
Des J-16 de la PLAAF auraient intercepté en 2024 deux avions furtifs étrangers au-dessus de la mer de Chine méridionale, illustrant la montée des tensions régionales.
En résumé
Un rapport du South China Morning Post a révélé que des chasseurs J-16 de la People’s Liberation Army Air Force (PLAAF) ont intercepté et contraint à rebrousser chemin deux avions furtifs étrangers – probablement américains ou alliés – lors d’incidents survenus en 2024 au-dessus de la mer de Chine méridionale. L’événement met en lumière le rôle central du J-16 dans la défense aérienne chinoise, capable de détecter et de dissuader des intrusions d’appareils avancés tels que le F-35 ou le F-22. Cet épisode illustre l’intensification de la compétition stratégique dans cette zone maritime disputée, où se croisent les forces aéronavales des États-Unis et de leurs alliés face à la montée en puissance de la Chine. Il soulève aussi des interrogations sur les limites technologiques des chasseurs furtifs lorsqu’ils opèrent dans des environnements saturés de capteurs et sous haute surveillance.
Un incident révélateur des tensions régionales
Selon le South China Morning Post, deux interceptions auraient eu lieu en 2024, impliquant des avions furtifs étrangers pénétrant des zones que Pékin considère comme relevant de sa défense aérienne. La Chine revendique une grande partie de la mer de Chine méridionale, où transitent chaque année plus de 3 000 milliards de dollars de marchandises. Ces revendications sont contestées par plusieurs États riverains et ne sont pas reconnues par le droit international, mais elles constituent le cœur de la politique de défense chinoise dans la région.
La présence régulière d’avions de reconnaissance américains et alliés – tels que les P-8 Poseidon, RC-135 et parfois des chasseurs furtifs – reflète la volonté de Washington de garantir la liberté de navigation et de survol dans cette zone stratégique. Les interceptions de 2024, non confirmées par le Pentagone, témoignent néanmoins de la friction croissante entre les patrouilles américaines et les forces chinoises, désormais mieux équipées et plus réactives.
Le J-16, pilier des interceptions chinoises
Le Shenyang J-16 est un chasseur multirôle biplace de génération 4,5 dérivé du Su-30MKK russe, mais largement modifié par l’industrie chinoise. Entré en service en 2015, il est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux vecteurs de défense aérienne de la PLAAF.
Le J-16 est équipé d’un radar AESA indigène, de moteurs WS-10B plus fiables que les versions initiales, et de systèmes de guerre électronique modernes. Il peut emporter une large gamme d’armements air-air tels que les PL-15 (portée estimée à plus de 200 km) et PL-10 pour le combat rapproché.
La cellule du J-16 n’est pas furtive, mais sa combinaison de capteurs longue portée et de systèmes de guerre électronique lui permet d’intercepter des cibles à distance. Sa capacité à coopérer avec d’autres plates-formes – avions d’alerte avancée KJ-500, radars au sol et réseaux de données tactiques – compense en partie le déficit de furtivité et en fait un atout clé pour contrer les intrusions.
Les défis posés par la détection des avions furtifs
Les interceptions de 2024 mettent en évidence l’évolution des capacités de détection chinoises. Les chasseurs furtifs comme le F-35 Lightning II ou le F-22 Raptor sont conçus pour réduire leur signature radar, mais ils ne sont pas invisibles.
La Chine a investi massivement dans des radars à basse fréquence (VHF et UHF) et dans des réseaux de capteurs répartis sur des îles artificielles et des frégates. Ces radars sont moins précis mais plus aptes à détecter les anomalies produites par des appareils furtifs à longue distance.
Une fois détectés, ces avions doivent être suivis et désignés à des radars plus précis pour permettre le guidage de missiles air-air à longue portée comme le PL-15. L’efficacité de cette chaîne dépend de la coordination entre senseurs terrestres, navals et aériens, domaine dans lequel Pékin a fait des progrès notables au cours de la dernière décennie.
