Le Wright Model L est un biplan militaire américain de 1916 conçu pour la reconnaissance rapide, mais son succès commercial fut très limité.
Le Wright Model L est un biplan militaire conçu en 1916 par la Wright Company. Dernier avion bénéficiant des conseils d’un frère Wright, il visait la reconnaissance rapide. Malgré un design épuré, son manque de performance et des choix techniques peu efficaces ont limité son intérêt militaire. L’appareil n’a pas trouvé preneur, ni aux États-Unis ni à l’étranger, ce qui a marqué la fin des activités aéronautiques de la Wright Company dans la construction d’avions.
L’historique du Wright Model L
Le Wright Model L a vu le jour en 1916, à une époque où l’aviation militaire connaissait de rapides progrès sous l’effet de la Première Guerre mondiale. Conçu comme un appareil de reconnaissance rapide, qualifié à l’époque de “scout”, il fut le dernier avion à bénéficier des conseils d’un des frères Wright avant leur retrait définitif de l’industrie aéronautique.
La Wright Company, qui avait connu un certain succès au début de l’aviation motorisée, souhaitait se repositionner sur le marché militaire. Le Model L devait incarner cette ambition. Il adopta une configuration biplan classique, avec cockpit ouvert et train d’atterrissage fixe, comme la plupart des avions contemporains.
Les travaux de conception débutèrent en intégrant des éléments standards de l’époque mais en cherchant à réduire la traînée pour maximiser la vitesse. L’avion fut équipé d’un moteur Wright 6-60, un six-cylindres en ligne développant environ 67 chevaux (50 kW).
Le prototype fit ses premiers essais en vol en 1916. Malgré quelques bonnes performances au sol, les tests en vol révélèrent rapidement des limites importantes. Le Wright Model L ne parvint pas à dépasser 130 km/h, alors que d’autres avions de reconnaissance européens pouvaient atteindre 150 km/h à cette époque. Cette vitesse jugée insuffisante, associée à une manœuvrabilité moyenne, scella le destin du projet.
L’armée américaine, principal client visé, refusa de commander l’appareil. À l’international, malgré un contexte de guerre généralisée, aucun acheteur ne manifesta d’intérêt. Cette absence de succès commercial poussa la Wright Company à se retirer de la construction aéronautique pour se concentrer sur les moteurs.

Le design du Wright Model L
Le design du Wright Model L suivait les standards techniques de 1916 tout en tentant quelques optimisations. L’appareil était un biplan à ailes égales, reliées par des mâts parallèles renforcés par des câbles métalliques. Cette structure assurait une bonne résistance, mais augmentait la traînée.
La cellule était conçue autour d’un fuselage longiligne, aux flancs plats, afin de réduire la résistance à l’air. À l’avant, un moteur Wright 6-60 entraînait une hélice bipale en bois. Cette implantation classique visait à maximiser la poussée tout en facilitant la maintenance.
L’arrière du fuselage était dominé par un imposant empennage horizontal, destiné à stabiliser l’appareil en vol. Ce choix technique créait cependant une traînée excessive. En comparaison, les biplans français Nieuport et britanniques Sopwith de la même époque utilisaient des empennages plus compacts et mieux profilés.
Le gouvernail vertical était de petite taille et arrondi, optimisé pour la stabilité directionnelle. À la différence des modèles européens, le Model L ne possédait pas de pédales pour actionner le gouvernail : le pilote utilisait un levier latéral fixé sur le manche de contrôle, ce qui compliquait la coordination en vol.
Le cockpit était minimaliste, équipé d’instruments de base pour le pilotage visuel. Aucun blindage ni protection contre les intempéries n’était prévu, ce qui limitait l’usage opérationnel par mauvais temps ou en mission prolongée.
Les roues fixes à pneus pleins montées sur un simple châssis en bois limitaient la robustesse de l’appareil lors des atterrissages sur terrains sommaires, fréquents en campagne militaire.
La performance du Wright Model L
Le Wright Model L fut conçu pour offrir des performances supérieures à celles des avions contemporains sur le marché militaire américain. En pratique, il resta en retrait.
