Le drone GOBI d’Harmattan AI intercepte les menaces en vol en moins d’une minute. Analyse technique d’un système léger, autonome et opérationnel.
Le drone GOBI, développé par la startup française Harmattan AI, représente une réponse tactique à l’évolution des menaces aériennes, notamment les munitions rôdeuses de type Shahed-136. Pesant moins de 2 kilogrammes, ce système d’interception est conçu pour neutraliser une cible en moins de 60 secondes après le lancement. Doté d’une architecture autonome et intégrable dans les réseaux de commandement et de contrôle, il détecte, suit et engage les drones ennemis dans des environnements complexes. Le GOBI est issu d’une approche centrée sur l’intelligence artificielle embarquée, capable de réagir rapidement sans supervision humaine directe. Cette innovation marque une rupture dans la doctrine de défense aérienne rapprochée. En juillet 2025, Harmattan AI a décroché un contrat à plusieurs millions d’euros auprès d’un État membre de l’OTAN, moins de 15 mois après sa création, avec des livraisons prévues dès octobre.
Une réponse technique aux menaces asymétriques aériennes
L’intensification des conflits modernes, comme en Ukraine, a démontré l’efficacité des drones kamikazes à bas coût, souvent utilisés en essaim. Face à cette évolution, les défenses conventionnelles (canons antiaériens, missiles sol-air) se révèlent coûteuses, lentes et surdimensionnées pour des cibles de faible valeur. Le GOBI s’inscrit dans une logique inverse : rapidité, compacité, et action ciblée.
Une masse réduite pour une réactivité maximale
Le drone GOBI pèse moins de 2 kilogrammes. Ce choix réduit sa traînée aérodynamique et facilite son déploiement en environnement tactique, sans infrastructure lourde. Son encombrement permet le transport à l’échelle d’un peloton, et son lancement peut s’effectuer depuis un tube compact ou un rail monté sur véhicule léger.
Grâce à ses moteurs électriques à haut rendement et une électronique embarquée optimisée, le GOBI peut atteindre une cible dans un délai inférieur à une minute après la détection, ce qui réduit la fenêtre de tir de la menace adverse. Cette performance contraste fortement avec les délais de réaction des batteries antiaériennes classiques, qui nécessitent plusieurs étapes humaines avant engagement.
Un système de détection embarqué et autonome
Le GOBI n’est pas un simple projectile téléopéré. Il embarque une suite de capteurs miniaturisés – caméra infrarouge, capteur optique visible, accéléromètre inertiel – et un système de décision basé sur l’intelligence artificielle, entraîné à reconnaître les silhouettes et trajectoires de drones couramment utilisés.
L’ensemble de ces dispositifs permet au drone de détecter, identifier, poursuivre et engager une cible en temps réel, sans commande humaine continue. Cette autonomie réduit drastiquement la latence entre identification et neutralisation, ce qui est essentiel face à des munitions rôdeuses évoluant entre 150 et 200 km/h à basse altitude.
Une architecture modulaire pensée pour la guerre distribuée
L’intercepteur GOBI est conçu non seulement pour ses performances en vol, mais aussi pour sa capacité d’intégration dans des systèmes plus vastes. Sa structure logicielle et matérielle répond aux besoins actuels des forces armées occidentales, confrontées à des engagements fragmentés, complexes et en réseaux.
Une interopérabilité avec les plateformes C2 existantes
Le GOBI peut être intégré à un système de commandement et de contrôle (C2) via des protocoles de communication standards chiffrés. Cela lui permet de recevoir des données de détection issues de radars, de senseurs optiques ou de stations d’écoute électroniques. En retour, il peut partager en temps réel la localisation des cibles, sa propre trajectoire et son statut opérationnel.
Cette interopérabilité assure une synchronisation dynamique avec les autres moyens de défense (jammers, brouilleurs, missiles courte portée) et évite les tirs fratricides dans les zones densément peuplées en drones amis et ennemis. Elle permet aussi une répartition optimisée des charges de neutralisation : un GOBI n’est lancé que si l’efficacité d’une autre arme est inférieure ou non disponible.
