Le chasseur embarqué furtif J-35 chinois prêt à l’emploi naval

Chine J-35

Le J-35 chinois entre en production initiale. Ce chasseur furtif embarqué devrait équiper les porte-avions catapultés de la marine chinoise.

Le J-35, développé par Shenyang Aircraft Corporation, est un chasseur furtif de nouvelle génération destiné à opérer depuis les porte-avions chinois. Initialement issu du programme FC-31, il prend la forme d’une version navalisée pour la PLAN (marine chinoise). Des images récentes suggèrent que deux exemplaires (0011 et 0012) ont quitté la phase de prototype pour entrer en production initiale à cadence réduite (LRIP). Ce développement survient alors que la Chine finalise les essais de son porte-avions Type 003 Fujian, doté de catapultes électromagnétiques. Les différences de motorisation observées entre les versions navales et terrestres indiquent que le moteur WS-19, en cours de développement, reste un élément critique. L’introduction du J-35 dans la marine marquerait une avancée significative en matière de puissance aéronavale furtive dans la région Asie-Pacifique.

Une production initiale confirmée pour le J-35 naval chinois

Les numéros de série 0011 et 0012, visibles sur une photographie aérienne de deux appareils en formation, signalent que le J-35 est entré en phase de production à faible cadence. Cette phase dite LRIP permet de produire quelques unités destinées aux essais en environnement opérationnel et à l’intégration logistique dans les forces. Elle constitue une étape technique majeure entre prototype et production en série.

Le J-35 est la version navale du FC-31, appareil initialement conçu pour l’exportation. Depuis 2021, plusieurs prototypes ont été repérés, dont au moins trois exemplaires distincts. Ces modèles servaient principalement aux essais en vol, à l’évaluation des performances aérodynamiques et à la validation des systèmes avioniques.

La présence des marquages propres à la PLAN sur la dérive, notamment le symbole du requin, ainsi que les casques bleus des pilotes, confirment l’attribution de ces appareils à l’aviation navale. En l’absence de communication officielle, cette publication suggère une stratégie de signalement contrôlé, visant probablement à démontrer une avancée technologique sans exposer tous les détails de la doctrine d’emploi.

Cette mise en production initiale est également révélatrice de la montée en puissance de l’industrie aéronautique militaire chinoise, capable désormais de passer rapidement d’un prototype à une série pré-opérationnelle. À court terme, ces avions permettront d’entraîner les pilotes à l’appontage, de tester les systèmes embarqués et de calibrer les infrastructures du porte-avions Type 003 Fujian.

Une intégration attendue sur le porte-avions Type 003 Fujian

Le Fujian, troisième porte-avions chinois, est le premier à être équipé de catapultes électromagnétiques (EMALS). Ce système, plus performant que les rampes traditionnelles (STOBAR), permet le lancement d’avions plus lourds, à pleine charge, avec un cycle de lancement réduit. Le J-35 a été conçu pour exploiter ce potentiel.

Des sources croisées suggèrent que des essais en mer ont déjà eu lieu, bien que la confirmation par imagerie indépendante reste absente. Toutefois, la logique industrielle et les précédents historiques (ex. : le déploiement soudain des J-15B) rendent cette hypothèse probable. Le centre d’essais embarqués de Wuhan, avec ses pistes simulant un pont de porte-avions, a déjà été utilisé pour former les pilotes et techniciens à l’exploitation des avions CATOBAR.

Le J-35 pourrait constituer l’un des premiers chasseurs furtifs opérationnels catapultés depuis le Fujian, un rôle jusqu’ici occupé uniquement par des versions modernisées du J-15. L’introduction d’un avion furtif dans ce cadre nécessitera des ajustements dans les systèmes de contrôle aérien embarqués, la gestion des pannes en mer et les stratégies de projection de puissance.

La compatibilité avec les catapultes électromagnétiques est un indicateur fort de la volonté de la Chine de projeter sa puissance navale au-delà de la mer de Chine méridionale. En dotant sa flotte d’un appareil furtif adapté au combat aérien moderne, elle se rapproche des capacités opérationnelles de la marine américaine, notamment avec le F-35C.

