Le projet de loi de finances 2026 prévoit l’achat de 60 Rafale supplémentaires, renforçant la flotte française et soutenant l’industrie de défense nationale.
En résumé
Le gouvernement français confirme, dans le cadre du projet de loi de finances 2026, la commande de 60 nouveaux avions de combat Rafale produits par Dassault Aviation. Ces appareils, issus des standards F4 et F5, porteront la flotte française à 285 exemplaires d’ici la fin de la décennie. Cette acquisition majeure consolide la souveraineté aérienne nationale dans un contexte international instable, tout en épargnant les budgets civils. L’investissement soutient également la base industrielle et technologique de défense (BITD) française, avec plus de 14 000 emplois directs chez Dassault Aviation et plusieurs milliers d’emplois induits dans la filière aéronautique. Ce choix stratégique vise à garantir la continuité des capacités opérationnelles, préparer la transition vers le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) et préserver l’autonomie stratégique de la France au sein de l’Europe de la défense.
Le projet de loi de finances 2026 inscrit dans la continuité stratégique
Une priorité donnée à la défense nationale
Le projet de loi de finances 2026 traduit une orientation claire : maintenir un effort de défense soutenu face à un environnement géopolitique instable. L’acquisition de 60 nouveaux Rafale est évaluée à environ 7,5 milliards d’euros, financée sans amputer les budgets civils, notamment ceux de l’éducation et de la santé. Cette décision illustre la volonté du gouvernement de conserver une capacité de dissuasion et d’action autonome, dans la continuité de la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, qui prévoit un budget global de 413 milliards d’euros pour les forces armées.
Cette commande supplémentaire s’inscrit dans une logique de modernisation progressive de la flotte de combat française, alors que certains Mirage 2000-5 et Mirage 2000D approchent de la fin de leur vie opérationnelle. Elle garantit également la stabilité du plan de charge industriel de Dassault Aviation, Thales, Safran et MBDA, partenaires clés du programme Rafale.
Une flotte portée à 285 exemplaires
Avec ces 60 unités supplémentaires, la France portera le nombre total de Rafale livrés ou en commande à 285 appareils, toutes versions confondues. Cette montée en puissance vise à compenser les livraisons export (Égypte, Inde, Croatie, Indonésie) qui avaient temporairement réduit le nombre d’appareils disponibles pour les forces françaises.
L’Armée de l’Air et de l’Espace devrait disposer à terme d’environ 220 Rafale, tandis que la Marine nationale en exploitera 65 sur le futur porte-avions PA-NG. Ce format permettra à la France de maintenir un niveau d’alerte élevé, avec un potentiel de projection rapide sur plusieurs théâtres d’opérations simultanément.
Le Rafale F4/F5 : la colonne vertébrale de la puissance aérienne française
Les évolutions du standard F4
Le Rafale F4, dont les premières livraisons ont débuté en 2024, intègre des capacités nettement accrues. Il bénéficie d’un système de communication sécurisé, d’une connectivité élargie (liaisons de données tactiques et satellite), d’une maintenance prédictive et de nouvelles fonctions d’intelligence artificielle embarquée. Le radar RBE2 AESA, le système de guerre électronique SPECTRA et le calculateur central EMTI/MDPU ont été modernisés pour mieux gérer la fusion de données et la gestion de mission en réseau.
Sur le plan opérationnel, le F4 est capable d’employer de nouvelles générations d’armements, dont le missile air-air Meteor, l’AASM 1000 kg ou encore les pods Talios et Reco NG. Il renforce les capacités de combat collaboratif, indispensable dans les scénarios de haute intensité où la supériorité informationnelle détermine l’issue des engagements.
Le futur standard F5 : une transition vers le SCAF
Le développement du Rafale F5 est déjà engagé, avec des livraisons prévues à l’horizon 2030-2032. Ce standard intégrera une architecture plus ouverte, facilitant l’intégration de drones d’accompagnement, les Remote Carriers, et de nouveaux algorithmes de traitement de données tactiques. Il est également conçu pour interagir avec le futur Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) franco-germano-espagnol.
Ainsi, l’investissement dans 60 nouveaux appareils permettra à la France de disposer d’un socle technologique homogène, garantissant une transition fluide entre les générations. Le Rafale restera le pivot des forces aériennes stratégiques et conventionnelles françaises pendant au moins deux décennies.