Un signal politique dans un contexte stratégique tendu
La révélation de ces incidents n’est pas anodine. Elle intervient alors que les États-Unis ont renforcé leurs patrouilles aériennes et maritimes dans le cadre de leurs engagements envers les Philippines et d’autres alliés régionaux.
Pour Pékin, ces interceptions démontrent sa capacité à défendre ce qu’il considère comme son espace souverain. Elles servent aussi de message dissuasif aux puissances extérieures qui mènent des missions de surveillance ou de présence dans la région.
Pour Washington et ses alliés, ces incidents rappellent le risque de malentendus tactiques qui pourraient dégénérer en confrontation. La multiplication de ces interactions accroît le besoin de mécanismes de communication militaire directe pour éviter les escalades accidentelles.

Le rôle des interceptions dans la doctrine chinoise
La PLAAF a progressivement accru le rythme et la complexité de ses missions d’interception et de patrouille au-dessus de la mer de Chine méridionale. Ces opérations visent à créer une bulle de déni d’accès (A2/AD) destinée à décourager les forces étrangères de s’approcher des zones revendiquées par la Chine.
Le J-16, par sa capacité à emporter des missiles longue portée et à agir sous le contrôle d’avions d’alerte avancée, est particulièrement adapté à ce rôle. Associé à des systèmes sol-air comme le HQ-9B, il contribue à une défense en profondeur conçue pour compliquer les opérations alliées dans la région.
Cette stratégie s’inscrit dans la volonté plus large de Pékin de transformer la PLAAF d’une force centrée sur la défense du territoire en une force aérienne de projection régionale, capable de soutenir les intérêts chinois dans un rayon de plusieurs milliers de kilomètres.
Les implications pour la balance militaire régionale
Les interceptions de 2024 illustrent le resserrement de l’écart technologique entre la Chine et les États-Unis en matière de défense aérienne. Si le F-35 conserve un avantage en furtivité et en connectivité, le J-16 montre que les systèmes chinois sont désormais capables de menacer des avions avancés opérant près de leurs zones de défense.
Cela oblige les forces américaines et alliées à adapter leurs tactiques, en utilisant davantage les drones de reconnaissance et en multipliant les dispositifs de brouillage pour réduire leur exposition.
Pour les pays de l’ASEAN, ces événements soulignent la fragilité de la situation régionale et la nécessité de maintenir des voies de dialogue militaire entre Pékin et Washington afin de limiter le risque d’incidents graves.
Un indicateur des évolutions futures de la guerre aérienne
Les incidents rapportés en 2024 révèlent une tendance plus large : la réduction de l’avantage stratégique offert par la furtivité dans les environnements fortement surveillés. L’intégration de réseaux de radars multibandes, de drones et de systèmes de commandement en temps réel tend à rendre plus difficile l’infiltration discrète d’appareils avancés.
Cela pourrait influencer le développement futur des chasseurs de 6e génération, qui devront conjuguer furtivité accrue, contre-mesures électroniques et guerre collaborative pour conserver un avantage significatif.
La confrontation en mer de Chine méridionale illustre ainsi l’évolution des rapports de force aériens et le rôle croissant des architectures de détection et de commandement dans l’équilibre stratégique régional.
Un épisode révélateur de la compétition sino-américaine
L’expulsion de deux avions furtifs étrangers par des J-16 chinois ne constitue pas un tournant militaire décisif, mais elle illustre la réalité d’une compétition technologique et stratégique de plus en plus ouverte.
Elle met en lumière la volonté de la Chine de défendre activement ses revendications et celle des États-Unis de continuer à tester la réactivité et les limites de Pékin dans les zones contestées.
Dans ce bras de fer, la technologie, l’entraînement des équipages et la maîtrise de l’information deviennent des facteurs déterminants, tandis que le risque d’incidents augmente à mesure que les capacités des deux camps se rapprochent.
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