 % en 2024, et une dépréciation significative du rial iranien. Selon certaines sources, entre 27 % et 50 % de la population vivrait sous le seuil de pauvreté, avec un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes.([Wikipédia][3])

Cette situation économique difficile a engendré des mouvements de protestation internes, bien que réprimés par les autorités. Le mécontentement populaire croissant pourrait représenter un défi pour le régime iranien, déjà confronté à des pressions extérieures.

Tensions nucléaires et diplomatie internationale

Parallèlement à sa politique régionale, l’Iran poursuit un programme nucléaire controversé. Les négociations avec les États-Unis et d’autres puissances mondiales visent à limiter l’enrichissement d’uranium par Téhéran, en échange d’un allègement des sanctions.

Actuellement, l’Iran enrichit l’uranium à 60 %, un niveau proche de celui requis pour une arme nucléaire. Les États-Unis exigent un arrêt complet de l’enrichissement, tandis que l’Iran insiste sur son droit à développer un programme nucléaire civil.

Les négociations sont compliquées par la méfiance mutuelle et les tensions régionales. Israël a exprimé sa volonté d’empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, y compris par des moyens militaires si nécessaire. De son côté, l’Iran a averti qu’il considérerait toute attaque israélienne comme une agression conjointe avec les États-Unis.

Ces tensions augmentent le risque d’un conflit ouvert, avec des conséquences potentiellement graves pour la stabilité régionale et mondiale.

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Alliances stratégiques et implications géopolitiques

Face à l’isolement occidental, l’Iran cherche à renforcer ses alliances avec des puissances non occidentales, notamment la Russie et la Chine. En mai 2025, le parlement iranien a approuvé un partenariat stratégique de 20 ans avec la Russie, incluant une coopération militaire et économique.

Ce partenariat prévoit des exercices militaires conjoints, un soutien mutuel face aux menaces communes et une collaboration accrue dans les domaines technologique et énergétique. Il s’inscrit dans une volonté de créer un front commun face aux sanctions occidentales et de diversifier les partenariats économiques de l’Iran.

Cette alliance avec la Russie, déjà engagée dans un conflit en Ukraine, pourrait avoir des implications géopolitiques importantes, en renforçant les axes d’opposition aux États-Unis et à leurs alliés.

Perspectives et enjeux futurs

La stratégie régionale de l’Iran, combinée à son programme nucléaire et à ses alliances internationales, place le pays au cœur des dynamiques géopolitiques du Moyen-Orient. Cependant, les défis économiques internes, les tensions sociales et les pressions extérieures pourraient contraindre Téhéran à réévaluer certaines de ses politiques.

Une désescalade des tensions nécessiterait des compromis de part et d’autre, notamment sur le programme nucléaire et le soutien aux groupes armés. La communauté internationale, en particulier les puissances régionales et mondiales, joue un rôle crucial dans la recherche de solutions diplomatiques durables.

L’avenir de l’Iran dépendra de sa capacité à équilibrer ses ambitions régionales avec les réalités économiques et sociales internes, tout en naviguant dans un environnement international complexe et en constante évolution.

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