Les avions de chasse en service dans l’armée russe

les avions de chasse russe en service

Inventaire détaillé des avions de chasse russes : capacités, armements, performances, enjeux stratégiques et modèles utilisés par la Russie.

La Russie maintient l’une des forces aériennes les plus vastes et diversifiées du globe. Héritière directe de l’arsenal soviétique, son aviation de combat repose sur un éventail d’appareils allant de modèles conçus dans les années 1980 à des chasseurs de cinquième génération récemment introduits. Chaque avion de chasse russe remplit un rôle spécifique, qu’il s’agisse de supériorité aérienne, d’appui tactique, d’interception ou de reconnaissance armée. À la différence des doctrines occidentales plus centralisées, la Russie conserve une approche hétérogène, valorisant à la fois des machines modernisées issues du passé et des projets technologiques ambitieux.

En 2024, les forces aérospatiales russes (VKS) alignent plus de 1 200 avions de combat actifs, selon les données du SIPRI et du ministère russe de la Défense. Cette flotte inclut des chasseurs lourds tels que le Su-35S, des intercepteurs à long rayon d’action comme le MiG-31BM, ou encore le Su-57, principal espoir russe dans la catégorie des chasseurs furtifs. Le recours à une grande variété d’appareils s’explique par des considérations techniques, économiques et géopolitiques : il s’agit autant de maintenir une capacité de projection que de répondre à l’usure des plateformes plus anciennes dans le contexte de conflits actifs, comme en Ukraine.

Cet article examine les principaux avions de chasse utilisés par la Russie, en analysant leur rôle, leurs caractéristiques techniques, leurs armements et les enjeux industriels et stratégiques associés à leur emploi.

Le Soukhoï Su-35S : pilier de la supériorité aérienne russe

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Le Su-35S constitue aujourd’hui le chasseur lourd multirôle de référence au sein des forces aériennes russes. Évolution avancée du Su-27, il bénéficie d’une cellule renforcée, d’un cockpit modernisé et surtout d’une suite électronique de dernière génération.

Le Su-35S est propulsé par deux turboréacteurs Saturn AL-41F1S avec tuyères orientables, lui conférant une poussée vectorielle et donc une manœuvrabilité accrue. Il peut atteindre une vitesse maximale de Mach 2,25 (soit environ 2 400 km/h) à haute altitude, avec un plafond opérationnel supérieur à 18 000 mètres. Son rayon d’action avoisine les 1 600 km en mission de combat sans ravitaillement.

L’avion est équipé du radar à balayage électronique passif Irbis-E, capable de détecter un chasseur furtif à environ 90 km et une cible conventionnelle à plus de 300 km. Il peut engager simultanément jusqu’à 8 cibles aériennes.

Le Su-35S emporte une large gamme d’armements : missiles air-air longue portée R-77-1, missiles R-73 à guidage infrarouge, et armements air-sol tels que les bombes guidées KAB-500 ou les missiles Kh-31P anti-radar. Sa capacité d’emport est supérieure à 8 tonnes.

Bien que non furtif, le Su-35S demeure une plateforme redoutée grâce à son agilité, sa portée radar et sa robustesse en environnement hostile. On estime qu’environ 120 unités sont en service actif en 2024, principalement dans les districts militaires ouest et centre.

Le Mikoyan MiG-31BM : intercepteur stratégique à long rayon d’action

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Le MiG-31BM, version modernisée du MiG-31, remplit une mission bien spécifique dans la défense aérienne russe : l’interception à très longue distance. Conçu initialement dans les années 1970, il reste le seul avion de chasse russe capable d’opérer efficacement dans l’Arctique grâce à ses moteurs résistants au gel et son autonomie.

Le MiG-31BM peut atteindre Mach 2,83 (soit plus de 3 000 km/h) et voler jusqu’à 20 600 mètres d’altitude. Il dispose d’un radar Zaslon-M à balayage électronique passif, capable de suivre 24 cibles et d’en engager 6 simultanément, avec une portée de détection de 320 à 400 km.

Il est souvent utilisé en combinaison avec des systèmes sol-air pour créer une défense en profondeur. Sa modernisation inclut des liaisons de données tactiques, un cockpit numérisé et l’intégration du missile hypersonique Kh-47M2 Kinzhal, capable d’atteindre Mach 10 avec une portée de 2 000 km.

