
Une bombe russe guidée UMPB-5 frappe Kharkiv à distance, blessant 33 civils. Une nouvelle menace pour les défenses ukrainiennes déjà sous pression.
La Russie a utilisé pour la première fois la bombe guidée UMPB-5, un engin de 250 kg équipé d’un système de guidage inertiel, lors d’une frappe contre Kharkiv. Tirée à environ 100 km par un Su-34, cette munition a atteint une zone industrielle et un quartier résidentiel, blessant plus de 30 civils, dont des enfants et un nourrisson. L’attaque souligne l’augmentation de la portée des armes russes et la difficulté croissante pour l’Ukraine à intercepter ces engins. Les autorités ukrainiennes qualifient cet acte de possible crime de guerre, tandis que les appels à un renforcement des défenses aériennes se multiplient.
Une nouvelle arme russe testée à Kharkiv
Le 24 juillet 2025, les forces russes ont tiré deux bombes UMPB-5 sur la ville de Kharkiv depuis la région russe de Belgorod, à environ 100 kilomètres. L’attaque a été menée par un avion Su-34 et a visé à la fois une infrastructure industrielle civile et un quartier résidentiel, selon le parquet régional de Kharkiv. Il s’agit de la première utilisation confirmée de cette bombe en opération réelle.
La frappe a provoqué des incendies, endommagé plusieurs bâtiments et détruit des véhicules stationnés. Le parquet précise que le point d’impact montre une utilisation délibérée contre des zones non militaires. Cette nouvelle munition guidée confirme un élargissement des cibles, avec des objectifs civils désormais régulièrement visés.
Caractéristiques techniques de la bombe UMPB-5
La UMPB-5 se distingue par sa charge explosive de 250 kilogrammes, comparable aux bombes à haute capacité explosive standard utilisées par l’aviation. Toutefois, son coffrage métallique renforcé, plus épais que celui de la précédente UMPB D-30, aggrave les effets de fragmentation. Les blessures causées sont donc plus étendues, même à distance du point d’impact.
La bombe est équipée d’un système de guidage inertiel, complété par des surfaces de contrôle aérodynamique, lui permettant de glisser vers sa cible après son largage. Sa portée est estimée à environ 100 kilomètres, ce qui la rend utilisable hors de portée de la plupart des systèmes de défense ukrainiens, y compris les batteries NASAMS ou Buk-M1.
Ce modèle appartient à la famille des bombes planantes russes, développée depuis 2022 pour compenser l’absence d’avions furtifs. La précision de ces armes reste élevée avec une marge d’erreur évaluée entre 7 et 15 mètres, selon les données disponibles. Cette évolution montre la volonté de Moscou d’intensifier l’usage d’armements à bas coût avec forte efficacité destructrice.

Un bilan humain lourd et des dégâts civils importants
Selon les premières estimations, l’attaque aurait blessé 33 personnes, dont 4 enfants. Parmi les victimes figurent une fillette de 10 ans, un nourrisson de 28 jours, une femme enceinte, ainsi qu’un garçon et une fille de 17 ans. Plusieurs souffrent de traumatismes psychologiques sévères liés à la détonation et à l’impact de l’explosion.
Les secours ont dénombré plusieurs habitations endommagées, dont 17 immeubles collectifs et 3 maisons individuelles. Des véhicules privés ont été incendiés ou touchés par les débris. Un site industriel civil, une sous-station électrique et un bâtiment administratif ont également été affectés. Le cratère provoqué par l’explosion souligne la puissance de l’engin.
Les autorités locales et les forces de défense civile ont sécurisé la zone dans l’heure suivant l’attaque. L’impact psychologique sur les résidents est jugé majeur, d’autant que les frappes russes s’intensifient depuis juin, notamment sur les villes proches de la ligne de front.
Une stratégie de frappe à distance face aux défenses ukrainiennes
Le développement de munitions comme la UMPB-5 traduit une stratégie d’usure adoptée par Moscou. Le recours à des bombes guidées planantes permet à l’armée russe de frapper sans entrer dans l’espace aérien contrôlé par l’Ukraine. Ces engins offrent une solution peu coûteuse, mais difficile à intercepter.
Selon les données compilées par l’état-major ukrainien et les organismes d’analyse occidentaux, la Russie aurait utilisé plus de 3 000 bombes guidées similaires (type UMPK et D-30SN) entre janvier et mai 2024. Le rythme de production estimé serait de 500 à 700 unités par mois, en fonction des capacités des usines russes de munitions.
La portée des UMPB-5 les met hors d’atteinte de nombreuses batteries de défense terrestre, notamment celles de l’armée ukrainienne disposant encore principalement de systèmes S-300 ou Buk-M1 vieillissants. Cela impose une dépendance accrue aux systèmes occidentaux modernes comme le Patriot, ou aux systèmes de brouillage électromagnétique fournis par l’Allemagne et les États-Unis.
Conséquences juridiques et réactions internationales
Le parquet de Kharkiv a ouvert une enquête pour crime de guerre sur la base de l’usage d’armes guidées contre des objectifs non militaires. Les preuves réunies (vidéos de surveillance, fragments de munitions, témoignages) doivent étayer une procédure potentielle devant des juridictions internationales.
La pression monte sur les partenaires européens et nord-américains pour fournir rapidement des systèmes de défense adaptés. Le président ukrainien et le ministre de la Défense ont insisté, dans leurs déclarations publiques, sur la nécessité urgente d’obtenir des moyens capables de neutraliser des munitions planantes, en particulier dans les zones urbaines.
Cette attaque est interprétée comme une tentative de la Russie de démontrer sa capacité de projection de puissance aérienne, tout en contournant les contraintes liées à l’aviation habitée en zone contestée. Elle reflète aussi la difficulté croissante de l’Ukraine à protéger sa population civile face à l’évolution technologique des frappes russes.
Une évolution préoccupante du théâtre aérien
La frappe du 24 juillet met en évidence une rupture opérationnelle dans l’équilibre aérien régional. En misant sur des munitions planantes de longue portée et à faible coût, Moscou limite les risques pour ses pilotes tout en multipliant les frappes contre des villes et infrastructures civiles.
Si les UMPB-5 venaient à être produites en série, l’Ukraine devrait envisager de repenser sa stratégie de défense : renforcement de la couverture radar, développement de capacités de brouillage autonomes, et acquisition de capteurs thermiques capables de repérer les vols à basse altitude.
En parallèle, la guerre psychologique induite par ces frappes, qui ciblent des zones habitées, alourdit le fardeau logistique et social ukrainien. Le coût humain dépasse les dommages matériels, en instaurant une insécurité permanente dans les grandes villes proches de la frontière.
Sans amélioration rapide de ses défenses antiaériennes, l’Ukraine pourrait voir se multiplier ce type d’attaques avec des conséquences stratégiques et humanitaires majeures.
Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.