Découvrez l’histoire, la conception, les performances et les missions du Sopwith Triplane, l’un des premiers chasseurs triplans.
Le Sopwith Triplane a marqué une étape importante dans l’aviation militaire pendant la Première Guerre mondiale. Premier avion de chasse opérationnel à trois ailes, il a été conçu pour améliorer la maniabilité et la vitesse de montée. Bien que sa carrière opérationnelle ait été courte, son impact fut immédiat. Construit à 147 exemplaires, utilisé principalement par la Royal Naval Air Service, il impressionna suffisamment pour inspirer le développement du célèbre Fokker Dr.I allemand. Ses défauts de maintenance et sa faible puissance de feu ont cependant limité son usage prolongé.
L’historique du Sopwith Triplane
Le Sopwith Triplane a vu le jour dans un contexte de guerre aérienne intense. Au début de 1916, les avions biplans dominaient les cieux européens. Sopwith Aviation, alors un acteur majeur de l’industrie britannique, chercha à innover. L’objectif était de créer un appareil avec de meilleures capacités de montée et une maniabilité accrue pour surpasser les modèles adverses.
Le premier prototype du Sopwith Triplane vola le 28 mai 1916. Les résultats furent rapidement jugés prometteurs. La Royal Naval Air Service (RNAS), impressionnée par ses performances, pressa son entrée en service. Dès décembre 1916, les premiers appareils étaient opérationnels sur le front occidental.
Le Triplane gagna en réputation durant l’année 1917, notamment grâce aux succès remportés par l’escadrille No. 8 de la RNAS, surnommée “Black Flight”. Ses pilotes revendiquèrent plus de 80 victoires en moins de trois mois. Face à cette efficacité, les Allemands mirent au défi leurs ingénieurs de concevoir un appareil similaire, aboutissant au développement du Fokker Dr.I.
Au total, 147 Sopwith Triplane furent produits. Outre le Royaume-Uni, 17 appareils furent livrés à la marine française. La Grèce et la Russie en reçurent chacune un exemplaire. Toutefois, l’arrivée de modèles plus récents comme le Sopwith Camel entraîna un retrait progressif du Triplane à partir de l’été 1917, reléguant l’appareil aux missions d’entraînement.

Le design du Sopwith Triplane
Le design du Sopwith Triplane se caractérise par son choix audacieux d’une configuration à trois ailes. Contrairement aux biplans classiques, le Triplane utilise trois ailes étroites superposées, séparées par des entretoises robustes et de grands montants extérieurs. Ce choix visait à maximiser la portance tout en réduisant la traînée.
La cellule adoptait une structure bois et toile, typique de l’époque. Le fuselage, de section rectangulaire, était construit autour de longerons en bois d’épicéa, recouverts de tissu tendu. L’empennage conventionnel comprenait une dérive verticale unique et un stabilisateur horizontal simple.
Le cockpit, ouvert, était positionné juste derrière l’aile supérieure. Cette configuration réduisait la visibilité vers l’avant, un handicap relatif compensé par la maniabilité exceptionnelle de l’avion. Le train d’atterrissage était fixe, avec deux grandes roues principales soutenues par un essieu rigide.
L’armement consistait généralement en une seule mitrailleuse Vickers de 7,7 mm synchronisée pour tirer à travers l’hélice. Des essais avec deux mitrailleuses furent effectués, mais la perte de performances due au poids additionnel obligea à revenir à une arme unique.
Les dimensions principales étaient :
- Envergure : 8,07 mètres
- Longueur : 5,73 mètres
- Hauteur : 3,20 mètres
- Surface alaire : 22,67 m²
Le design privilégiait avant tout la légèreté et la maniabilité, en sacrifiant partiellement la robustesse structurelle, ce qui limitait les performances en piqué.
La performance du Sopwith Triplane
Propulsé par un moteur Clerget 9Z rotatif de 9 cylindres développant 110 chevaux (82 kW), le Sopwith Triplane affichait des performances solides pour son époque.
Sa vitesse maximale atteignait 188 km/h à basse altitude. Il pouvait grimper à 1 830 mètres en seulement 6 minutes, une performance remarquable en 1917. Le plafond opérationnel culminait à 6 248 mètres. L’endurance de vol était d’environ 2 heures et 45 minutes.
