
L’Espagne signe un accord avec TAI et Airbus pour 30 Hürjet, avions d’entraînement supersoniques. Livraisons prévues dès 2028, renforçant la coopération industrielle.
Turkish Aerospace Industries (TAI) a conclu un partenariat stratégique avec Airbus pour exporter jusqu’à 30 Hürjet, des avions d’entraînement supersoniques, vers l’Espagne. Signé lors de l’International Defense Industry Fair (IDEF) 2025 à Istanbul, cet accord marque une étape clé pour l’intégration du Hürjet dans les forces aériennes européennes. Le contrat, attendu d’ici fin 2025, prévoit des livraisons à partir de 2028, avec une possible production locale en Espagne. Conçu pour remplacer les T-38M et NF-5A/B, le Hürjet combine des capacités d’entraînement avancées et de combat léger. Avec plus de 210 vols d’essais et une vitesse dépassant Mach 1, il démontre sa maturité technologique. Ce partenariat renforce la position de la Turquie comme acteur majeur de l’industrie aéronautique de défense en Europe.
Contexte et importance de l’accord avec l’espagne
Le 24 juillet 2025, Turkish Aerospace Industries (TAI) et Airbus ont signé un accord stratégique lors de l’International Defense Industry Fair (IDEF) à Istanbul pour exporter jusqu’à 30 Hürjet vers l’Espagne. Cet accord, officialisé après un protocole d’entente signé en mai 2025 avec le ministère espagnol de la Défense, marque une avancée significative pour la Turquie dans le secteur de l’aéronautique militaire. Le Hürjet, un avion d’entraînement supersonique et de combat léger, est destiné à remplacer la flotte vieillissante de Northrop F-5M de l’Armée de l’air espagnole, utilisée pour la formation des pilotes d’Eurofighter Typhoon et d’EF-18M Hornet. L’accord stipule une possible production locale en Espagne, impliquant des entreprises espagnoles sous la coordination d’Airbus, ce qui renforce les liens industriels entre les deux pays.
Cet accord intervient dans un contexte où l’Espagne cherche à moderniser ses capacités de formation aérienne. Avec 19 F-5M acquis dans les années 1960, la flotte actuelle est obsolète, incapable de répondre aux exigences des avions de combat modernes. Le Hürjet, avec ses avioniques avancées et sa capacité à atteindre 1,4 Mach, offre une solution adaptée. Selon les données disponibles, le contrat final devrait être signé d’ici fin 2025, avec des livraisons prévues à partir de 2028. Cette coopération illustre une volonté commune de renforcer les relations bilatérales dans le domaine de la défense aéronautique, tout en positionnant la Turquie comme un acteur compétitif sur le marché européen.
Caractéristiques techniques du hürjet
Le Hürjet est un avion d’entraînement supersonique biplace à moteur unique, conçu par TAI pour répondre aux besoins de formation des pilotes de chasse modernes et pour des missions de combat léger. Lancé en juillet 2017, il vise à remplacer les T-38M et NF-5A/B de l’Armée de l’air turque. Son premier vol a eu lieu le 25 avril 2023, et il a depuis effectué plus de 210 vols d’essais, accumulant environ 120 heures de vol. Ces tests incluent des vols à vitesse supersonique (jusqu’à Mach 0,9 à 9 144 mètres d’altitude), des manœuvres à haute incidence et des essais d’armement.
Le Hürjet intègre des technologies avancées, notamment une interface homme-machine (HMI) optimisée pour réduire le temps de transition vers des avions de cinquième génération comme le F-35 ou le futur KAAN turc. Il est équipé d’un moteur General Electric F404-GE-102, dont l’assemblage, l’inspection et la maintenance seront partiellement réalisés en Turquie par Turkish Engine Industries (TEI). Avec une vitesse maximale de 1,4 Mach et une capacité à opérer à des altitudes allant jusqu’à 13 716 mètres, le Hürjet offre des performances comparables à des concurrents comme le Boeing T-7A Red Hawk ou le Leonardo M-346. Son coût d’exploitation, estimé à environ un tiers de celui d’un F-16, en fait une option économique pour les forces aériennes.

Impact sur l’industrie aéronautique turque
Cet accord marque une étape décisive pour l’industrie aéronautique turque, qui cherche à s’imposer comme un acteur majeur sur la scène internationale. La Turquie, à travers TAI, a investi massivement dans le développement de technologies indigènes pour réduire sa dépendance aux plateformes étrangères. Le Hürjet, conçu intégralement par des ingénieurs turcs, incarne cette ambition. Avec plus de 15 200 employés en 2023, dont 6 000 ingénieurs, TAI dispose d’une capacité industrielle significative, occupant 5 millions de mètres carrés à Kahramankazan, près d’Ankara.
