Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Découvrez l’histoire, le design, la performance et les missions du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI), avion biplan de chasse russe de 1916.

Le Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) est un avion biplan de chasse conçu en 1915 par Igor Sikorsky pour escorter les bombardiers russes Ilya Muromets. Dérivé de besoins spécifiques de l’Empire russe, le S-16 présente une structure légère en bois entoilé et utilise un moteur rotatif Gnome de 80 chevaux. Malgré sa bonne manœuvrabilité, il souffre d’une vitesse insuffisante face aux appareils ennemis. Produit à moins de cent exemplaires, il est engagé lors de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe. Retiré du service en 1923, le S-16 marque une étape technique, notamment par son système de tir synchronisé.

L’historique du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Le Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) naît dans un contexte de nécessité militaire. En 1914, l’Empire russe engage le bombardier lourd Ilya Muromets, également conçu par Igor Sikorsky. Ce bombardier, le premier quadrimoteur opérationnel au monde, nécessite une escorte rapide et fiable pour survivre dans le ciel hostile de la Première Guerre mondiale.

En 1915, Sikorsky répond à la demande en développant le S-16. L’appareil effectue son premier vol le 6 février 1915. Il est officiellement introduit en service en janvier 1916, après une commande initiale de 18 exemplaires. La production totale du S-16 reste faible, autour de 50 à 60 unités, bien que certaines sources évoquent un chiffre supérieur sans confirmation officielle.

Le S-16 est utilisé principalement par le Service aérien de l’Empire russe. Toutefois, son histoire est perturbée par les événements politiques : la Révolution russe de 1917 entraîne la chute du tsarisme et la dislocation de l’armée impériale. L’appareil est alors utilisé par les forces bolchéviques contre les forces tsaristes durant la guerre civile.

Le dernier chapitre de l’utilisation du S-16 s’écrit sous la bannière de l’Armée rouge naissante. En 1922, avec la fondation de l’Union soviétique, quelques S-16 encore opérationnels sont intégrés aux forces aériennes soviétiques, avant leur retrait définitif en 1923.

Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Le design du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Le design du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) suit les principes courants des avions de chasse de la Première Guerre mondiale, mais avec des choix spécifiques à son rôle d’escorte.

La cellule est construite en bois, recouverte de toile tendue. L’appareil est configuré en biplan à voilure égale, avec un entrelacement de mâts parallèles et de haubans. Ce choix permet d’assurer une bonne portance tout en maintenant une structure relativement légère.

Le fuselage présente des flancs plats et un capot moteur en métal léger à l’avant. La propulsion est assurée par un moteur rotatif Gnome de 80 chevaux (59 kilowatts), faute de disponibilité suffisante du moteur français Le Rhône de 100 chevaux initialement prévu. Ce moteur entraîne une hélice bipale en bois.

Le train d’atterrissage fixe comporte deux roues principales montées sur une structure de jambes de force, renforcées par des câbles. Il n’y a pas de roue arrière, mais une béquille en bois pour stabiliser l’appareil au sol.

Le poste de pilotage, disposé en tandem décalé, est entièrement ouvert. Deux membres d’équipage peuvent ainsi s’installer, facilitant la communication, mais exposant le personnel aux intempéries.

Le S-16 est équipé d’une seule mitrailleuse Lavrov de calibre 7,7 mm, installée sur le capot moteur. Le système de synchronisation développé localement permet le tir à travers l’arc de l’hélice, une avancée technique rare à l’époque. Le stock d’armement comprend 500 cartouches.

La performance du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Le Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI), malgré son agilité, présente des performances limitées, en particulier face aux chasseurs adverses.

La vitesse maximale est de 120 km/h, soit 75 mph. Cette valeur reste inférieure aux standards européens de l’époque, où des chasseurs tels que le SPAD S.VII ou le Fokker D.VII atteignent aisément 180 km/h.

Le taux de montée du S-16 est de 125 mètres par minute. L’altitude maximale est estimée à 3 000 mètres. Avec un rayon d’action d’environ 200 kilomètres, l’appareil reste adapté à des missions d’escorte de courte portée, mais il ne peut pas rivaliser en autonomie avec certains modèles allemands ou français.

