La RESCO inédite de « Volfa » 25 après l’éjection d’un AWACS

La RESCO inédite de « Volfa » 25 après l’éjection d’un AWACS

Du 6 au 7 octobre 2025, l’AAE a conduit en Corrèze une mission RESCO grandeur nature simulant l’éjection d’un équipage d’AWACS, testant manœuvre, C2 et interopérabilité.

En résumé

Entre le 6 et le 7 octobre 2025, l’Armée de l’Air et de l’Espace a orchestré en Corrèze une mission de recherche et sauvetage au combat de grande ampleur dans le cadre de « Volfa » 25. Le scénario reposait sur l’éjection d’un équipage d’AWACS en zone hostile et la mise en œuvre d’une chaîne complète de RESCO : localisation, sécurisation, extraction et évacuation vers un point d’appui. Cette séquence s’inscrit au cœur d’un exercice national interarmées et interalliés réunissant environ 50 aéronefs et plus de 1 000 personnels, étalé du 22 septembre au 10 octobre sur une douzaine de bases françaises. Au-delà de la dimension spectaculaire, l’intérêt opérationnel était majeur : tester le C2 du CDAOA, l’intégration des effets (lutte antiaérienne, guerre électronique, ravitaillement), l’interopérabilité avec les partenaires OTAN, et la robustesse logistique (points d’appui avancés comme Périgueux-Bassillac). L’opération a validé des procédures clés pour extraire un équipage volumineux, sous menace, et sur terrains complexes, tout en capitalisant des retours d’expérience pour les engagements de haute intensité.

L’opération RESCO au cœur de « Volfa » 25

Le scénario et le tempo de l’action

Le cœur de la manœuvre était simple et exigeant : un AWACS en difficulté, un équipage éjecté, et une zone au caractère « hostile » à fouiller, sécuriser et dégager. Programmée sur 48 heures, l’action a été conduite sur les plateaux de Corrèze, mobilisant des moyens aériens et terrestres pour localiser, protéger puis extraire les survivants dans un créneau resserré. L’objectif : dérouler, en conditions réalistes, l’intégralité de la chaîne RESCO, du premier contact à l’évacuation vers un point d’appui.

Le choix d’un équipage AWACS comme cas d’école

Choisir un AWACS n’est pas anodin : sa valeur C2 en fait une cible prioritaire et son équipage, plus nombreux qu’un chasseur, complexifie la récupération (multiplication des points de chute, dispersion, synchronisation des extractions). Les contraintes de sécurisation périphérique et de couverture aérienne deviennent déterminantes, tout comme la coordination radio, la gestion des signaux de détresse et la déconfliction des flux aériens.

Les moyens engagés et la manœuvre aéromobile

Les vecteurs d’extraction et les appuis aériens

La brique d’extraction a reposé sur des hélicoptères dédiés à la RESCO (type Caracal H225M), capables de poser/treuiller de nuit, très bas, et sous menace. Cette composante a été articulée avec des avions de transport tactique (A400M, C-130, CN-235) pour l’acheminement des équipes, le ravitaillement des points d’appui et l’évacuation sanitaire simulée. Des images prises à l’aéroport de Périgueux-Bassillac montrent un CN-235 en rotation d’évacuation et deux Caracal assurant les liaisons avec la Corrèze, illustrant la boucle d’extraction « terrain – point d’appui – base ».

La protection, la bulle aérienne et le ravitaillement

Autour du « package » RESCO, la bulle de protection a combiné couverture de chasse, lutte sol-air amie et flux logistiques. « Volfa » 25 a justement servi de laboratoire pour des ravitaillements à basse altitude, de jour comme de nuit, et des missions de ciblage dynamique pilotées depuis le centre de commandement, améliorant la permanence de la bulle et la réactivité face aux menaces évolutives. L’enjeu : tenir la « fenêtre RESCO » assez longtemps pour regrouper, médicaliser et extraire l’ensemble des survivants, malgré l’incertitude tactique.

La coordination interarmées et interalliés

L’intégration CDAOA et les effets multi-champs

Piloté par le CDAOA, « Volfa » 25 est conçu pour agréger des effets simultanés : supériorité aérienne locale, brouillage, ciblage dynamique, défense sol-air amie, et synchronisation des vols. La planification a intégré une dispersion des moyens sur de multiples bases, en cohérence avec des concepts de déploiement agile, tout en maintenant une image de situation cohérente au profit de la chaîne RESCO. Cette orchestration est déterminante pour éviter la saturation du volume de combat autour de l’extraction.

