Le Maroc intensifie son offensive au Sahara occidental avec des drones armés, transformant un conflit gelé en guerre high-tech. Des frappes précises affaiblissent le Polisario, mais soulèvent des accusations de violations humanitaires touchant civils et étrangers. Découvrez comment cette évolution militaire redessine les enjeux géopolitiques.
En résumé
Le conflit au Sahara occidental oppose le Maroc au Front Polisario depuis les années 1970. Rabat contrôle environ 80 % du territoire, tandis que le Polisario administre les zones libérées à l’est du mur de sable. En 2020, la rupture du cessez-le-feu a relancé les hostilités. Le Maroc a massivement investi dans les drones armés, comme les Bayraktar TB2 turcs et les Wing Loong chinois, pour surveiller et frapper les positions ennemies. Ces appareils ont permis des opérations précises, tuant des leaders du Polisario et perturbant leurs mouvements. Cependant, des rapports documentent des frappes dans la zone tampon sous mandat ONU, touchant des civils sahraouis, des camionneurs algériens et mauritaniens. En 2025, une attaque a détruit un camion algérien, exacerbant les tensions avec Alger. Cette “guerre des drones” rend le Polisario obsolète face à une supériorité technologique, mais pose des questions éthiques sur le respect du droit international humanitaire. Le Maroc défend ces actions comme défensives, tandis que le Polisario dénonce des assassinats ciblés. Au total, plus de 50 frappes ont été signalées depuis 2021, avec un bilan humain estimé à plusieurs dizaines de victimes civiles.
Le contexte historique du conflit au Sahara occidental
Le Sahara occidental reste un territoire disputé depuis la décolonisation espagnole en 1975. Le Maroc a annexé la région, arguant de liens historiques et territoriaux anciens. Le Front Polisario, mouvement indépendantiste, a proclamé la République arabe sahraouie démocratique en 1976. Ce différend a entraîné une guerre ouverte jusqu’au cessez-le-feu de 1991, supervisé par l’ONU via la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).
Les enjeux portent sur les ressources naturelles, comme les phosphates et les pêcheries côtières. Le territoire s’étend sur 266 000 kilomètres carrés, avec une population estimée à 600 000 habitants, majoritairement sous contrôle marocain. Le Polisario contrôle environ 20 % des terres, principalement des zones désertiques à l’est. L’Algérie soutient le Polisario, fournissant aide logistique et diplomatique, ce qui alimente les rivalités régionales.
La rupture du cessez-le-feu en 2020
En novembre 2020, des manifestants sahraouis ont bloqué la route de Guerguerat, un point de passage vital vers la Mauritanie. Le Maroc a déployé des troupes pour rouvrir l’axe, provoquant la reprise des combats. Le Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu, accusant Rabat de violation. Depuis, les affrontements se concentrent le long du mur de sable, une fortification de 2 700 kilomètres construite par le Maroc dans les années 1980.
Cette reprise a marqué un tournant asymétrique. Le Polisario mène des attaques de guérilla, avec des tirs de roquettes et des embuscades. Le Maroc répond par des moyens aériens avancés. En 2024, le Polisario a revendiqué plus de 200 attaques, causant des dommages limités aux infrastructures marocaines. Rabat minimise ces actions, mais admet des pertes isolées.
L’arsenal de drones déployé par le Maroc
Le Maroc a modernisé ses forces armées avec un investissement massif en drones depuis 2019. Le budget militaire a atteint 5,1 milliards de dollars en 2024, dont une part significative allouée aux systèmes sans pilote. Ces appareils assurent surveillance, reconnaissance et frappes précises, adaptées au terrain désertique du Sahara occidental.
Les Bayraktar TB2 de fabrication turque
Les Bayraktar TB2, acquis auprès de la Turquie en 2021, forment le pilier de cette stratégie. Chaque drone mesure 6,5 mètres de long, avec une envergure de 12 mètres, et peut voler à 150 kilomètres-heure sur 27 heures. Armés de missiles MAM-L, ils ont une portée de 150 kilomètres. Le Maroc en possède au moins 25 unités, utilisées pour des missions de nuit grâce à des capteurs infrarouges.
En avril 2023, un Bayraktar TB2 a éliminé un convoi du Polisario près de Bir Lahlou, tuant trois combattants. Ces drones ont prouvé leur efficacité dans d’autres conflits, comme en Libye, où ils ont détruit des blindés avec une précision de 95 %.
Les Wing Loong chinois
Les Wing Loong II, fournis par la Chine depuis 2020, complètent l’arsenal. Plus imposants, avec une longueur de 11 mètres et une autonomie de 20 heures, ils portent des missiles Blue Arrow-7, efficaces jusqu’à 8 kilomètres. Le Maroc en a commandé une dizaine, intégrés à des bases comme celle de Laayoune.