Chine J-35

Des différences de motorisation entre versions navale et terrestre

Un point technique majeur concerne le moteur du J-35. La version navale actuellement testée semble équipée du WS-21, une évolution du WS-13, identifiable à ses tuyères plus claires. En revanche, la version terrestre J-35A pourrait déjà utiliser le WS-19, moteur de cinquième génération en cours de développement, dont les tuyères plus sombres sont visibles sur certains clichés.

Le WS-21 fournit environ 95 kN de poussée avec postcombustion, tandis que le WS-19 viserait les 110 à 120 kN. Cette amélioration permettrait un vol supersonique sans postcombustion, facteur clé pour la furtivité thermique et la réduction de la consommation. La supercroisière améliore également la réactivité tactique en zone contestée.

L’introduction du WS-19 dans la version embarquée n’est pas encore confirmée. Ce moteur soulève plusieurs défis : gestion thermique, longévité, sécurité en environnement salin. Le déploiement sur un porte-avions impose des normes de fiabilité accrues, car toute panne peut compromettre l’appareil en phase critique d’appontage.

La double motorisation entre version terrestre et navale complique le soutien logistique mais offre une flexibilité dans le développement. Elle permet également à l’industrie de poursuivre les tests du WS-19 sans retarder l’intégration du J-35 à la marine, en misant sur une évolution progressive du parc.

Un chasseur furtif de cinquième génération : conception et capacités

Le J-35 répond aux caractéristiques techniques d’un chasseur de cinquième génération, avec une architecture pensée pour réduire sa signature radar, thermique et acoustique. Il adopte :

  • Un radar AESA intégré dans le nez (type inconnu, probablement équivalent au KLJ-7A),
  • Une cellule conçue sans arête saillante, avec des entrées d’air en S pour masquer le compresseur,
  • Des surfaces mobiles carénées, et l’usage d’un revêtement absorbant radar,
  • Des soutes internes permettant l’emport de 4 à 6 missiles ou bombes sans signature externe,
  • Un capteur IRST pour la détection passive des menaces thermiques.

En termes de dimensions, le J-35 est comparable au F-35C : environ 17 m de long, 11,5 m d’envergure, avec une masse maximale au décollage estimée à 25 000 kg. Son autonomie avec réservoirs internes pourrait atteindre 1 200 à 1 500 km, extensible via ravitaillement en vol.

Il peut être intégré dans une architecture de guerre en réseau, via liaison de données tactiques, permettant une coordination en temps réel avec des drones ou des avions de guet aérien (type KJ-600). Il pourrait ainsi être au centre d’un groupe aérien embarqué furtif, incluant avions d’alerte avancée, drones armés et chasseurs multirôles.

La modularité du système d’armes, la connectivité et la furtivité positionnent le J-35 comme un outil de dissuasion avancé, apte à neutraliser les menaces aériennes, terrestres ou navales dans les premières minutes d’un conflit en mer.

Une montée en puissance stratégique pour la marine chinoise

Avec le J-35, la marine chinoise franchit un cap structurel. Elle dispose désormais d’un chasseur embarqué de cinquième génération, capable de rivaliser partiellement avec le F-35C américain. Cette capacité intervient dans un contexte de rivalités croissantes en mer de Chine méridionale et d’expansion navale accélérée.

La présence simultanée de deux chasseurs furtifs (J-20 et J-35) montre que la Chine maîtrise désormais les briques technologiques nécessaires : cellule furtive, radar AESA, motorisation indigène, guerre électronique intégrée. Cette pluralité renforce sa capacité de répartition géographique des menaces.

Le porte-avions Fujian constitue un multiplicateur de puissance. Associé au J-35, il offre à Pékin un outil de projection au-delà du premier arc insulaire. La montée en compétence opérationnelle dépendra toutefois du rythme d’industrialisation, de la fiabilité des chaînes logistiques et de la capacité à former les pilotes.

Dans cette course technologique, le défi chinois ne réside plus seulement dans la copie d’équipements occidentaux, mais dans leur intégration systémique, leur usage tactique et leur adaptation à la doctrine navale. La structure actuelle suggère que cette ambition est désormais réaliste.

Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.

A propos de admin 1789 Articles
Avion-Chasse.fr est un site d'information indépendant dont l'équipe éditoriale est composée de journalistes aéronautiques et de pilotes professionnels.