Le Japon présente un canon laser mobile pour la défense anti-drone

Le Japon présente un canon laser mobile pour la défense anti-drone

Le Japon a dévoilé un système laser de 10 kW monté sur camion pour neutraliser les drones. Un pas vers une défense mobile à faible coût par tir.

Lors du salon DSEI Japan 2025, le ministère japonais de la Défense a présenté pour la première fois au public un canon laser monté sur véhicule, en cours de développement par l’Acquisition, Technology & Logistics Agency (ATLA). Ce système de 10 kilowatts, installé sur un camion 8×8, est conçu pour neutraliser des cibles aériennes à courte portée, en particulier les drones. Il se distingue par son coût d’engagement très bas, sa mobilité élevée et son potentiel à compléter les défenses multicouches classiques. Il s’inscrit dans une stratégie de modernisation des capacités japonaises de lutte anti-drones et de protection rapprochée. Le système est encore en phase de test terrain, sans calendrier précis de déploiement opérationnel.

Un laser de combat présenté pour la première fois au public japonais

Le Japon a présenté pour la première fois publiquement un système de laser à haute énergie monté sur véhicule à l’occasion du salon DSEI Japan 2025. Ce prototype, développé par l’agence étatique ATLA (Acquisition, Technology & Logistics Agency) en coordination avec le ministère japonais de la Défense, marque une étape vers l’intégration de systèmes à énergie dirigée dans les forces japonaises.

Le canon laser, officiellement désigné Vehicle-Mounted High-Power Laser System, est intégré sur un châssis de camion militaire 8×8. Il s’agit d’un prototype de démonstration doté d’un laser de 10 kilowatts, capable de détruire ou perturber des cibles aériennes à faible altitude telles que les drones légers.

Ce type de système vise à répondre à une menace croissante : la prolifération des drones à bas coût, parfois utilisés en essaims, que les munitions classiques peinent à contrer de manière économiquement viable. Le JGSDF (Japan Ground Self-Defense Force) envisage de combiner ce système avec d’autres moyens de défense pour mettre en place une protection multicouche contre les menaces aériennes de courte portée.

Un système pensé pour la mobilité et les faibles coûts d’engagement

L’un des arguments clés avancés par les responsables du programme est le coût unitaire extrêmement faible par tir. Contrairement aux missiles sol-air ou aux systèmes de canons classiques, qui nécessitent des munitions coûteuses, le canon laser n’a besoin que d’énergie électrique pour fonctionner. Cela permet une réduction significative du coût opérationnel, particulièrement avantageuse dans le cadre d’un affrontement contre des drones multiples ou continus.

À titre d’exemple, le coût d’un tir de missile antiaérien comme le PAC-3 est estimé à 3 millions d’euros l’unité, tandis qu’un tir de laser, selon les estimations américaines, revient à quelques euros à peine, en fonction de la puissance et de la durée de fonctionnement. En contexte de saturation ou d’attaques en essaims, cette différence devient stratégique.

Le châssis 8×8 offre également une capacité de projection rapide sur terrain varié, avec un bon niveau de mobilité opérationnelle. Le système peut ainsi être redéployé selon les besoins, ce qui renforce son efficacité tactique dans des environnements complexes comme les îles du sud-ouest japonais ou les zones urbaines densément peuplées.

Le Japon présente un canon laser mobile pour la défense anti-drone

Une réponse aux drones à basse altitude, lents et de petite taille

Le canon laser est conçu pour contrer des cibles dites LSS (low, slow, small) : drones commerciaux, quadricoptères modifiés, ou appareils artisanaux utilisés pour la reconnaissance ou le harcèlement. Ces engins sont difficiles à intercepter avec des systèmes conventionnels, car ils échappent aux radars classiques ou aux missiles guidés à cause de leur faible signature thermique et de leur mobilité irrégulière.

Face à cette réalité, le Japon a renforcé depuis 2022 ses programmes de contre-UAS (Counter Unmanned Aerial Systems), en y intégrant des technologies non cinétiques comme les brouilleurs radiofréquence, les canons à micro-ondes, et désormais, les lasers. Le système laser ATLA s’inscrit dans ce cadre, en tant qu’outil de neutralisation propre, ne générant ni débris balistiques ni dommages collatéraux massifs, ce qui est essentiel dans des contextes civils ou proches d’infrastructures critiques.

Il permet aussi une réduction du cycle de réaction, le tir laser étant immédiat dès la détection de la cible. Cela en fait un instrument adapté aux scénarios de protection de site sensible, comme des bases militaires, des installations nucléaires ou des ports.

Un programme encore en phase expérimentale mais à fort potentiel

Bien que présenté publiquement, le système reste au stade de démonstrateur technologique. Aucune commande de série n’a encore été annoncée, et les essais de terrain se poursuivent. Le ministère japonais de la Défense a précisé que les décisions de déploiement dépendront des résultats de ces tests, notamment en termes de robustesse, fiabilité, et compatibilité avec les réseaux de défense existants.

L’expérimentation en conditions réelles portera notamment sur :

  • la précision de ciblage en environnement brouillé,
  • les capacités de tir multiple sans perte de puissance,
  • la résilience aux conditions climatiques difficiles (brouillard, pluie, humidité),
  • et la consommation énergétique du système en situation opérationnelle.

Des projets comparables ont déjà été menés par les États-Unis avec le programme HEL-MD (High Energy Laser Mobile Demonstrator), ou encore par l’Allemagne avec le Laser Weapon Demonstrator (LWD). Le Japon semble s’inspirer de ces démarches tout en adaptant ses systèmes aux contraintes spécifiques de son territoire.

Vers une standardisation des armes à énergie dirigée ?

Le projet laser japonais s’inscrit dans une tendance globale de transition vers des moyens de défense non cinétiques, alimentée par la baisse du coût de production des lasers industriels haute puissance et par la miniaturisation des composants optiques.

En 2024, selon un rapport de Research and Markets, le marché mondial des armes à énergie dirigée (Directed Energy Weapons) représentait environ 5,8 milliards d’euros, avec une prévision de croissance annuelle de 18 % jusqu’en 2030. Les principaux acteurs sont les États-Unis, la Chine, Israël, la Russie, et désormais le Japon.

Le développement d’un laser monté sur véhicule opérationnel pourrait aussi avoir des retombées industrielles. L’intégration locale de technologies de détection, d’optique et de puissance pourrait renforcer les capacités de production de composants avancés dans l’industrie japonaise de défense, encore dominée par quelques grands groupes comme Mitsubishi Heavy Industries et NEC.

Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.

A propos de admin 1647 Articles
Avion-Chasse.fr est un site d'information indépendant dont l'équipe éditoriale est composée de journalistes aéronautiques et de pilotes professionnels.