Défense antiaérienne: intercepter les drones et missiles russes

Défense antiaérienne: intercepter les drones et missiles russes

L’Ukraine déploie des Patriots, NASAMS, et IRIS‑T, contre les missiles russes : taux d’interception de 90 %+, blindage des infrastructures critiques.

Depuis l’invasion russe de 2022, l’Ukraine subit en moyenne plusieurs dizaines de frappes aériennes par jour. Employées : drones kamikazes, missiles de croisière, missiles balistiques à courte portée. Pour y faire face, l’Ukraine a reçu un large éventail de systèmes de défense aérienne fournis par l’OTAN : Patriot, NASAMS, IRIS‑T, complétés par des solutions nationales comme le FrankenSAM et le système S‑300 récupéré. Ces outils combinés avec des innovations ukrainiennes en détection, en traitement de données et guerre électronique augmentent l’efficacité globale. Certains systèmes, comme NASAMS, affichent un taux de succès très élevé. Malgré cela, les missiles balistiques courts posent un défi majeur : vitesse élevée, trajectoire condensée, interception plus complexe.

Défense antiaérienne: intercepter les drones et missiles russes

L’efficacité du système NASAMS et ses performances opérationnelles

Le système NASAMS, développé conjointement par Kongsberg (Norvège) et Raytheon, est un système de défense aérienne à moyenne portée, utilisant le missile AMRAAM, la version ER, IRIS‑T ou AIM‑9X. Fin 2024 l’Ukraine disposait d’environ 8 à 12 batteries NASAMS, chacune comprenant plusieurs véhicules lanceurs et radars Sentinel AN/MPQ‑64F1.

Début 2025, ce système avait intercepté environ 900 menaces aériennes (drones, missiles de croisière) avec un taux de réussite de 94 %. En moyenne, 60 % des menaces neutralisées étaient des missiles de croisière sophistiqués comme Kh‑101, Kalibr, Iskander‑K, Kh‑59 ou Kh‑69. Un engagement en avril 2025 a vu 11 missiles interceptés en moins de deux minutes par une unité dirigée par un opérateur ukrainien renommé.

Grâce à une architecture ouverte, NASAMS peut exploiter plus de 30 modèles de radars et différents types de missiles. Cette modularité permet d’intégrer des radars Sentinel, TRML‑4D ou des missiles IRIS‑T, optimisant ainsi la couverture tout en simplifiant la logistique et la maintenance. L’atout principal en Ukraine serait sa capacité à interdire les missiles de croisière en masse, tout en restant mobile et rapide à déployer autour de Kiev ou d’infrastructures stratégiques.

La contribution du système Patriot face aux menaces balistiques

Le MIM‑104 Patriot demeure le seul système occidental capable d’intercepter des missiles balistiques hypersoniques comme le Kh‑47M2 Kinzhal. L’Ukraine a reçu au moins six batteries Patriot provenant des États‑Unis, de l’Allemagne, des Pays‑Bas, de la Roumanie, avec deux autres attendues de l’Allemagne et d’Israël en 2025.

Le Patriot est déployé principalement autour de Kyiv. En 2023, il a intercepté un missile Kinzhal lors d’un raid nocturne, marquant une première opérationnelle de ce type pour l’Ukraine. Il a également abattu plusieurs avions Su‑34 russes dans l’oblast de Bryansk.

Cependant, des frappes bien coordonnées d’Iskander‑M russes ont endommagé des batteries Patriot en 2024 et 2025. En mai 2025, l’Armée ukrainienne a signalé que des missiles Iskander, dotés de manœuvres finales et de leurres, ont réussi à tromper certains systèmes Patriot, détruisant radars et véhicules lanceurs.

Le rôle des systèmes IRIS‑T et autres outils complémentaires

Le système IRIS‑T SLM, fourni par l’Allemagne, offre une couche supplémentaire de défense contre drones et missiles de croisière à moyenne portée. D’après Diehl Defense, ce système a atteint un taux de presque 100 % de frappes réussies, avec 240 neutralisations documentées fin 2024. Lors d’un engagement, une unité IRIS‑T a intercepté 8 missiles en 30 secondes, démontrant une capacité multi-cible élevée.

D’autres systèmes utilisés comprennent le FrankenSAM, adaptation locale du Buk ukrainien modifié pour tirer des missiles Sea Sparrow ou Sidewinder. Ce bricolage tactique a permis d’abattre des drones Shahed dès janvier 2024. Des systèmes S‑300 hérités ont aussi été activés sur certaines zones. Les systèmes à courte portée comme le 9K38 Igla ont également touché des drones et avions de frappe en début de guerre.

Les limites actuelles et levier de progression opérationnelle

Globalement, le taux global d’interception combinée jusqu’en octobre 2024 était d’environ 84 %, selon une étude CSIS. Malgré cela, la défense rencontre des défauts sur les missiles balistiques à courte portée : le temps de réaction est court, la trajectoire rapide. Les systèmes Patriot ne sont pas encore suffisants en nombre, et les Patriot interceptent moins efficacement les Kinzhal récents.

En outre, certaines zones du pays restent peu protégées. Des rapports récents indiquent que dans certaines régions le taux de destruction des drones est tombé à 30 %, du fait de tactiques russes visant à fatiguer les stocks d’intercepteurs ukrainiens.

Défense antiaérienne: intercepter les drones et missiles russes

Recommandations techniques et perspectives d’optimisation

Pour renforcer la défense ukrainienne, plusieurs pistes pragmatiques émergent :

  • Augmenter le déploiement de batteries Patriot, notamment pour couvrir les axes de missiles balistiques.
  • Accroître l’intégration entre NASAMS et systèmes courts comme Hawk ou FrankenSAM, en utilisant une commande commune comme la Digital Command Post inspirée de NASAMS.
  • Améliorer la logistique et les stocks de missiles, car la production de Patriot est limitée à environ 600 unités par an.
  • Optimiser l’utilisation des radars multi-systèmes adaptables notamment pour les zones urbaines.
  • Développer des capacités de guerre électronique en complément pour augmenter le taux d’interception sans consommer de missiles.

Ces approches combinées permettraient de maintenir un taux d’interception élevé, même face à des salves mixtes de missiles balistiques, croisière et drones.

Les systèmes de défense de l’Ukraine témoignent d’une résilience notable : NASAMS neutralise 94 % des menaces, IRIS‑T atteint quasiment 100 %, et Patriot reste la seule solution viable contre les missiles balistiques rapides. Pourtant, les menaces évoluent : Iskander‑M, Kinzhal, drones kamikazes sophistiqués testent les systèmes. Pour un spécialiste, la clé repose sur l’intégration des couches de défense, la modularité des plateformes, et l’efficience des stocks d’intercepteurs, afin de ne pas s’épuiser face à une campagne prolongée.

Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.

A propos de admin 1831 Articles
Avion-Chasse.fr est un site d'information indépendant dont l'équipe éditoriale est composée de journalistes aéronautiques et de pilotes professionnels.