Le moteur rotatif Gnome 80 ch impose des limites claires. Sa fiabilité est correcte, mais il ne fournit pas la poussée nécessaire pour des manœuvres prolongées ou des affrontements prolongés avec des chasseurs mieux motorisés.

Le poids à vide du S-16 est de 390 kilogrammes, et son poids maximal au décollage est de 580 kilogrammes. Ces valeurs en font un avion léger, mais vulnérable aux tirs ennemis et aux conditions météorologiques difficiles.

La capacité d’armement, limitée à une seule mitrailleuse, constitue également un handicap par rapport aux modèles ultérieurs équipés de deux armes synchronisées ou d’armements additionnels.

Les variants du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Le Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) n’a pas connu de véritables séries de variants officiellement reconnues en production. Cependant, plusieurs expérimentations ont été menées sur le modèle de base.

Des essais sont réalisés avec un second emplacement de mitrailleuse au-dessus de l’aile supérieure. Cette tentative vise à améliorer la puissance de feu, mais elle alourdit la structure sans amélioration significative des résultats en combat.

D’autres expérimentations concernent l’adaptation de flotteurs pour permettre des opérations amphibies. Ce projet est abandonné rapidement, car les performances déjà modestes de l’appareil ne supportent pas l’ajout de poids et de traînée supplémentaires.

Enfin, différentes configurations d’ailes et de moteurs sont étudiées, mais aucune ne débouche sur une production de série. Le manque de ressources industrielles en Russie durant la guerre et la Révolution freine ces développements.

Ces essais montrent la volonté d’améliorer le S-16 face aux standards européens, mais la situation politique et industrielle empêche d’aboutir à des résultats opérationnels efficaces.

Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI)

Les missions du Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) au combat

Le Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) est principalement utilisé comme chasseur d’escorte pour protéger les bombardiers lourds Ilya Muromets contre les attaques de chasseurs allemands.

Durant la Première Guerre mondiale, l’appareil participe à plusieurs missions de protection de formations de bombardiers opérant sur le front de l’Est. Ces opérations visent à attaquer des cibles allemandes en profondeur, mais les limitations de vitesse et de montée du S-16 le rendent vulnérable aux nouveaux chasseurs ennemis.

Avec la Révolution russe, l’usage du S-16 bascule vers des combats internes. L’avion est employé par les forces bolchéviques pour des missions de reconnaissance armée, d’appui aux troupes au sol et de harcèlement aérien contre les forces “blanches” et les armées étrangères intervenantes.

Le S-16 connaît quelques succès grâce à sa maniabilité à basse vitesse. Toutefois, les pertes sont élevées dès que les combats impliquent des appareils plus récents ou mieux armés.

Le rôle de l’appareil se réduit progressivement aux missions secondaires : liaison, reconnaissance légère et entraînement avancé des pilotes.

En 1921-1922, les derniers engagements documentés du S-16 concernent des opérations de pacification contre des groupes de résistants anti-bolchéviques dans des zones reculées de la Russie.

Un dernier mot

Le Sikorsky S-16 (RBVZ S-XVI) illustre la transition difficile de l’aéronautique russe face aux standards mondiaux de l’aviation militaire.

À l’origine conçu comme un chasseur d’escorte moderne, il est rapidement dépassé par les évolutions rapides du conflit aérien mondial. Son moteur sous-dimensionné, sa faible vitesse et son armement limité empêchent toute suprématie aérienne durable.

Après la Première Guerre mondiale, la dégradation industrielle russe empêche l’amélioration du S-16. L’appareil est utilisé jusqu’à l’usure durant la guerre civile russe. Dès 1923, il est totalement retiré des forces soviétiques, remplacé par des avions plus modernes importés ou conçus localement, comme les premiers Polikarpov.

Le S-16 conserve cependant une place particulière dans l’histoire de l’aviation russe. Il constitue l’un des premiers chasseurs à synchroniser le tir à travers l’hélice, et témoigne d’une volonté d’innovation malgré des conditions techniques et politiques extrêmement difficiles.

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