Une plateforme logicielle évolutive
Harmattan AI a conçu son système avec une logique de mise à jour logicielle rapide, indépendamment du matériel. Le cœur du traitement repose sur un réseau neuronal embarqué, dont les couches d’apprentissage peuvent être réentraînées avec de nouveaux jeux de données (comportements ennemis, signatures thermiques, trajectoires de drones modifiés).
Cette architecture permet de maintenir la pertinence opérationnelle du GOBI face à des adversaires adaptatifs. Elle permet également d’intégrer facilement de nouvelles charges utiles (par exemple un capteur hyperfréquence ou un module de guerre électronique) selon le théâtre d’engagement.
Une percée industrielle pour un acteur émergent français
La rapidité de mise en œuvre et de contractualisation du programme GOBI illustre une dynamique industrielle rare. Fondée en avril 2024, Harmattan AI est passée du concept à la signature d’un contrat avec un pays membre de l’OTAN en moins de 15 mois, ce qui constitue un record dans l’industrie de la défense.
Un contrat structurant pour un acteur nouveau
Le contrat à plusieurs millions d’euros signé en juillet 2025 prévoit des premières livraisons dès octobre. Cette rapidité logistique s’explique par un modèle de production adapté à la guerre : chaînes flexibles, composants double usage, standardisation des pièces critiques.
Les premières séries de GOBI seront destinées à des unités opérationnelles pour protection de convois logistiques, sécurisation de zones aéroportées et défense anti-drones en périmètre fixe (bases, centrales, centres de commandement). Une série initiale de 500 unités est envisagée pour la phase de montée en charge.
Une stratégie industrielle en rupture
Harmattan AI ne repose pas sur un schéma classique d’ingénierie militaire séquentielle. L’entreprise fonctionne selon des cycles courts d’itération, avec une verticalité forte entre développement logiciel, fabrication additive et tests en conditions réelles. Cette approche, calquée sur les méthodes des start-ups civiles du secteur technologique, permet une réduction du temps entre prototype et production série.
Elle rend également possible une réponse plus rapide aux demandes urgentes des clients, notamment dans des contextes de conflit où les besoins tactiques changent d’une semaine à l’autre. Ce mode opératoire est compatible avec une production décentralisée, ce qui limite l’exposition à des ruptures logistiques en cas de crise d’approvisionnement.
Une réponse crédible aux défis des conflits modernes
Le drone GOBI ne se contente pas de répondre à une niche technologique. Il illustre une transformation du paradigme de défense antiaérienne rapprochée, en intégrant vitesse, intelligence, compacité et intégration réseau. Ces caractéristiques le rendent adapté à une large gamme de missions.
Une doctrine d’emploi en construction
Le GOBI peut être utilisé en couverture rapprochée pour des unités mobiles, en soutien de convois ou de sections engagées. Il peut aussi former une barrière dynamique anti-drones autour d’installations sensibles. En environnement urbain, il est capable de détecter des drones émergeant des bâtiments ou évoluant en basse altitude.
Il répond à la difficulté croissante d’intercepter des drones bon marché, produits en masse et utilisés à saturation. Dans ce contexte, chaque seconde compte. Le GOBI réduit drastiquement le délai d’interception, tout en évitant l’épuisement des ressources de défense stratégique (missiles sol-air lourds, canons multitube, radars haute définition).
Une logique de masse et de coût contenu
Le coût unitaire estimé du GOBI est de l’ordre de 5 000 à 7 000 euros, selon la configuration capteur/charge utile. Ce niveau de prix permet d’envisager un emploi massif, au rythme d’un drone par menace identifiée. Contrairement à des systèmes complexes à 6 chiffres l’unité, le GOBI est économiquement viable dans une guerre d’usure, en ciblant les plateformes adverses dès leur phase d’approche.
Sa compacité, sa simplicité logistique et sa modularité en font un outil opérationnel adapté aux conflits à haute intensité, là où les systèmes lourds deviennent inadaptés, vulnérables ou indisponibles.
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