Son moteur Wright 6-60 produisait environ 67 chevaux (50 kW). Ce niveau de puissance était déjà inférieur à celui des moteurs Hispano-Suiza ou Renault montés sur les avions français de la même période, capables d’atteindre 100 chevaux (75 kW) ou plus.
Le Model L atteignait une vitesse maximale de 80 mph, soit environ 130 km/h. À titre de comparaison, un Nieuport 11, biplan français largement utilisé en 1916, atteignait 155 km/h avec un moteur de puissance équivalente. Cette différence s’expliquait principalement par la mauvaise aérodynamique du Model L, pénalisée par son grand empennage horizontal.
L’autonomie était estimée à environ 300 km, en conditions optimales, suffisante pour les missions locales de reconnaissance mais inférieure aux besoins stratégiques européens.
Le plafond opérationnel maximal n’était pas documenté précisément mais était inférieur à 3 500 mètres, ce qui limitait considérablement ses possibilités d’engagement au-dessus du champ de bataille.
La maniabilité en vol fut jugée moyenne. L’absence de pédales pour contrôler le gouvernail obligeait les pilotes à des ajustements manuels peu pratiques, réduisant la capacité à effectuer des manœuvres rapides ou précises.
Ces limitations cumulées empêchèrent le Wright Model L d’atteindre le standard attendu pour les missions militaires de 1916.

Les missions du Wright Model L au combat
Le Wright Model L n’entra jamais en service actif dans aucune armée. Toutefois, son projet initial visait à remplir des missions de reconnaissance rapide sur le champ de bataille.
La doctrine militaire américaine de 1916 prévoyait l’usage de “scouts” pour repérer les positions ennemies, diriger les tirs d’artillerie et effectuer des reconnaissances tactiques. Ces missions exigeaient des appareils rapides, maniables et capables d’opérer à faible et moyenne altitude.
Le Model L fut présenté à l’United States Army Air Service dans le but de répondre à ce besoin. Il participa à des démonstrations mais sans convaincre. La vitesse inférieure à 130 km/h et la maniabilité réduite furent immédiatement relevées comme des faiblesses critiques.
De plus, les appareils européens, déjà éprouvés au combat, bénéficiaient d’une avance technologique significative. Le Sopwith Pup britannique, entré en service à la même période, était supérieur en vitesse, manœuvrabilité et robustesse.
Sans adoption par l’armée américaine, le Model L n’intéressa aucun pays allié engagé dans la Première Guerre mondiale. Même des pays en recherche urgente d’avions, comme l’Italie ou la Russie, ne manifestèrent aucun intérêt.
Ainsi, le Wright Model L n’effectua aucune mission réelle. Il resta limité aux essais et aux démonstrations avant son abandon définitif.
Un dernier mot sur le Wright Model L
L’histoire du Wright Model L se termina rapidement après ses premiers essais en vol. Face à l’absence d’intérêt commercial et militaire, la Wright Company prit la décision stratégique de cesser la production aéronautique.
Le Model L symbolisait à la fois l’héritage pionnier des frères Wright et les limites d’une entreprise restée trop conservatrice face aux bouleversements technologiques de la Première Guerre mondiale. Tandis que d’autres constructeurs adoptaient des moteurs plus puissants, des fuselages métalliques et des concepts aérodynamiques avancés, la Wright Company resta attachée à des conceptions traditionnelles.
Après l’échec du Model L, l’entreprise se reconvertit dans la production de moteurs d’avions et d’automobiles. Ce choix s’avéra judicieux : les moteurs Wright équipèrent de nombreux avions jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, notamment dans les modèles de Curtiss et Consolidated.
La Wright Company fusionna brièvement avec la Glenn L. Martin Company pour devenir Wright-Martin, puis évolua vers Wright Aeronautical en 1919, avant d’être intégrée à Curtiss-Wright Corporation en 1929.
Le Wright Model L marque donc une transition : la fin des ambitions aéronautiques directes des pionniers de l’aviation et l’ouverture d’une nouvelle spécialisation dans les moteurs, où le nom Wright continua d’influencer l’aviation mondiale pour plusieurs décennies.
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