
Les nouvelles images du J-XDS confirment un chasseur furtif sans empennage, monoplace, avec vectorisation 2D et commandes d’ailes inédites.
En résumé
Des clichés apparus fin septembre 2025 montreraient enfin clairement le J-XDS, futur chasseur furtif chinois de 6e génération conçu par Shenyang Aircraft Corporation (SAC). L’appareil, aussi surnommé J-50, présente un design sans empennage, des tuyères vectorielles 2D, un nez allongé en losange, des entrées d’air DSI et surtout des extrémités d’ailes pivotantes, destinées à stabiliser le vol à basse vitesse. Les images laissent voir un cockpit monoplace, un EOTS sous le nez et des ouvertures latérales dont la fonction reste inconnue.
Si leur authenticité est confirmée, elles marqueraient une étape majeure du programme, suggérant l’existence d’un prototype plus avancé qu’un simple démonstrateur technologique. Le J-XDS serait destiné à compléter, voire remplacer à terme, le J-20 et à concurrencer les projets occidentaux de 6e génération, en mettant l’accent sur la furtivité, l’agilité aérodynamique, et l’intégration de systèmes de capteurs distribués.
Le programme J-XDS et ses enjeux stratégiques
Le J-XDS est considéré comme le second grand programme de chasseur de 6e génération chinois après le J-36, plus lourd et probablement destiné aux missions de supériorité aérienne à longue portée.
Le J-XDS semble être pensé pour la manœuvrabilité et la pénétration furtive, complétant le J-36 plus massif et le J-20 actuel.
La logique industrielle est claire :
- Shenyang Aircraft Corporation (SAC) développe le J-XDS, alors que Chengdu Aircraft Corporation reste responsable du J-20 ;
- Pékin diversifie les bureaux d’études et augmente le rythme d’innovation ;
- Le but est de déployer des chasseurs plus compacts et plus adaptés à l’accompagnement de drones, aux missions de pénétration à moyenne distance et à la protection des côtes et de Taïwan.
L’apparition d’un prototype sans empennage montre l’ambition chinoise d’aller vers des architectures radicalement furtives, comparables aux concepts américains NGAD ou européens FCAS/Tempest. Les images récentes, si elles sont fiables, suggèrent que le programme a franchi le stade des maquettes et des premiers démonstrateurs pour entrer dans la phase d’essais en vol.

La cellule sans empennage et ses défis aérodynamiques
Le design sans empennage réduit la signature radar arrière, supprime les gouvernes verticales classiques, mais introduit une instabilité naturelle importante.
Pour compenser cette instabilité, le J-XDS recourt à deux éléments :
- des tuyères à poussée vectorielle 2D, visibles sur les photos, dont les bords dentelés rappellent ceux du F-22 Raptor ;
- des extrémités d’ailes pivotantes, inclinées vers le bas dans les clichés, servant de surfaces de contrôle supplémentaires lors des phases de vol lent, d’approche ou de manœuvres serrées.
Le nez en losange et le cockpit monoplace témoignent d’une recherche de finesse aérodynamique et de furtivité. Les entrées d’air DSI (Diverterless Supersonic Inlet) intégrées aux flancs, sans plans de séparation, limitent les réflexions radar et simplifient la structure.
Ce choix d’architecture rapproche le J-XDS des concepts américains X-44 MANTA ou NGAD tailless, mais il exige des systèmes de commandes de vol numériques sophistiqués et une intégration poussée des capteurs pour maintenir la stabilité et l’efficacité manœuvrière.
Les commandes de vol et la vectorisation de poussée
La présence de tuyères à poussée vectorielle bidimensionnelle est un élément majeur. Elles permettent d’orienter le flux moteur verticalement et latéralement, compensant l’absence d’empennage et améliorant la capacité à changer rapidement d’assiette et d’inclinaison.
Associées aux extrémités d’ailes pivotantes, elles offrent :
- une réduction des distances de virage à basse et moyenne vitesses,
- un meilleur contrôle à forte incidence, utile pour le combat rapproché,
- une optimisation du profil aérodynamique pour maintenir la furtivité sans gouvernes proéminentes.
