
L’US Air Force accélère la retraite de l’A‑10 Thunderbolt II, aussi surnommé Warthog, pour moderniser sa flotte avec des F‑15EX et F‑35 plus polyvalents.
L’annonce d’une retraite anticipée de l’A-10 Thunderbolt II
L’US Air Force prévoit désormais de retirer entièrement les Fairchild Republic A‑10 Thunderbolt II de son inventaire dès l’exercice fiscal 2026. Cette mesure représente une accélération notable du retrait de la flotte d’A‑10, initialement prévu pour la fin de la décennie.
Cette décision repose sur une estimation actuelle de 162 A‑10C encore en service, tous destinés à être retirés d’ici fin 2026. Des fonds de 57 millions de dollars sont demandés pour financer ce processus.
Le contexte stratégique et financier de la décision
Le retrait accéléré s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation : l’US Air Force compte se séparer d’environ 340 appareils obsolètes, dont 162 A‑10, pour recentrer ses ressources sur des avions plus modernes.
L’enveloppe demandée pour la défense en 2026 s’élève à 211 milliards de dollars, répartis entre 184,9 milliards pour l’US Air Force et 26,1 milliards pour la Space Force. La réforme envisage également 38,6 milliards de dépenses obligatoires, portant le total à 249,5 milliards, soit une hausse de 17,2 % par rapport à 2025.
Le rôle central de l’A-10 Thunderbolt II dans l’appui aérien rapproché
Le Fairchild Republic A‑10 Thunderbolt II, surnommé Warthog, est un avion d’attaque conçu pour le close air support (CAS). Il est équipé d’un imposant canon GAU‑8 Avenger 30 mm redoutablement efficace contre les blindés.
Sa spécificité : robuste, résistant aux dommages, il peut voler même avec des dégâts sévères. Il a été modernisé (version A‑10C, améliorations avioniques, capacités de frappe de précision) afin de rester opérationnel.
Contre des menaces modernes, il reste peu vulnérable comparé à d’autres avions, mais demeure moins adapté aux environnements très défendus ou aux missions haute technologie. L’US Air Force considère aujourd’hui que son utilisation est devenue trop risquée.
Une modernisation orientée autour du F-15EX et du F-35
Pour compenser la disparition de l’A‑10, l’US Air Force mise sur des avions comme le F‑15EX et le F‑35. Le budget sollicite 3,1 milliards pour acquérir 21 F‑15EX, mais réduit l’achat de F‑35A de 74 à 47 exemplaires.
Les ressources dégagées pourraient aussi alimenter les programmes de nouvelle génération comme le B‑21 Raider ou le futur F‑47, un avion de sixième génération.

Les réactions mitigées du Congrès et des vétérans
Certaines voix à Washington envisagent de limiter le retrait total. Un projet de loi du Sénat exigerait de maintenir au moins 103 A‑10 en service en 2026.
Des vétérans et hauts gradés à la retraite ont publiquement dénoncé ce plan. Ils soulignent la valeur unique de l’A‑10 pour l’appui tactique des troupes, en soulignant que sa capacité de survie et son impact psychologique sont irremplaçables.
Impacts opérationnels et interrogations tactiques
La disparition de l’A‑10 pose plusieurs enjeux :
- Appui aérien rapproché : l’A‑10 est une référence du CAS, prisé par l’infanterie pour sa précision et sa résilience. Les multirôles comme F‑35 ou F‑15EX ne disposent pas du même armement ni de la même autonomie.
- Formation et doctrine : l’US Air Force devra adapter ses méthodes pour que les pilotes F‑35 ou F‑15EX puissent assumer efficacement les missions CAS.
- Coût / logistique : moderniser, entretenir et déployer une flotte multirôle coûte moins cher que maintenir un avion spécialisé vieillissant. D’où l’intérêt budgétaire de la réforme.
Une transition technique, mais un héritage durable
L’A‑10 a servi plus de 50 ans, depuis les années 1970, avec des extensions de durée de vie via des programmes comme HOG‑UP et TUSK, permettant son opération jusqu’à 2040 si nécessaire.
Sa disparition accélérée représente non seulement une décision technique, mais marque la fin d’une ère stratégique fondée sur la robustesse et la mission unique. Pour certains, ce retrait pourrait être interprété comme un tournant irréversible dans la façon dont l’US Air Force envisage le soutien au sol.
La retraite accélérée de l’A-10 Thunderbolt II illustre une tension sensible entre héritage tactique éprouvé et nécessité de modernisation. L’US Air Force mise sur une flotte plus polyvalente, mais risque de perdre une capacité d’appui unique. L’issue dépendra autant des arbitrages techniques que des choix politiques. Alors que l’A-10 quitte le hangar, des questions cruciales restent en suspens : comment préserver l’efficacité du soutien au sol et comment former ses successeurs dans un monde où chaque avion devient plus cher et plus technologique ?
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