Boeing remporte le contrat ESS de 2,8 milliards d’euros

Boeing ESS

Le Space Force choisit Boeing pour le programme ESS, futur pivot des communications stratégiques satellitaires américaines jusqu’en 2033.

Le Space Force américain a attribué à Boeing un contrat de 2,8 milliards d’euros pour le développement de deux satellites initiaux dans le cadre du programme Evolved Strategic SATCOM (ESS). Ce programme vise à remplacer la constellation AEHF existante, tout en renforçant la cybersécurité et la résilience des communications stratégiques du Pentagone. Deux satellites supplémentaires pourraient être commandés. Le contrat, qui s’inscrit dans un programme global estimé à 11,1 milliards d’euros, exclut Northrop Grumman, pourtant impliqué dans les prototypes. Le programme ESS remplace aussi progressivement le projet PTS-R, au profit d’une approche modulaire, plus rapide à déployer et focalisée sur la lutte contre le brouillage.

Un contrat stratégique pour la résilience des communications militaires

Le Space Force a confirmé le 4 juillet 2025 l’attribution à Boeing d’un contrat de 2,8 milliards d’euros (3 milliards de dollars) pour lancer la phase initiale du programme ESS. Cette initiative vise à remplacer la constellation AEHF (Advanced Extremely High Frequency), opérationnelle depuis 2010, qui assure actuellement les communications militaires stratégiques américaines.

Le contrat couvre la livraison de deux satellites ESS, d’ici à 2033, avec une option pour deux satellites additionnels. Il s’inscrit dans un programme élargi de 11,1 milliards d’euros, intégrant des améliorations techniques majeures, notamment dans le domaine de la cybersécurité embarquée, de la résistance aux attaques électroniques et de la communication en environnement contesté.

Selon Boeing, le système repose sur une architecture innovante adaptée à un contexte spatial de plus en plus dégradé, marqué par la multiplication des brouillages, des attaques cyber et des risques de déni d’accès. L’objectif est de garantir une liaison ininterrompue entre les centres de commandement stratégiques et les forces opérationnelles, y compris en situation de conflit majeur.

Le choix de Boeing est d’autant plus significatif que Northrop Grumman, qui avait obtenu un contrat de prototype en 2020, est finalement écarté du contrat de déploiement. Le Space Force privilégie ici une approche axée sur la robustesse opérationnelle à long terme.

Boeing ESS

Une nouvelle architecture pour des communications à haut niveau de protection

Le programme ESS prévoit une modernisation radicale des communications militaires stratégiques, avec l’intégration de technologies récentes. Contrairement au système AEHF, dont les satellites reposaient sur une architecture plus rigide, l’ESS adoptera une logique modulaire.

Chaque satellite ESS sera équipé de charges utiles résilientes aux brouillages, de systèmes de cryptographie de nouvelle génération, et de processeurs adaptatifs capables d’isoler les tentatives de perturbation. Il s’agira de renforcer la redondance active et de permettre une réallocation dynamique des ressources orbitales et fréquentielles.

Le programme ESS intègre aussi des satellites adaptés aux zones arctiques, où la couverture AEHF est partielle. Cela reflète l’évolution de la stratégie américaine vers une projection des capacités militaires dans les hautes latitudes, face aux ambitions russes et chinoises dans l’Arctique.

Sur le plan industriel, Boeing assurera la conception, l’intégration et les essais de ces plateformes. La date de lancement n’a pas été fixée, mais le calendrier fixe une mise en service initiale vers 2030. D’ici là, les satellites AEHF resteront opérationnels en parallèle.

Abandon du programme PTS-R et virage vers une stratégie SATCOM modulaire

En parallèle du contrat ESS, le Space Force a confirmé l’annulation du programme PTS-R (Protected Tactical SATCOM-Resilient). Initié pour fournir des communications anti-brouillage tactiques, il est jugé trop rigide et incompatible avec les délais imposés par le contexte géostratégique.

La stratégie SATCOM actuelle s’oriente vers une “famille de systèmes” comprenant des satellites à capacits variables, à déploiement rapide, et complémentaires entre eux. Le programme Protected Tactical Waveform devient ainsi la priorité pour offrir une connectivité sécurisée dans les théâtres d’opérations.

Ce changement réduit les coûts, limite les dépendances technologiques, et offre une agilité de déploiement opérationnel face aux attaques électroniques ou cyber. Il prévoit l’intégration de modules comme PTS-Global, Enterprise Management and Control ou encore l’Anti-Jam Modem pour les forces terrestres et aériennes.

Les prototypes PTS, financés avant 2023, seront tout de même lancés pour valider des briques techniques et éventuellement les intégrer dans la future architecture ESS.

Conséquences stratégiques pour le secteur spatial militaire américain

L’attribution du contrat ESS à Boeing restructure le paysage du spatial militaire hautement sécurisé aux États-Unis. D’ici 2033, le Pentagone disposera d’une constellation moderne, adaptée aux menaces multi-domaines. L’abandon de PTS-R confirme la volonté du Space Force de se dégager des cycles longs et d’accélérer le rythme d’intégration.

Le contrat renforce la position de Boeing face à Lockheed Martin et Northrop Grumman. Il remet aussi en question les standards industriels en faveur de solutions plus modulaires, plus rapides à valider, et moins risquées à grande échelle.

Enfin, il s’inscrit dans une stratégie plus large de coopération internationale, avec des références à l’architecture britannique Skynet, ou encore à des systèmes OTAN. L’objectif américain est clair : garantir une supériorité informationnelle en environnement contesté, quel que soit le théâtre opérationnel.

Avion-Chasse.fr est un site d’information indépendant.

A propos de admin 1754 Articles
Avion-Chasse.fr est un site d'information indépendant dont l'équipe éditoriale est composée de journalistes aéronautiques et de pilotes professionnels.