L’impact industriel et économique : une impulsion majeure pour Dassault Aviation
Une consolidation de la filière aéronautique française
Pour Dassault Aviation, cette nouvelle commande représente un signal fort et un horizon de production sécurisé jusqu’à la fin des années 2030. L’entreprise, qui emploie plus de 14 000 personnes en France, dépend pour une large part du programme Rafale, dont la cadence actuelle atteint 3 à 4 avions par mois. Cette commande permettra de maintenir cette activité sur le long terme, tout en consolidant les savoir-faire des sites de Mérignac, Argonay, Biarritz, Martignas et Saint-Cloud.
Autour de Dassault, la chaîne d’approvisionnement mobilise plus de 500 sous-traitants français, dont Thales (radar et avionique), Safran Aircraft Engines (moteur M88) et MBDA (armement). Au total, la filière Rafale soutient environ 28 000 emplois directs et indirects. L’effet multiplicateur sur les territoires est important : chaque euro investi dans le programme génère plus d’un euro de retombées économiques et fiscales en retour.
Une influence sur les exportations et la souveraineté
Cette commande nationale renforce également la crédibilité du Rafale à l’export. En affichant une confiance interne soutenue, la France envoie un signal aux acheteurs étrangers sur la pérennité du programme et sur la continuité du soutien industriel. Depuis 2015, le Rafale s’est imposé sur plusieurs marchés (Égypte, Inde, Grèce, Croatie, Indonésie), totalisant plus de 570 commandes à ce jour.
La stratégie du gouvernement vise à préserver la souveraineté industrielle française face à la concurrence américaine et européenne, tout en garantissant un autonomie stratégique sur les composants critiques. Cette approche évite toute dépendance à l’importation d’équipements sensibles et assure la maîtrise complète de la chaîne technologique.
Le contexte géopolitique : une France en quête de supériorité opérationnelle
Un environnement sécuritaire en recomposition
L’annonce intervient dans un contexte mondial tendu. Les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, la montée des tensions en mer de Chine méridionale et les menaces hybrides en Europe rappellent la nécessité d’une capacité de réponse rapide et crédible. La France, puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, se doit de disposer d’un outil de défense aérienne complet et réactif.
Le format cible de 285 Rafale permettra de tenir un rythme d’engagement soutenu : défense du territoire métropolitain, dissuasion nucléaire aéroportée, missions extérieures et participation aux coalitions internationales. L’aviation de chasse reste au cœur du modèle d’armée français, capable de projeter la puissance à plus de 3 700 km/h (Mach 1,8) et à plus de 3 700 km de rayon d’action avec ravitaillement.
Une intégration renforcée au sein de l’Europe de la défense
Au-delà de la souveraineté nationale, la France s’inscrit dans une coopération européenne de défense plus structurée. Le Rafale, présent dans plusieurs pays de l’Union, devient un vecteur d’interopérabilité et de convergence tactique. L’alignement progressif des systèmes de communication, des armements et des procédures opérationnelles facilite les déploiements conjoints et les missions coordonnées dans le cadre de l’OTAN ou de coalitions ad hoc.
Cette stratégie consolide la place du Rafale comme un standard européen, capable de rivaliser avec le F-35 américain tout en restant sous maîtrise technologique française.
Une dynamique stratégique durable
L’achat de 60 nouveaux Rafale F4/F5 constitue une étape majeure dans la modernisation des forces aériennes françaises. Il garantit la continuité des capacités de frappe, la souveraineté industrielle et la stabilité de l’emploi dans la filière aéronautique. Au-delà des chiffres, c’est la cohérence du modèle français qui se confirme : un équilibre entre puissance opérationnelle, indépendance technologique et contribution économique.
Le Rafale demeure le symbole d’une France capable d’innover, de produire et de décider seule. À l’heure où les menaces se diversifient, cette décision illustre la conviction que la supériorité aérienne reste l’un des piliers de la souveraineté nationale et de la crédibilité stratégique du pays.
Sources
Ministère des Armées – Projet de loi de finances 2026, volet Défense.
Dassault Aviation – Communiqué sur la commande nationale Rafale.
Thales Group – Fiche technique Rafale F4.
Safran Aircraft Engines – Dossier moteur M88 et perspectives F5.
Assemblée nationale – LPM 2024-2030, rapport d’exécution.
Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.