Saab et Embraer finalisent la livraison des 36 Gripen E/F d’ici 2032. La FAB modernise sa flotte avec radars AESA et systèmes de guerre électronique.
En résumé
La Force Aérienne Brésilienne (FAB) prolonge son calendrier d’acquisition des chasseurs Saab F-39 Gripen E/F jusqu’en 2032. Initialement prévue pour être achevée plus tôt, la livraison des 36 appareils a été réajustée en raison de retards industriels et logistiques. Ce programme, fruit d’un partenariat entre Saab et Embraer, marque une transformation profonde de la flotte de chasse brésilienne. Les nouveaux Gripen intégreront des radars AESA, des systèmes avancés de guerre électronique et des capacités multirôles renforcées. Le contrat, évalué à environ 4,5 milliards de dollars (près de 4,2 milliards d’euros), inclut également un volet de transfert de technologie et d’assemblage local. Pour la FAB, ces livraisons progressives garantissent une montée en puissance étalée dans le temps, tout en formant pilotes et techniciens aux nouveaux standards. Ce calendrier étendu illustre les défis industriels mais confirme l’ambition brésilienne d’accéder à une aviation de chasse de 4e génération avancée.
Un calendrier étendu pour les livraisons
Le contrat signé en 2014 prévoyait la livraison de 36 Gripen E/F entre 2021 et 2027. Les ajustements récents étendent désormais ce calendrier à 2032. Plusieurs facteurs expliquent ce décalage : complexité du transfert technologique, cadence de production ralentie et ajustements budgétaires liés aux priorités de défense brésiliennes. Actuellement, une dizaine d’appareils ont déjà été livrés et intégrés au sein de la FAB. Les prochains exemplaires arriveront progressivement, garantissant une montée en puissance maîtrisée et laissant le temps nécessaire pour l’intégration complète des nouveaux systèmes. Cette flexibilité permet à l’industrie brésilienne, notamment Embraer, d’absorber efficacement les compétences liées à l’assemblage et à la maintenance.
Un saut technologique pour la FAB
Le passage au Gripen E/F représente un bond majeur pour la FAB, dont la flotte reposait auparavant sur des F-5M modernisés et sur quelques Mirage 2000 retirés en 2013. Le Gripen offre des performances supérieures avec une vitesse maximale de Mach 2, un rayon d’action de plus de 1 500 km et la capacité de ravitaillement en vol. Le radar AESA Raven ES-05 assure une détection simultanée de multiples cibles aériennes et maritimes avec une portée dépassant 200 km. Le système de guerre électronique intègre des capteurs de brouillage et d’alerte avancés, renforçant la survivabilité en environnement contesté. Enfin, la capacité multirôle permet au Gripen de remplir aussi bien des missions de supériorité aérienne que des frappes de précision, élargissant la palette opérationnelle de la FAB.

Un partenariat industriel entre Saab et Embraer
L’un des piliers du programme est le transfert de technologie. Embraer joue un rôle central dans l’assemblage local et le développement de certaines sous-structures de l’avion. Plusieurs dizaines d’ingénieurs et de techniciens brésiliens ont été formés en Suède avant de rejoindre les lignes d’assemblage au Brésil. Cette coopération vise à donner à l’industrie brésilienne une maîtrise partielle des chaînes de production et de maintenance. Elle garantit également une autonomie relative en matière de modernisation future. Pour Saab, ce partenariat consolide sa présence en Amérique latine et ouvre la voie à d’éventuelles exportations régionales du Gripen.
Un coût maîtrisé pour une flotte moderne
Le contrat initial est estimé à 4,5 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros). À l’échelle du Brésil, ce montant représente un investissement conséquent, mais jugé indispensable pour moderniser la flotte de chasse. Le Gripen se distingue par un coût d’heure de vol réduit, estimé autour de 5 000 à 7 000 dollars (4 700 à 6 600 euros), soit près de trois fois inférieur à celui d’un Rafale ou d’un F-35. Cette caractéristique s’avère décisive pour une force aérienne qui doit concilier capacités de pointe et contraintes budgétaires. Grâce à ce ratio coût/efficacité, la FAB peut déployer un nombre significatif de sorties sans peser excessivement sur son budget annuel de défense.
Un impact stratégique pour l’Amérique du Sud
L’introduction du Gripen E/F positionne le Brésil comme la force aérienne la plus moderne d’Amérique du Sud. Aucun autre pays de la région ne dispose actuellement d’un chasseur équipé de radar AESA et de systèmes de guerre électronique de dernière génération. Cette supériorité technologique accroît le poids du Brésil au sein des opérations régionales et des missions de coopération. Elle renforce également sa capacité à surveiller un territoire immense, avec plus de 8,5 millions de km², et à protéger ses ressources stratégiques, notamment dans l’Amazonie et dans la zone offshore pré-salifère. Cette modernisation crédibilise aussi la participation du Brésil à des exercices multinationaux, où l’interopérabilité avec les forces de l’OTAN ou d’autres partenaires stratégiques est recherchée.
La perspective d’une deuxième commande
Au-delà des 36 exemplaires, la FAB envisage déjà une extension du programme. Des discussions portent sur une deuxième tranche qui pourrait atteindre entre 24 et 36 avions supplémentaires à l’horizon 2035. Cette hypothèse répond au besoin de remplacer d’autres plateformes vieillissantes et d’unifier la flotte autour d’un modèle unique. Si elle se concrétise, cette commande renforcerait encore le rôle d’Embraer dans la production locale et pérenniserait la chaîne industrielle développée pour le Gripen. Elle permettrait également au Brésil de sécuriser une flotte d’une soixantaine d’appareils, dimension jugée cohérente avec ses ambitions régionales et ses engagements internationaux.
Un avenir construit sur l’interopérabilité
Le programme Gripen E/F au Brésil ne se limite pas à l’achat d’avions. Il s’agit d’un projet structurant pour la doctrine militaire brésilienne. La FAB se dote d’outils modernes, capables de communiquer avec des plateformes alliées via des liaisons de données sécurisées. Elle renforce ainsi son interopérabilité, condition indispensable pour s’intégrer dans des coalitions internationales. Le Gripen, par son équilibre entre performances, coûts et flexibilité, illustre une modernisation progressive mais solide. Si les retards de livraison traduisent les difficultés industrielles actuelles, ils ne remettent pas en cause la trajectoire de fond : doter le Brésil d’une aviation de chasse moderne et crédible, capable d’évoluer face aux menaces futures.
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