Les coupes budgétaires de Trump menacent la défense planétaire de la NASA

asteroide terre

Le budget proposé par Trump réduit de 47 % les fonds pour la défense planétaire de la NASA, mettant en péril le programme NEO Surveyor.

Le projet de budget 2026 de l’administration Trump prévoit une réduction historique de 24 % du budget global de la NASA, et jusqu’à 47 % pour les programmes scientifiques, incluant la défense planétaire. Lors d’une audition au Congrès américain le 15 mai, des représentants ont exprimé de vives inquiétudes face à ce que plusieurs ont décrit comme une mise en péril directe de la capacité des États-Unis à détecter et à prévenir les impacts d’astéroïdes. Le programme NEO Surveyor, destiné à identifier les objets géocroiseurs dangereux à l’aide de l’infrarouge, pourrait être compromis. La question posée est claire : peut-on se permettre de négliger une menace naturelle pourtant prévisible et évitable ?

NEO Surveyor : une mission clé pour la sécurité de la planète

Le Near-Earth Object Surveyor est un télescope spatial en développement, prévu pour être lancé à l’horizon 2028. Il doit repérer et caractériser les astéroïdes proches de la Terre (NEO), en particulier ceux qui ne peuvent pas être détectés depuis le sol.

Ses principales caractéristiques :

  • Utilisation de l’infrarouge pour repérer des objets sombres non réfléchissants, contrairement aux télescopes optiques traditionnels ;
  • Détermination précise du diamètre et de la trajectoire des objets détectés ;
  • Complémentarité avec les missions de déviation comme DART, qui a prouvé en 2022 qu’il était possible de modifier la trajectoire d’un astéroïde.

L’exemple de l’astéroïde Chelyabinsk, qui a explosé au-dessus de la Russie en 2013, démontre l’urgence de ce type de détection : une énergie équivalente à 440 kilotonnes de TNT, plus de 30 fois Hiroshima, a été libérée sans préavis. Or, cet objet n’avait pas été vu car il venait de la direction du soleil, angle mort des instruments au sol.

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Un budget en chute libre : inquiétudes au Congrès

Selon la proposition budgétaire de la Maison Blanche, la NASA subirait :

  • une réduction de 24 % de son budget global,
  • et une coupure de 47 % sur les programmes scientifiques, incluant la surveillance des astéroïdes.

Ces chiffres, s’ils sont validés par le Congrès, représenteraient la plus forte réduction annuelle de budget de la NASA dans son histoire. Plusieurs élus ont exprimé leur opposition :

  • Valerie Foushee (D-Caroline du Nord) a évoqué un renoncement stratégique mettant en danger la sécurité nationale.
  • George Whitesides (D-Californie) a demandé s’il n’était pas temps d’augmenter le financement alloué à la défense planétaire au lieu de le réduire.
  • Zoe Lofgren (D-Californie) a dénoncé une érosion des compétences scientifiques, accentuée par les licenciements massifs dans les agences fédérales, comme ceux de la NOAA.

Certains craignent également la fermeture potentielle de centres vitaux, comme le Goddard Space Flight Center (Maryland) ou le NASA Ames Research Center (Silicon Valley), ce qui compromettrait l’expertise d’urgence fournie à la FEMA en cas de menace.

Suivi des astéroïdes : état des lieux et perspectives

Actuellement :

  • Environ 38 000 objets géocroiseurs sont connus, dont 2 500 sont classés comme potentiellement dangereux.
  • Le Minor Planet Center, dirigé par Matthew Payne, suit leurs orbites et fournit des alertes.
  • Le NEO Surveyor permettrait d’améliorer ce suivi, notamment sur les 35 à 40 % de la population d’astéroïdes dite “sombre”, difficilement détectable avec les méthodes actuelles.

Les scientifiques insistent aussi sur la nécessité d’intégrer l’intelligence artificielle dans les outils de détection :

  • Pour accélérer l’analyse des orbites,
  • Pour réduire le risque d’erreur humaine,
  • Et pour réagir plus vite face à un objet détecté sur trajectoire d’impact.

Mais cette implémentation requiert un financement conséquent. Interrogée à ce sujet, Nicola Fox, directrice des missions scientifiques de la NASA, a répondu que les ressources actuelles sont insuffisantes pour assurer ce développement.

Une menace réelle, mais négligée

Comme l’a rappelé Brian Babin (R-Texas), président de la commission, l’impact d’un astéroïde est une catastrophe naturelle évitable, contrairement aux séismes ou aux tsunamis. Il a rappelé que :

“La défense planétaire, c’est savoir ce qui est dehors et ce qui peut nous nuire.”

Le danger est statistiquement faible mais potentiellement catastrophique. En 2024, l’astéroïde 2024 YR4 a brièvement inquiété les scientifiques avant que sa trajectoire ne soit réévaluée. Ce genre d’alerte montre que la menace est réelle, et que la capacité à y faire face dépend d’un investissement constant dans l’observation spatiale.

Les coupes budgétaires menaceraient :

  • le recrutement et la formation de scientifiques spécialisés,
  • la maintenance des infrastructures de suivi orbital,
  • et la capacité à réagir en cas de détection d’un objet dangereux.

Quel avenir pour la défense planétaire américaine ?

Le budget final 2026 n’a pas encore été adopté, et les discussions au Congrès laissent entrevoir une forte opposition bipartisane à l’égard des coupes prévues. En cas de validation, la NASA pourrait :

  • compter sur ses partenaires internationaux, comme l’ESA ou le CNES,
  • mais perdre son leadership dans un domaine stratégique de la sécurité spatiale.

Nicola Fox a conclu l’audition par une remarque significative :

“Si nous ne pouvons pas nous unir face à un rocher géant qui menace la planète, sur quoi allons-nous réussir à nous unir ?”

La défense planétaire est l’un des rares domaines scientifiques où les bénéfices sont globaux, et où les moyens existent pour éviter un désastre. Encore faut-il décider de les financer.

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