Plus de 100 MiG-31 ont été modernisés en version BM, et environ 50 seraient capables d’emporter le Kinzhal en 2024. Ces intercepteurs sont cruciaux dans le dispositif de dissuasion nucléaire non stratégique russe.

Le Soukhoï Su-34 : l’avion de combat tactique pour l’appui au sol

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Le Su-34 est un bombardier tactique à long rayon d’action dérivé du Su-27. Sa mission principale est l’attaque au sol avec une grande précision, y compris en environnement contesté. Il se distingue par son cockpit biplace côte à côte, une rareté parmi les avions de chasse.

Il est motorisé par deux turboréacteurs AL-31FM1, ce qui lui permet d’atteindre Mach 1,8 (environ 1 900 km/h) avec une portée opérationnelle de 1 100 km en configuration chargée. Il peut embarquer jusqu’à 12 tonnes de munitions sur 12 points d’emport.

Le Su-34 est équipé du radar Leninets V004, d’un système de guerre électronique sophistiqué et de contre-mesures actives. Il utilise des munitions de précision comme les bombes guidées KAB-1500 ou les missiles Kh-29, mais aussi des roquettes non guidées en appui de zone.

Plus de 140 unités sont en service, largement engagées en Ukraine, en Syrie et dans l’Extrême-Orient russe. Le Su-34 illustre la volonté russe de disposer d’un avion de chasse multirôle lourdement armé pour des frappes de profondeur sans dépendre exclusivement de l’aviation stratégique.

Le Soukhoï Su-57 : le pari de la furtivité et des technologies avancées

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Le Su-57 (T-50) est le premier chasseur de cinquième génération russe à entrer en service. Il a pour objectif de concurrencer les appareils furtifs américains (F-22, F-35), mais son développement a été marqué par des retards techniques et budgétaires.

Le Su-57 intègre des matériaux composites, une conception furtive (faible signature radar) et une avionique de dernière génération. Il est doté d’un radar à balayage électronique actif (AESA) N036 Byelka, de capteurs infrarouges (IRST) et d’un système de liaison de données avancé.

Sa vitesse de croisière supersonique est estimée à Mach 1,6 (environ 1 700 km/h) sans postcombustion, et il peut voler à plus de 20 000 mètres. Il emporte des missiles air-air de nouvelle génération (R-77M, R-74M2) et des munitions air-sol furtives dans des soutes internes.

Malgré ces ambitions, la flotte reste limitée : environ 20 unités sont livrées, sur une commande théorique de 76 appareils d’ici 2028. L’absence de moteur de cinquième génération (Izdeliye 30) en série limite encore son potentiel.

Le Mikoyan MiG-29 et ses dérivés : une plateforme toujours active

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Le MiG-29, introduit dans les années 1980, demeure présent dans plusieurs régiments, bien que progressivement remplacé. Léger, agile et économique à l’usage, il reste utilisé pour les missions de défense aérienne locale ou d’entraînement.

Ses versions modernisées, comme le MiG-29SMT ou le MiG-29UB, incluent des réservoirs additionnels, un cockpit numérisé, un radar Zhuk-ME et une capacité accrue d’emport d’armements guidés.

Le MiG-29 reste capable de voler à Mach 2,25 (environ 2 400 km/h) et de grimper à 18 000 mètres, avec une autonomie de 1 500 km. Bien qu’obsolète face aux menaces contemporaines, il reste utile dans des contextes de supériorité aérienne locale ou comme plateforme de transition.

La Russie maintient encore environ 200 MiG-29 en service dans divers degrés de modernisation.

Une flotte mixte entre héritage et innovation

La composition actuelle de l’aviation de chasse russe repose sur un équilibre entre modèles éprouvés modernisés (MiG-29, Su-27, MiG-31) et nouveaux appareils à haute valeur technologique (Su-35S, Su-57). Cette stratégie découle autant de contraintes industrielles que d’un pragmatisme opérationnel.

La dépendance partielle à des avions de chasse plus anciens pose la question du renouvellement capacitaire, alors même que la Russie affronte une pression logistique croissante du fait des sanctions, des pertes en Ukraine et du ralentissement de la production de certains composants électroniques.

Le programme Su-75 “Checkmate”, annoncé comme un chasseur léger furtif destiné à l’export et complémentaire du Su-57, illustre les ambitions d’un segment encore non consolidé. Toutefois, aucun prototype opérationnel n’a encore été livré.

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