Une frappe en mai 2025 a visé un groupe armé du Polisario à l’est du mur, détruisant deux véhicules. Ces drones excellent dans la détection de mouvements nomades, grâce à des radars synthétiques.
Les systèmes israéliens
Israël fournit des drones comme les IAI Harop et Hermes 900. Les Harop sont des munitions rôdeuses, se crashant sur la cible avec une charge explosive de 23 kilogrammes. Le Maroc en a acquis 150 unités en 2021. En janvier 2025, un Harop a neutralisé un poste de commandement du Polisario, tuant quatre personnes.
Ces collaborations renforcent la supériorité aérienne marocaine, avec des transferts de technologie pour une production locale partielle.

Les opérations dans la zone tampon
La zone tampon, large de 5 kilomètres le long du mur de sable, est démilitarisée sous mandat ONU. Pourtant, des drones marocains y opèrent régulièrement. En juin 2025, une frappe a détruit un camion algérien près de Tifariti, tuant deux civils. Le Polisario dénonce ces incursions comme des violations du droit international.
Les drones surveillent 24 heures sur 24, détectant des infiltrations. En 2024, plus de 30 missions ont été rapportées, avec des frappes préventives. Le Maroc justifie ces actions par la nécessité de sécuriser ses frontières, face à des tirs de roquettes du Polisario atteignant parfois Smara, à 40 kilomètres à l’intérieur.
Les controverses sur les frappes touchant des civils
Des rapports humanitaires soulignent des dommages collatéraux. En avril 2025, un drone a bombardé un convoi mauritanien près de la frontière, tuant trois camionneurs. L’Algérie accuse le Maroc d’assassinats ciblés, avec au moins 10 incidents impliquant des ressortissants étrangers depuis 2022.
Un bilan de 2025 estime 40 civils tués dans des frappes, dont 60 % au sud du territoire. Le Polisario publie des vidéos montrant des débris de drones israéliens sur des sites civils. L’ONU a enquêté sur cinq cas, confirmant des violations potentielles du droit humanitaire. Le Maroc réfute, affirmant cibler uniquement des menaces armées.
Ces événements exacerbent les tensions régionales. Alger a menacé de saisines internationales, tandis que Nouakchott appelle à la retenue.
L’impact sur les forces du Polisario
Les drones ont rendu les tactiques du Polisario obsolètes. Autrefois basées sur la mobilité désertique, leurs opérations sont désormais limitées. En 2025, le Polisario a perdu 50 combattants dans des frappes, dont des commandants clés.
Le mouvement adapte ses méthodes, utilisant des drones low-cost iraniens pour des contre-attaques. En juillet 2025, un engin du Polisario a endommagé une base marocaine. Pourtant, la supériorité technologique marocaine force le Polisario à une guerre d’usure, avec des pertes logistiques estimées à 30 %.
Cette asymétrie pousse le Polisario vers des alliances, comme avec l’Algérie, qui fournit des missiles sol-air. Le conflit pourrait s’étendre si les drones continuent à frapper au-delà des lignes.
Les drones marocains redéfinissent non seulement ce conflit, mais interrogent l’avenir des guerres en Afrique. Face à une technologie accessible, des groupes comme le Polisario pourraient investir dans des contre-mesures électroniques, comme des brouilleurs. Les implications diplomatiques persistent : l’ONU peine à imposer un référendum, tandis que les puissances étrangères, Turquie, Chine et Israël, profitent de ces ventes. Ce théâtre high-tech pourrait inspirer d’autres nations, mais au prix d’une escalade humanitaire qui appelle à une médiation urgente.
Sources :
- Maghrebi.org, “Sahara: Algeria-Morocco tensions flare after deadly drone strike”, 5 juin 2025.
- Crisis Group, “Managing Tensions between Algeria and Morocco”, 29 novembre 2024.
- RFI, “L’Algérie accuse le Maroc d’assassinats ciblés après une attaque de drones au Sahara occidental”, 13 avril 2022.
- Middle East Eye, “Villes fantômes, roquettes et drones : la guerre du Front Polisario au Sahara occidental”, 15 décembre 2021.
- Le Desk, “Le Polisario dit subir des frappes de drones répétées à l’est du mur de défense”, 4 janvier 2024.
- Slate, “Au Sahel, la guerre des drones se généralise et terrorise les populations”, 12 septembre 2025.
- AL24 News, “Sahara occidental : l’occupation marocaine continue de cibler les civils à l’aide de drones”, 10 avril 2025.
- ONU, Rapport S/2022/733 du Conseil de sécurité, 3 octobre 2022.
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