Les partenaires OTAN et la répartition des rôles

L’édition 2025 a réuni des équipages et aéronefs de plusieurs alliés OTAN, dont des Tornado italiens, des F-16 grecs, un CC-130 canadien et un A400M britannique. Cette diversité a permis de tester l’interopérabilité en conditions réalistes : communications, procédures d’appui, relais logistiques et partage de renseignement, indispensables quand la RESCO s’effectue sous pression.

La RESCO inédite de « Volfa » 25 après l’éjection d’un AWACS

Les défis tactiques propres au sauvetage d’un AWACS

Une cible à forte valeur et un équipage dispersé

Un AWACS assure la veille aérienne, le contrôle et l’alerte avancée ; sa perte dégrade immédiatement la connaissance de la situation et la conduite des opérations. Sauver ses opérateurs est donc critique, mais la dispersion post-éjection complique la localisation et impose une montée en puissance rapide : patrrouilles de chasse, reconnaissance, relais radio, et engagement progressif des hélicoptères d’extraction quand la menace est contenue.

La menace sol-air et la gestion des capteurs

Sur terrains bocagers et reliefs mesurés, la menace sol-air demeure structurante. Elle impose de combiner suppression/évitement, routes très basses, vitesse et furtivité électromagnétique relative (discipline d’émission). La boucle capteurs-effets (radars, liaisons de données, pods optroniques) soutient la détection des survivants, le suivi des équipes au sol et la sécurisation de la zone d’extraction. « Volfa » 25 a précisément pour but de roder ces enchaînements, dans un ciel encombré et sous contrainte temporelle.

Les ancrages terrain et la logistique de théâtre

Les points d’appui avancés en Dordogne et en Corrèze

La conduite d’une RESCO crédible nécessite des points d’appui avancés pour le carburant, la médicalisation et la remise en condition des équipages. Dans « Volfa » 25, l’aéroport de Périgueux-Bassillac a joué un rôle logistique, tandis que la préfecture a signalé au public la poursuite des manœuvres en Corrèze jusqu’au 7 octobre, rappelant les consignes de sécurité. Ces éléments confirment l’architecture « terrain d’exercice – point d’appui – bases principales » propre aux opérations de haute intensité.

La circulation aérienne et les ZRT/ZDT

L’ampleur de l’exercice a entraîné la création de zones réglementées temporaires et de couloirs spécifiques affectant plusieurs aérodromes selon des créneaux définis. Ce dispositif limite l’impact sur l’aviation générale tout en offrant aux équipages un environnement réaliste, avec déconfliction verticale et latérale, et contraintes d’activation coordonnées.

La place de « Volfa » 25 dans la préparation à la haute intensité

Le continuum entraînement–dissuasion

« Volfa » 25 est l’exercice-pilier de la préparation de l’AAE, aligné sur la montée en puissance des entraînements OTAN en espace contesté. L’édition 2025 s’est déroulée du 22 septembre au 10 octobre, sur 12 bases, avec environ 50 aéronefs et plus de 1 000 personnels. Elle a mis l’accent sur les ravitaillements à basse altitude et le ciblage dynamique, en complément des séquences dédiées à la dissuasion menées la semaine précédente. Ce continuum illustre la culture de préparation « du secours au combat » jusqu’à la gestion de crises majeures.

Les retours d’expérience prioritaires

Parmi les enseignements saillants : le besoin de standardiser encore les procédures de recueil multi-sites pour des équipages nombreux ; l’importance de la permanence de la bulle de protection (allonge, cycles de ravitaillement, relève chasse) ; la validation des relais logistiques avancés ; et l’optimisation des liaisons de données pour fluidifier la situation tactique partagée au profit des équipes au sol et des vecteurs d’extraction. Ces axes alimenteront les prochains cycles de tir, de vol tactique et d’entraînement RESCO.

La valeur opérationnelle d’un cas d’école exigeant

Un gain concret pour la chaîne RESCO

La mise en scène d’une éjection d’AWACS force la chaîne à traiter un cas complexe : multiples survivants, dispersion, menace persistante, pression temporelle. L’orchestration interarmées et interalliés, l’usage des points d’appui avancés et l’emploi combiné des transports tactiques et des hélicoptères d’extraction confèrent une valeur d’entraînement supérieure, immédiatement exploitable en opérations.

Une trajectoire d’amélioration continue

La prochaine marche portera sur l’intégration plus poussée des effets cyber et électromagnétiques, la simulation de menaces sol-air plus denses, et l’extension de la manœuvre à des théâtres plus vastes avec des fenêtres RESCO plus courtes. La combinaison des savoir-faire validés sur « Volfa » 25 et l’expérience acquise sur les exercices OTAN permettra d’accélérer encore la préparation opérationnelle de l’AAE.

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