L’exportation de 30 Hürjet vers l’Espagne représente la première commande européenne confirmée pour cet avion, renforçant la crédibilité de la Turquie dans la production d’avions militaires. Selon Mehmet Demiroğlu, PDG de TAI, cet accord illustre la maturité technologique de l’industrie turque. En outre, la collaboration avec Airbus, leader européen employant 14 000 personnes en Espagne, permet à la Turquie de s’intégrer dans les chaînes de production européennes. Cela pourrait ouvrir la voie à d’autres contrats avec des pays de l’OTAN, notamment en Afrique du Nord ou en Amérique latine, où l’Espagne exerce une influence culturelle et institutionnelle.
Conséquences pour la coopération bilatérale turco-espagnole
L’accord entre TAI, Airbus et le ministère espagnol de la Défense dépasse le cadre d’une simple transaction commerciale. Il s’inscrit dans une stratégie de coopération industrielle visant à renforcer les liens entre la Turquie et l’Espagne, deux membres de l’OTAN. La production locale en Espagne, impliquant des entreprises comme Airtificial pour la fabrication de composants de contrôle de vol, garantit une participation active de l’industrie espagnole. Cela répond aux exigences du ministère espagnol, qui insiste sur l’intégration de contenu local pour soutenir la souveraineté industrielle du pays.
Ce partenariat pourrait également avoir des retombées économiques significatives. En Espagne, l’industrie aéronautique représente un secteur clé, avec Airbus comme principal employeur. La production de Hürjet pourrait créer des emplois supplémentaires et stimuler l’innovation dans des domaines comme les systèmes d’entraînement intégrés. Pour la Turquie, cet accord renforce sa position comme fournisseur de systèmes de défense compétitifs, réduisant sa dépendance aux importations américaines ou européennes. Cependant, des défis subsistent, notamment la nécessité d’aligner le Hürjet sur les normes strictes de l’OTAN en matière de communication, d’identification et de logistique.
Perspectives pour le marché mondial des avions d’entraînement
Le marché mondial des avions d’entraînement avancés est en pleine croissance, estimé à environ 5,2 milliards d’euros en 2025, selon des analyses sectorielles. La demande est tirée par la nécessité de remplacer des flottes vieillissantes, comme les T-38 Talon ou les F-5, et de préparer les pilotes aux avions de cinquième génération. Le Hürjet se positionne comme un concurrent sérieux face à des plateformes comme le Boeing T-7A, le KAI T-50 ou le Leonardo M-346, grâce à son coût d’exploitation réduit et ses performances supersoniques.
L’accord avec l’Espagne pourrait servir de catalyseur pour d’autres exportations. TAI cible déjà des marchés en Afrique du Nord, comme l’Égypte, où elle a déjà assemblé 46 F-16 dans les années 1990, et en Asie du Sud-Est, où des pays comme l’Indonésie montrent un intérêt. La certification aux normes OTAN et la collaboration avec Airbus renforcent la crédibilité du Hürjet sur ces marchés. À long terme, cet accord pourrait également ouvrir la voie à des projets conjoints, comme le développement d’une version navale du Hürjet pour le porte-avions turc TCG Anadolu.
Défis et limites à anticiper
Malgré son potentiel, l’exportation du Hürjet vers l’Espagne comporte des défis. La personnalisation pour répondre aux besoins spécifiques de l’Armée de l’air espagnole, comme l’intégration de systèmes compatibles avec l’Eurofighter Typhoon, nécessitera des ajustements techniques complexes. De plus, la production locale en Espagne pourrait augmenter les coûts, estimés à environ 20 millions d’euros par unité, selon des comparaisons avec des avions similaires. La coordination entre TAI et Airbus devra également éviter les retards dans le calendrier de livraison, fixé à 2028.
Un autre défi réside dans la concurrence internationale. Des avions comme le T-7A Red Hawk, soutenu par Boeing, ou le M-346, déjà bien établi en Europe, pourraient limiter l’expansion du Hürjet. Enfin, des tensions géopolitiques, comme les différends entre la Turquie et certains membres de l’OTAN sur des questions comme l’achat de systèmes russes S-400, pourraient compliquer les futures collaborations.
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