Retour des drones espions américains au-dessus de la mer Noire

Retour des drones espions américains au-dessus de la mer Noire

Un drone RQ-4B Global Hawk de l’US Air Force reprend ses vols de reconnaissance au-dessus de la mer Noire depuis la base de Sigonella.

Le 17 mai 2025, l’armée de l’air américaine a repris ses vols de reconnaissance stratégique au-dessus de la mer Noire avec un drone RQ-4B Global Hawk, après plusieurs mois d’interruption. Le drone, identifié sous l’indicatif FORTE 10, a opéré depuis la base de Sigonella en Sicile, survolant les côtes roumaines. Cette reprise marque un changement de posture américaine dans la région, après une période d’activité principalement assurée par les forces britanniques et françaises. Le Global Hawk, capable de rester en vol plus de 30 heures à haute altitude, représente un atout majeur pour les missions ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance). Cette activité s’accompagne également d’opérations navales américaines, avec notamment des vols du P-8A Poseidon à proximité des eaux russes.

Retour des drones espions américains au-dessus de la mer Noire

Une reprise des vols stratégiques dans un espace aérien sensible

Le Northrop Grumman RQ-4B Global Hawk, drone de surveillance stratégique de l’US Air Force, a été observé le 17 mai dans l’espace aérien international longeant les côtes de la Roumanie, dans le cadre d’une mission ISR au-dessus de la mer Noire. Son départ depuis la base de Sigonella (Sicile) confirme que les États-Unis réactivent leur présence aérienne stratégique dans cette zone après une suspension prolongée des vols de drones dans le secteur.

Ce type de mission était quotidien entre 2022 et 2024, mais avait été interrompu après le retour de Donald Trump à la présidence. Durant cette pause, ce sont surtout les forces aériennes du Royaume-Uni et de la France qui ont assuré la collecte de renseignement sur les mouvements russes en mer Noire.

La reprise de ces missions par les États-Unis suggère un ajustement doctrinal ou politique dans le contexte d’une détérioration des relations avec la Russie et d’un besoin accru de renseignement sur les activités militaires autour de la Crimée et du sud de l’Ukraine.

Les capacités du RQ-4B Global Hawk : une plateforme ISR endurante

Le RQ-4B Global Hawk est un drone de reconnaissance à haute altitude et longue endurance conçu pour des missions stratégiques au-delà de 20 000 mètres d’altitude. Il est doté d’un ensemble de capteurs intégrés permettant :

  • une surveillance électro-optique et infrarouge de jour comme de nuit,
  • une imagerie radar à ouverture synthétique (SAR),
  • une capacité de reconnaissance au sol sur plus de 100 000 km² par vol,
  • une autonomie de vol de plus de 30 heures, avec une vitesse de croisière d’environ 570 km/h.

L’appareil peut effectuer des missions sans interruption sur plusieurs zones de conflit simultanément, ce qui le rend stratégique pour le suivi de déplacements de troupes, de navires ou d’équipements militaires.

Il opère uniquement dans l’espace aérien international, mais peut couvrir l’ensemble du littoral de la mer Noire, de Constanța jusqu’à Novorossiïsk, et même au-delà. Sa charge utile atteint plus de 1 300 kg, exclusivement composée de capteurs et d’équipements de transmission de données en temps réel vers les centres de commandement alliés.

Une présence aérienne coordonnée avec la marine américaine

Ce retour des drones s’inscrit dans une recomposition plus large de la présence américaine dans la région. Début mai 2025, un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon de l’US Navy a été détecté à proximité du port de Novorossiïsk, l’un des principaux points d’ancrage de la Flotte russe de la mer Noire.

Le P-8A Poseidon, version militaire du Boeing 737, est équipé du radar AN/APS-137D(V)5, capable de détecter un porte-avions ou un grand navire à plus de 450 km de distance. Il peut également :

  • suivre des sous-marins en plongée à faible profondeur grâce à ses bouées acoustiques,
  • déployer des torpilles légères MK 54,
  • et transmettre en direct des informations au réseau C4ISR de l’OTAN.

L’intégration de ces moyens — drones stratégiques ISR et patrouilleurs maritimes anti-sous-marins — constitue une approche multi-domaines destinée à :

  • observer les mouvements militaires russes dans le sud de l’Ukraine,
  • sécuriser les approches navales en mer Noire,
  • et répondre aux menaces hybrides ou asymétriques dans la région.

Réactions russes et risques d’escalade

L’activité aérienne occidentale en mer Noire est régulièrement contestée par les forces russes, qui procèdent à des interceptions ou tentatives de brouillage électronique dans les zones proches de la Crimée. Plusieurs incidents notables ont eu lieu :

  • En mars 2023, un Su-27 russe avait percuté un MQ-9 Reaper américain, entraînant sa chute dans la mer Noire.
  • Des avions russes survolent parfois les zones de vol ISR à une distance inférieure à 30 mètres, ce qui accroît les risques d’incident.

Malgré cela, les appareils de l’OTAN respectent strictement l’espace aérien international, conformément aux conventions de Chicago sur l’aviation civile et militaire. Néanmoins, les vols de reconnaissance ISR sont considérés par Moscou comme des actes hostiles ou provocateurs, notamment lorsque les appareils survolent des zones proches du littoral russe.

La reprise des vols du RQ-4B pourrait donc raviver les tensions diplomatiques, d’autant plus que les capacités d’imagerie et de transmission de ce drone sont perçues comme une menace directe contre les installations militaires russes.

Retour des drones espions américains au-dessus de la mer Noire

Un repositionnement stratégique américain autour de la mer Noire

Ce retour du drone Global Hawk dans le ciel de la mer Noire signale une modification du positionnement stratégique des États-Unis après une période d’effacement relatif sous l’administration Trump. Il marque :

  • une affirmation de la posture de renseignement avancé américaine en Europe orientale,
  • une volonté de mieux anticiper les mouvements militaires russes,
  • et une coordination plus étroite avec les forces de l’OTAN dans la zone.

La base aérienne de Sigonella, point de départ du vol FORTE 10, est au cœur de ce dispositif. Elle abrite :

  • des MQ-9 Reaper,
  • des P-8A Poseidon,
  • et désormais des RQ-4B Global Hawk affectés à des missions ISR stratégiques en Europe, Afrique du Nord et Proche-Orient.

Ce regain d’activité s’inscrit aussi dans une doctrine élargie d’endiguement militaire, face à des zones grises de confrontation où les forces conventionnelles ne peuvent intervenir directement.

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