
Une antenne anti-brouillage chinoise, TDXL-KGR1101, apparaîtra sur AliExpress. Elle facilite la navigation de drones Shahed malgré les interférences GPS.
La Chine commercialise désormais une antenne anti‑brouillage 11 éléments, dénommée TDXL‑KGR1101, compatible avec BeiDou et GLONASS. Présente dans les drones kamikazes Shahed, elle permet de préserver la précision de navigation malgré des tentatives de brouillage, aggravant la menace pour les systèmes de défense. Vendue environ 3 290 USD sur AliExpress, cette technologie, accessible publiquement, pose un risque stratégique immédiat.
Contexte et objet technique du composant
Ce segment détaille le composant, ses spécifications techniques, ses capacités anti‑interférence et son usage.
L’antenne TDXL‑KGR1101, affichée sur AliExpress à environ 3 290 USD (≈ 3 050 EUR selon taux actuels), est une antenne à 11 éléments anti‑brouillage conçue pour les signaux de BeiDou BDS‑4B3 et 4S, compatibles B1I, B1C, L1, ainsi que GLONASS, avec transmission en bande L ; elle figure sur un site e‑commerce majeur.
Les unités anti‑brouillage sont agencées de façon symétrique, garantissant un gain uniforme sur tous les éléments, une large couverture angulaire en élévation élevée ou basse, un large spectre de gain, et une forte polarisation circulaire. Les ports présentent une forte isolation pour limiter les interférences croisées. L’antenne est résistante à des températures extrêmes et à la corrosion, adaptée pour des déploiements embarqués, motorisés ou marins.
Techniquement, une antenne à nombre élevé d’éléments (ici 11) renforce la capacité à résister à des bloqueurs multiples ou puissants ; l’utilisation d’une antenne CRPA (Controlled Reception Pattern Antenna) améliore la résistance au spoofing ou jamming GNSS — comme observé dans les Shahed.
Illustration concrète : selon Defense News, ces drones Shahed embarquent des charges explosives d’environ 90 kg, capables de destruction ciblée en milieu urbain. Une antenne plus sophistiquée maximise leur précision malgré les dispositifs électroniques adverses.

Impact sur la guerre électronique et la défense
Exploration de la portée stratégique, adaptation des tactiques adverses, charges financières, implications pratiques.
Cette commercialisation publique d’un composant critique représente une fracture technologique dans le domaine de la guerre électronique. Ce composant apparaît dans les Shahed, utilisés massivement par la Russie notamment, permettant la résilience aux brouillages.
Selon des rapports, l’Ukraine a détecté des drones Shahed utilisant des antennes chinoises CRPA de 8 à 16 éléments, forçant les forces ukrainiennes à accroître le déploiement de systèmes de brouillage.
Un système CRPA 11‑éléments accroît la robustesse contre les tentatives de brouillage multiples. Cela induit une hausse des coûts et de la complexité tactique du côté défenseur, car la réponse nécessite davantage de brouilleurs, réseaux de surveillance radar ou systèmes de défense rapprochée.
Chiffres clés : la production russe de drones Geran-2 / Shahed-136 pourrait atteindre 170 à 190 unités par jour, avec un stock de 6 000 drones Geran-2 et 6 000 leurres, provoquant près de 2 736 attaques en juin 2025, soit 28 743 depuis le début du conflit.
L’intégration d’unités autonomes dotées d’IA, caméra thermique, Jetson Orin, et CRPA, comme dans la version Shahed‑136 MS, complexifie encore la défense : ces drones peuvent identifier et cibler visuellement ou thermiquement, sans dépendre du GPS.
Dans ce contexte, l’apparition d’un tel composant sur un site grand public met à disposition des acteurs non étatiques ou moins surveillés une technologie avancée, aggravant les enjeux sécuritaires internationaux.
Conséquences et perspectives
Analyse des répercussions à long terme, enjeux géopolitiques, impératifs d’adaptation.
Désormais accessible à tous, y compris potentiellement à des groupes non étatiques, l’antenne TDXL‑KGR1101 met en lumière la vulnérabilité de la régulation des technologies duales, civiles et militaires. Les efforts de contrôle des exportations se heurtent à la simplicité d’achat en ligne.
Frapper aux frontières traditionnelles : l’Ukraine et ses alliés doivent multiplier les brouilleurs, réévaluer la couverture électronique, investir dans des détecteurs thermiques ou acoustiques, renforcer les protections physiques des sites stratégiques et adapter la doctrine de défense aérienne.
Sur le plan économique, même si ces drones sophistiqués coûtent 40 000 à 50 000 € pièce contre 20 000–30 000 € pour une version standard, ils restent bien moins chers qu’un missile de croisière (≈ 1 million €) tout en offrant une efficacité terminale élevée.
Géo-stratégie : cette situation illustre le niveau élevé de coopération technologique entre la Chine, l’Iran et la Russie, dans un contexte de sanctions occidentales. Le dumping technologique entraîne un déséquilibre structurel, notamment en faveur de puissances déterminées à contourner les restrictions.
À moyen terme, les défenseurs doivent déployer des systèmes de guerre électronique adaptative, diversifier leurs tactiques (radar passif, drones intercepteurs, IA de défense), renforcer la cyber-résilience, et mettre en place des accords de gouvernance technologique à l’échelle internationale pour limiter l’accès à ces composants.
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