Le Pentagone accélère un programme d’un milliard pour acheter des drones kamikazes

Kamikaze drone USA

Le Pentagone lance un programme d’un milliard de dollars pour acquérir massivement des drones kamikazes. Une stratégie urgente face aux conflits modernes.

En résumé

Le département de la Défense américain a confirmé le lancement d’un programme d’un milliard de dollars destiné à acquérir des centaines de milliers de drones kamikazes, une décision qui marque une rupture dans la manière de concevoir la supériorité militaire. L’objectif est clair : adapter rapidement l’industrie américaine aux exigences des conflits modernes, où le drone consommable domine désormais la tactique de saturation, de reconnaissance avancée et de frappe de précision. Les drones kamikazes, appelés aussi munitions rôdeuses, combinent surveillance et capacité d’attaque dans un même vecteur. La demande massive témoigne d’une urgence opérationnelle liée aux enseignements tirés de la guerre en Ukraine, où ce type d’arme est devenu central. Plusieurs entreprises américaines, dont certaines spécialisées dans les micro-drones, participeront à la production. Ce programme vise autant à équiper les forces américaines qu’à soutenir les alliés qui font face à des menaces immédiates.

L’annonce d’un programme industriel d’ampleur exceptionnelle

Le Pentagone a officiellement lancé un programme d’acquisition accélérée visant à commander entre 200 000 et 300 000 drones kamikazes, pour un total d’un milliard de dollars. Une telle commande est inédite dans l’histoire récente de l’industrie militaire américaine. Elle illustre la priorité accordée aux systèmes autonomes consommables, devenus un élément central du combat terrestre et aérien.

Ce programme repose sur une logique simple : les forces armées doivent pouvoir déployer des munitions rôdeuses à grande échelle, à bas coût et en très peu de temps. Le département de la Défense souhaite créer une capacité industrielle capable de produire plusieurs dizaines de milliers d’unités par mois. Cette cadence impose une transformation profonde de la chaîne d’approvisionnement et une simplification des architectures de drones pour réduire les délais.

Les États-Unis veulent éviter la situation observée en Ukraine, où la production locale n’a pu suivre l’intensité du conflit. Cette stratégie vise donc à sécuriser des stocks capables d’être mobilisés immédiatement.

Le fonctionnement d’un drone kamikaze et ses capacités tactiques

Un drone kamikaze, également appelé munition rôdeuse, combine les fonctions d’un drone de reconnaissance et d’un missile. Il patrouille au-dessus d’une zone donnée, cherche une cible, puis plonge sur elle avec une charge explosive intégrée.

Le principe repose sur une structure légère, souvent en matériaux composites, avec une envergure variant entre 0,5 et 2 mètres selon les modèles. L’autonomie peut atteindre 30 à 60 minutes, avec un rayon d’action de plusieurs dizaines de kilomètres.

Ce type de drone embarque une caméra électro-optique, parfois infrarouge, permettant une identification précise de la cible. Une liaison de données sécurisée connecte le drone à son opérateur, mais certains modèles récents utilisent des algorithmes d’aide à la décision pour réduire la dépendance humaine, notamment lorsque le brouillage devient intense.

Le coût unitaire oscille généralement entre 1 000 et 30 000 dollars, ce qui permet d’en utiliser un grand nombre en combat sans compromettre les finances d’une armée. Ce faible coût, comparé aux missiles traditionnels, explique l’intérêt massif du Pentagone pour cette catégorie d’armes.

La raison stratégique derrière la précipitation américaine

L’urgence du programme s’explique par plusieurs facteurs.

Le premier est l’impact des drones kamikazes dans les conflits récents. L’Ukraine et le Haut-Karabakh ont démontré que des essaims de drones bon marché peuvent neutraliser des blindés, saturer des systèmes de défense ou perturber des positions logistiques. Une offensive moderne peut consommer des milliers de drones par jour.

Le deuxième facteur est l’évolution des menaces. Les États-Unis anticipent des environnements de haute intensité où leurs forces devront avancer sous la menace de missiles, de radars mobiles et de capacités de brouillage sophistiquées. Le rôle des drones kamikazes est alors de désorganiser l’adversaire avant l’arrivée des troupes.

Le troisième facteur tient à la compétition stratégique avec la Chine. Pékin produit déjà des volumes massifs de drones militaires ou dual-use. Le Pentagone souhaite combler ce retard et établir une base industrielle capable de rivaliser en cadence.

Enfin, cette précipitation répond aux besoins urgents de certains alliés. Plusieurs pays soutenus par les États-Unis pourraient être dotés de ces drones afin de renforcer leurs défenses sans déployer des forces américaines.

