La Belgique achètera t’elle le Rafale ?

La Belgique va-t-elle finalement acheter le Rafale, ou pas ? « Le lobbying tourne à plein régime, c’est clair », a bougonné mercredi le ministre belge de la Défense Steven Vandeput, en réaction à un article paru dans le journal flamand « De Tijd ». Le quotidien dit avoir eu accès à des documents qui montrent que l’acquisition de Rafale par la Belgique pourrait générer 20 milliards d’euros de retombées économiques pour le pays sur vingt ans et maintenir plus de 5.000 emplois à haute valeur technologique. « L’offre française est trop belle pour être vraie », a protesté le ministre flamand, qui n’a pas apprécié que la France sorte du cadre de l’appel d’offres officiel pour l’acquisition de 34 nouveaux avions de chasse. Le 7 septembre, le gouvernement américain, qui pousse le F-35 de Lockheed Martin, a répondu à cet appel d’offres, de même que le consortium Eurofighter. La France en revanche a proposé un « partenariat stratégique et économique plus large » , sortant ainsi, selon Steven Vandeput, du cadre légal, ce qui la disqualifie. Un jugement que n’a pas repris le gouvernement belge. Il a envoyé ses émissaires négocier avec Paris, la France travaillant à définir une offre complète prête à séduire le gouvernement belge. Interrogée par « Les Echos » pour savoir si elle avait délibérément mis dans l’embarras son homologue, la ministre de la Défense Florence Parly a répondu que telle n’était pas son intention. « Au vu de notre excellente collaboration dans l’armée de terre autour du programme Scorpion , il nous a semblé plus consistant de répondre à davantage qu’un achat d’avion », a-t-elle dit. La ministre invoque ainsi un partenariat avec plus de 150 sociétés belges pour une centaine de projets industriels ou technologiques, pour un montant de 4 milliards d’euros. De fait, la proposition française fait son chemin outre-Quiévrain. Au minimum, la proposition française ou celle d’Eurofighter sont meilleures pour l’industrie aéronautique belge. Les F-35 ont beau promettre des travaux d’entretien et de rénovation, les accords internationaux sur ce programme réservent ces tâches à l’Italie, la Grande-Bretagne, la Turquie et les Pays-Bas. Quant à l’obstacle juridique soulevé par Steven Vandeput, il ne semble pas tenir, l’appel d’offres n’obligeant pas l’Etat à conclure dans ce cadre. Reste un débat belge compliqué. Les Flamands ont traditionnellement les yeux tournés vers les Pays-Bas, dotés de F-35, et une vision plus Otanienne de leur sécurité. Les Wallons, eux, sont davantage préoccupés des retombées économiques et plus sensibles aux arguments sur la construction d’une Europe de la Défense.

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