Ces caractéristiques sont particulièrement pertinentes pour un chasseur destiné à opérer dans des espaces contestés où les manœuvres brusques et les angles d’attaque élevés peuvent faire la différence pour échapper à des missiles adverses.
Reste une incertitude sur les moteurs définitifs : le programme chinois WS-15, en développement, devrait offrir une poussée supérieure à 160 kN, mais il n’est pas confirmé que le J-XDS en bénéficie déjà.
Les capteurs embarqués et l’intégration furtive
Les clichés montrent sous le nez un EOTS (Electro-Optical Targeting System), analogue à celui du F-35, servant à l’identification et à l’engagement air-sol ou air-air à longue portée sans activer le radar.
On distingue également des baies latérales et de petits renflements sur la partie dorsale, qui pourraient accueillir :
- des antennes pour un Distributed Aperture System (DAS), permettant une vision infrarouge à 360°,
- des liaisons de données sécurisées ou des antennes de guerre électronique,
- des entrées d’air auxiliaires pour le refroidissement des systèmes.
Cette architecture suggère une approche multi-capteurs fusionnée, où le pilote reçoit une vue synthétique issue du radar AESA, de l’IRST, du DAS et des capteurs de guerre électronique.
La fusion de données réduit la charge cognitive du pilote et optimise l’emploi de l’appareil en environnement saturé de menaces.
Le rôle potentiel dans les forces aériennes chinoises
Le J-XDS semble destiné à compléter la flotte de J-20 et à travailler en coopération avec des drones de combat loyal wingman, tels que le GJ-11 Sharp Sword ou des concepts plus récents.
Ses missions pourraient inclure :
- l’escorte furtive de bombardiers H-20,
- la pénétration en première ligne contre des systèmes sol-air avancés,
- l’appui à des frappes de précision grâce à son EOTS et à des armes internes,
- la couverture aérienne rapprochée de groupes navals dans le Pacifique occidental.
Le monoplace indique que l’accent est mis sur l’automatisation et la fusion de données, réduisant la nécessité d’un second membre d’équipage pour la gestion tactique.
La combinaison d’une cellule furtive sans empennage et d’une grande manœuvrabilité vise à répondre aux défis posés par les défenses multicouches américaines et japonaises dans l’Indo-Pacifique.

Les conséquences stratégiques et technologiques
Si le J-XDS passe rapidement du stade de démonstrateur à celui de prototype pré-série, cela confirmera la capacité chinoise à développer une nouvelle génération de chasseurs furtifs en moins de quinze ans après le premier vol du J-20 (2011).
Pour les États-Unis et leurs alliés, cela signifie l’arrivée probable, à l’horizon 2030, d’un adversaire potentiellement équivalent au NGAD.
L’impact est aussi industriel : la Chine disposerait alors de deux lignes complémentaires de chasseurs avancés, diversifiant ses capacités et réduisant sa dépendance à un seul modèle.
Il reste cependant des zones d’incertitude :
- la maturité du moteur WS-15 pour soutenir des vols prolongés en super-croisière,
- l’intégration des systèmes de guerre électronique dans une cellule si compacte,
- la fiabilité de l’avionique et du logiciel de commandes de vol dans un appareil naturellement instable.
Ces facteurs détermineront si le J-XDS peut réellement rivaliser avec les standards occidentaux ou s’il restera un prototype technologiquement audacieux mais limité.
Un programme à surveiller
Les images récentes, bien que non confirmées officiellement, marquent une étape dans la compréhension de ce que la Chine prépare pour la prochaine décennie en matière de chasseur furtif de 6e génération.
Le design sans empennage, la vectorisation 2D, les extrémités d’ailes pivotantes et l’intégration de capteurs avancés traduisent une approche ambitieuse.
Reste à voir si Pékin sera capable de transformer ces démonstrateurs en un programme de production stable et à coût maîtrisé, capable d’équiper en nombre les régiments de l’Armée de l’Air de l’Armée populaire de libération (PLAAF).
La vitesse de progression observée sur d’autres projets chinois laisse supposer une transition plus rapide que celle qu’ont connue les programmes occidentaux, mais la réalité technique et logistique reste à prouver.
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