Les industriels sélectionnés pour produire ces drones

Le programme fait appel à un ensemble d’entreprises déjà actives dans le domaine des drones tactiques. Plusieurs noms circulent, parmi lesquels AeroVironment, connue pour le Switchblade, ainsi que des entreprises plus récentes spécialisées dans les micro-drones et les systèmes autonomes à bas coût.

AeroVironment pourrait fournir des modèles dérivés du Switchblade 300, un drone de 2,5 kg d’une autonomie de 15 minutes et capable de toucher une cible à plus de 10 km. D’autres sociétés travaillent sur des architectures encore plus simples, basées sur des composants civils adaptés à un usage militaire.

L’objectif du Pentagone est de créer une diversité de fournisseurs afin d’éviter les goulots d’étranglement. Plusieurs versions de drones devraient coexister : courte portée, moyenne portée, charge explosive renforcée ou version anti-radar.

Les industriels devront également fournir des systèmes de contrôle, des stations de lancement et des modules de communication résistants au brouillage. Le programme ne se limite donc pas aux drones : il inclut tout l’écosystème permettant leur emploi intensif.

Kamikaze drone USA

Les applications militaires des drones kamikazes dans les conflits modernes

Les drones kamikazes répondent à plusieurs besoins tactiques.

Le premier usage est l’élimination de cibles ponctuelles : véhicules blindés légers, positions fortifiées, pièces d’artillerie ou radars mobiles. Le drone rôde au-dessus de la zone jusqu’à ce qu’une occasion se présente.

Le deuxième usage est la saturation des défenses adverses. En envoyant plusieurs dizaines de drones simultanément, une force peut forcer un système anti-aérien à consommer ses munitions ou à révéler sa position.

Le troisième usage concerne l’appui des troupes au sol. Les drones peuvent frapper un nid de mitrailleuse ou une équipe antichar difficile à atteindre par des moyens traditionnels.

Le quatrième usage est stratégique : perturber la logistique ennemie, détruire des centres de commandement ou surveiller un mouvement de troupes avant une offensive.

Enfin, ces drones permettent d’éviter l’emploi de missiles plus coûteux. Dans certains cas, un drone kamikaze à quelques milliers de dollars peut neutraliser une cible qui aurait nécessité un missile à plus de 100 000 dollars.

La place du drone kamikaze dans la doctrine américaine

Les États-Unis intègrent désormais le drone kamikaze dans une vision globale du combat multi-domaines. Il ne s’agit plus seulement de doter les unités d’un outil supplémentaire, mais de repenser la manière de conduire une offensive.

Les forces spéciales, l’infanterie mécanisée et les unités d’artillerie recevront des lots dédiés de drones kamikazes. Chaque section pourrait disposer de plusieurs drones prêts à l’emploi, intégrés dans une chaîne de ciblage simplifiée.

L’armée de terre américaine prévoit aussi d’intégrer ces drones dans des essaims semi-autonomes, capables de se coordonner sans intervention humaine directe. Cette approche permettrait de déborder un adversaire en multipliant les axes d’attaque.

Dans l’armée de l’air, le drone kamikaze devient un outil complémentaire pour préparer l’entrée d’un avion piloté dans une zone disputée. Un essaim de drones pourrait identifier des radars, saturer leurs écrans ou même les neutraliser.

Le corps des Marines, très attaché à la mobilité et à l’autonomie tactique, sera l’un des premiers bénéficiaires du programme. Il souhaite disposer de milliers de drones dans ses îlots avancés du Pacifique.

Une transformation brutale mais assumée de la stratégie américaine

Le lancement de ce programme massif de drones kamikazes marque un tournant stratégique. Le Pentagone reconnaît implicitement que les futurs conflits consommeront des volumes considérables de drones, bien supérieurs à ce que permet l’industrie actuelle. Il admet aussi que la supériorité ne dépend plus uniquement de technologies complexes, mais de la capacité à produire vite, en masse et à bas coût.

L’armée américaine doit désormais concilier deux logiques : maintenir des plateformes très avancées, comme le F-35 ou le futur NGAD, et les compléter par des essaims de drones consommables qui assument les tâches les plus risquées. Ce modèle hybride pourrait devenir la norme dans la décennie à venir.

Ce programme révèle aussi une inquiétude : celle de perdre l’initiative industrielle face à des adversaires capables de produire des drones en quantité. Répondre à cette menace impose d’accélérer la cadence, de réduire les coûts et d’innover dans la simplicité.

Les États-Unis font donc un pari audacieux : transformer leur industrie pour répondre à un rythme de guerre que le monde n’avait plus connu depuis plusieurs décennies.

Sources

– Communiqués officiels du département de la Défense américain
– Données open-source sur les munitions rôdeuses
– Analyses industrielles sur la production de drones et les besoins militaires

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