Que valent les performances air-air du J-20 chinois face aux avions OTAN ?

Chengdu J-20

Le J-20 est-il capable d’affronter les avions de chasse OTAN en combat air-air ? Analyse technique de ses capacités réelles face aux forces occidentales.

Le J-20, développé par Chengdu Aircraft Corporation, est présenté comme le fleuron de l’aviation militaire chinoise. Conçu pour rivaliser avec les chasseurs furtifs occidentaux comme le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II, il incarne l’ambition de Pékin d’accéder à la supériorité aérienne dans la région Asie-Pacifique, et au-delà. Pourtant, malgré une communication très cadrée de la part des autorités chinoises, de nombreuses zones d’ombre entourent encore ses performances en combat air-air.

Le J-20 est-il réellement apte à menacer les aéronefs de l’OTAN dans un engagement moderne ? Cette question dépasse les discours de dissuasion. Elle touche aux capacités réelles du système de détection, des moteurs, de la manœuvrabilité et de l’armement. Chaque pilote de chasse engagé dans une mission de supériorité aérienne doit pouvoir compter sur un appareil aux performances éprouvées dans des environnements complexes, saturés de menaces électroniques et cinétiques.

Chengdu J-20

Une cellule imposante à la furtivité partielle

Le Chengdu J-20 mesure 20,4 mètres de long pour une envergure de 13,5 mètres, soit des dimensions proches du F-22 (19 m de long) mais avec une configuration aérodynamique différente. Son fuselage large et ses entrées d’air latérales fixes trahissent un compromis structurel : la furtivité n’y est pas prioritaire sur toute la bande spectrale.

Signature radar

Les études d’écho radar à partir de maquettes numériques estiment la surface équivalente radar (SER) du J-20 entre 0,1 et 1 m², contre 0,001 à 0,01 m² pour le F-22. Cette différence est significative : un radar AESA comme l’AN/APG-77 du F-22 ou le CAPTOR-E de l’Eurofighter pourrait détecter un J-20 à plus de 120 kilomètres, contre 70 à 90 kilomètres pour détecter un F-22 dans des conditions similaires.

La furtivité partielle du J-20 est en partie due à son emploi de revêtements RAM basiques, moins performants que ceux des standards américains. Sa géométrie inclut encore des canards avant, pratiques en manœuvre mais néfastes pour la discrétion électromagnétique.

Infra-rouge et détection passive

Le J-20 est équipé d’un système IRST (infrared search and track), le EOTS-89, destiné à repérer les signatures thermiques adverses. Bien que ce système permette une détection hors radar, il reste moins performant que le DAS du F-35 ou l’IRST21 des F-15EX. En combat au-delà de la vue (BVR), cet écart de qualité peut être critique.

Un système de propulsion encore limité

Le principal talon d’Achille du J-20 reste son système propulsif. Les premiers exemplaires ont été livrés avec des turboréacteurs Saturn AL-31F russes, peu adaptés au vol supersonique sans postcombustion (supercroisière).

Le moteur WS-10C

Depuis 2021, certains J-20 sont équipés du WS-10C, un moteur chinois développant environ 145 kN de poussée avec postcombustion. Ce moteur autorise une poussée raisonnable mais ne permet pas au J-20 de maintenir Mach 1,5 sans postcombustion, contrairement au F-22 qui peut atteindre Mach 1,8 en supercroisière.

Le programme WS-15, censé atteindre 180 kN, peine encore à aboutir. En juillet 2024, des tests ont révélé des problèmes de surchauffe en altitude. Sans propulsion fiable, le J-20 est contraint de limiter ses profils de mission en haute intensité.

Mobilité et poussée vectorielle

Le J-20 ne dispose pas encore d’un système de poussée vectorielle tridimensionnelle, contrairement au F-22 ou au Su-35, qui peuvent orienter leur jet d’échappement. Cela affecte sa capacité à manœuvrer rapidement lors d’un combat rapproché (WVR).

Pour un pilote de chasse, l’absence de poussée vectorielle signifie une dépendance à la vitesse initiale et à la configuration de l’aéronef, rendant difficile une récupération d’énergie cinétique rapide.

Un armement moderne mais perfectible

Le J-20 dispose d’une soute interne capable d’emporter six missiles air-air à moyenne et longue portée. L’armement principal est le PL-15, un missile guidé radar actif doté d’un moteur à statoréacteur.

Portée et guidage

Le PL-15 est crédité d’une portée estimée de 250 à 300 kilomètres, soit plus que le Meteor européen (200 km) ou l’AIM-120D américain (160 à 180 km). Toutefois, cette portée n’est exploitable que si les conditions de verrouillage sont optimales et si l’avion tireur peut maintenir une liaison de données sécurisée.

Les données disponibles indiquent que le PL-15 reste vulnérable aux contre-mesures électroniques (ECM) avancées. Par ailleurs, le radar embarqué du J-20, probablement une version AESA locale nommée KLJ-5, n’a pas encore démontré de capacité fiable en engagement multi-cibles à haute vitesse.

Combat rapproché

Le J-20 ne serait toujours pas équipé d’un canon interne. Cette absence réduit sa capacité en combat rapproché. Le PL-10, missile à courte portée à recherche infrarouge, reste performant, mais sans canon, la capacité d’un pilote à gérer une situation de mêlée est restreinte.

Chengdu J-20

Une doctrine d’emploi encore en construction

L’efficacité d’un avion de chasse dépend aussi de sa doctrine d’emploi. Le J-20 est aujourd’hui déployé principalement dans les zones aériennes proches de la Chine continentale.

Engagements simulés et déploiement

Les rares retours sur des simulations en combat simulé ou des exercices réels face à des appareils américains comme les F-15 ou F-16 indiquent que le J-20 est utilisé comme plateforme d’interception à longue portée, et non comme un chasseur polyvalent. Il accompagne généralement des AWACS ou opère sous couverture radar terrestre.

Communication et mise en service

La propagande militaire chinoise mise sur des images très contrôlées. Mais l’absence de participation du J-20 à des exercices à l’étranger, comme le Red Flag, ou à des engagements contre des adversaires crédibles, limite fortement la crédibilité de ses performances. Le J-20 semble être déployé davantage pour affirmer une capacité dissuasive régionale que pour rivaliser en théâtre d’opérations ouvert avec l’OTAN.

Malgré son apparence moderne et ses avancées sur certains segments, le J-20 reste en retrait face aux chasseurs de l’OTAN les plus récents. Sa furtivité incomplète, son propulseur peu fiable, l’absence de poussée vectorielle, et un armement encore dépendant de l’efficacité électronique limitent ses capacités en combat air-air à haute intensité.

L’appareil représente un progrès pour l’industrie chinoise, mais ne constitue pas encore une menace équivalente au F-22, au F-35, ou même à un Rafale dans un combat interarmées. Pour un pilote de chasse de l’OTAN, le J-20 n’est pas à sous-estimer, mais il ne redéfinit pas les équilibres. Il reste un appareil en maturation, conditionné par une doctrine d’emploi prudente et un système technologique encore partiellement dépendant d’acquis extérieurs.

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