Le poids à vide de l’appareil était de 499 kg, pour un poids maximal au décollage de 698 kg. Son rapport poids-puissance favorable expliquait en grande partie sa rapidité de montée et sa maniabilité.
Les limites du Triplane apparaissaient cependant en plongée rapide. Les ailes, étroites et soumises à de fortes contraintes, pouvaient se déformer dangereusement. Par ailleurs, le moteur rotatif, s’il assurait une bonne puissance instantanée, présentait des risques mécaniques élevés avec une maintenance exigeante.
Face aux nouveaux chasseurs allemands biplans plus lourds et mieux armés, le Sopwith Triplane montra ses limites dès la mi-1917. Sa faible capacité offensive, reposant sur une seule mitrailleuse, devenait un handicap majeur contre des adversaires mieux équipés.
Les variants du Sopwith Triplane
Il n’existe pas de véritable variant du Sopwith Triplane ayant été produit en série. Cependant, plusieurs prototypes modifiés furent expérimentés.
Certains Triplane furent testés avec des moteurs alternatifs, notamment le Le Rhône 9J de 110 chevaux (82 kW) et le Bentley BR1. Ces essais visaient à améliorer la fiabilité et la performance. Aucun de ces modèles ne passa au stade de la production.
D’autres modifications portèrent sur l’armement. Quelques appareils reçurent une seconde mitrailleuse Vickers. Cependant, l’augmentation du poids réduisait considérablement les performances générales, rendant cette solution peu viable.
Un exemplaire fut également équipé de flotteurs pour des essais hydravions, mais sans débouché opérationnel.
En définitive, le Sopwith Triplane resta très proche de son modèle initial tout au long de sa courte carrière active, sans engendrer de version substantiellement différente.

Les missions du Sopwith Triplane au combat
Le Sopwith Triplane fut principalement utilisé par la Royal Naval Air Service entre décembre 1916 et fin 1917. Ses missions principales étaient la supériorité aérienne et l’escorte de reconnaissance.
Engagé sur le front occidental, le Triplane s’illustra notamment lors de la bataille d’Arras au printemps 1917. Durant cette période, le “Black Flight” du No. 10 Squadron revendiqua 87 victoires aériennes en moins de trois mois, avec des pilotes comme Raymond Collishaw, Jerrold McCudden et Ellis Reid.
Le Triplane était utilisé pour intercepter les reconnaissances allemandes et attaquer les bombardiers Gotha en mission au-dessus de l’Angleterre et de la France. Son excellente montée et sa maniabilité lui permettaient d’atteindre rapidement les formations ennemies.
Cependant, des limites apparurent rapidement. En plongée, les risques de déformation des ailes étaient critiques. Lors d’affrontements contre des Albatros D.III ou D.V allemands, mieux armés, les Triplanes perdaient l’avantage.
Son armement, limité à une seule mitrailleuse, réduisait sa capacité à engager plusieurs adversaires simultanément. Face à des formations ennemies bien organisées, les pilotes devaient compenser par la tactique et la surprise.
Un dernier mot
L’utilisation opérationnelle du Sopwith Triplane déclina rapidement à partir de l’été 1917. L’arrivée du Sopwith Camel, plus robuste, mieux armé avec deux mitrailleuses, et doté de meilleures performances générales, marqua le retrait progressif du Triplane des premières lignes.
Dès l’automne 1917, la plupart des Triplanes furent transférés vers des unités d’entraînement au Royaume-Uni. Ils permirent la formation de nouveaux pilotes dans des conditions exigeantes grâce à leur maniabilité particulière.
Quelques exemplaires survécurent jusqu’à la fin de la guerre en 1918, utilisés à des fins secondaires. Après l’armistice, les appareils restants furent rapidement retirés du service et démantelés.
Le Sopwith Triplane reste un jalon important dans l’histoire de l’aviation militaire. Premier triplan de chasse opérationnel, il prouva que des concepts nouveaux pouvaient brièvement changer le cours des combats aériens. Mais il illustra aussi que la technologie et les tactiques évoluaient vite, nécessitant des appareils toujours plus performants pour conserver la suprématie aérienne.
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