Le Sopwith Tabloid fut un biplan de reconnaissance et de bombardement léger britannique utilisé dès 1914 par le RFC et le RNAS.
Le Sopwith Tabloid est l’un des premiers biplans militaires britanniques engagés dans la Première Guerre mondiale. Conçu d’abord comme avion de course, il est introduit en 1914 avec une cellule compacte en bois et toile, motorisé par un moteur rotatif Gnome de 80 à 100 ch. Son design léger et rapide a attiré l’attention des forces britanniques, qui l’utilisèrent pour des missions de reconnaissance, de bombardement léger et d’interception de dirigeables. Bien que rapidement remplacé par des modèles plus robustes, le Tabloid marque une étape importante dans l’histoire de l’aviation militaire britannique.
L’historique du Sopwith Tabloid
Le Sopwith Tabloid apparaît dans un contexte d’expérimentation aéronautique précédant le conflit mondial. Mis au point par Sopwith Aviation Company, il effectue son premier vol en novembre 1913. Initialement conçu pour les courses aériennes, il ne visait pas une utilisation militaire. Cependant, l’entrée en guerre du Royaume-Uni en août 1914 modifie rapidement son emploi.
Dès les premières évaluations, ses performances intéressent les autorités britanniques. L’appareil démontre une vitesse de près de 150 km/h, une autonomie de plus de deux heures, et une maniabilité supérieure aux normes de l’époque. Cela convainc le Royal Flying Corps (RFC) et le Royal Naval Air Service (RNAS) d’en commander 40 unités.
Le Sopwith Tabloid devient ainsi le premier avion militaire produit en série par la firme. L’appareil s’inscrit dans une série qui influencera les futurs développements, notamment le Sopwith Baby et le Sopwith 1½ Strutter.
Son entrée en service militaire est rapide. Dès septembre 1914, des exemplaires sont utilisés pour des missions de reconnaissance. L’appareil sera aussi engagé dans des missions de bombardement léger. Plusieurs dérivés en version hydravion sont développés, notamment pour participer à la course Schneider, où il se distingue par ses performances.
En parallèle, le Tabloid est observé à l’étranger. Il est copié illégalement en Russie sous la désignation Lebed VII, et une version modifiée en hydravion est produite au Japon, sous le nom Yokosuka Navy Ha-Go Small Seaplane.

Le design du Sopwith Tabloid
Le Sopwith Tabloid est un biplan compact construit en bois et toile, dans la tradition de l’aviation du début des années 1910. Sa structure est légère, avec un fuselage aux flancs plats et une voilure à deux plans superposés. La voilure est renforcée par des montants et des câbles. Le système de contrôle latéral repose d’abord sur le gauchi d’ailes, remplacé ensuite par des ailerons classiques.
Le cockpit, à deux places côte à côte, est ouvert. Il se situe derrière le plan supérieur. L’appareil dispose d’un train d’atterrissage fixe, ou de flotteurs dans sa version hydravion. La cellule est courte, avec une longueur de 6,71 mètres et une envergure de 7,87 mètres. La hauteur atteint 2,95 mètres. Le poids à vide est d’environ 410 kg, pour une masse maximale au décollage d’environ 630 kg.
Le moteur est installé à l’avant. Il s’agit d’un Gnome Lambda rotatif à 7 cylindres, produisant 80 ch (59,7 kW) dans la première version. Le modèle de course Schneider utilise un Gnome Monosoupape de 100 ch (74,6 kW). L’hélice est en bois, à deux pales, montée en traction.
L’appareil reçoit progressivement une arme légère, typiquement une mitrailleuse Lewis de calibre 7,7 mm montée au-dessus de l’aile supérieure. Plusieurs configurations sont testées, certaines intégrant des déflecteurs sur les pales d’hélice, faute d’interrupteur de tir efficace.
Malgré sa simplicité, le design du Tabloid est à la fois fonctionnel et innovant pour l’époque, permettant une grande vitesse, une bonne manœuvrabilité, et une utilisation polyvalente dans les premiers mois du conflit.
Les performances du Sopwith Tabloid
Les performances du Sopwith Tabloid sont notables pour un avion de cette génération. Avec un moteur de 80 à 100 ch, l’appareil atteint une vitesse maximale de 148 km/h. Il s’agit d’une valeur élevée en 1914, supérieure à de nombreux concurrents militaires ou civils.
Le plafond opérationnel est estimé à 4 200 mètres, avec une vitesse ascensionnelle de 2,5 mètres par seconde. L’autonomie dépasse 2 heures de vol, ce qui permet des missions de reconnaissance sur une distance raisonnable depuis les bases avancées.
Le poids limité de l’appareil, sa compacité et ses ailes courtes offrent une manœuvrabilité supérieure aux biplans contemporains. Ces caractéristiques en font un appareil bien adapté à des tâches de reconnaissance tactique ou d’attaque ponctuelle.
L’armement reste cependant sommaire : une seule mitrailleuse Lewis, parfois placée sur l’aile supérieure avec des adaptations rudimentaires. Il ne dispose d’aucun système de synchronisation avec l’hélice. Certaines versions emportent de petites charges explosives ou bombes légères, jusqu’à 25 kg.
Comparé à ses successeurs comme le Sopwith 1½ Strutter ou le Sopwith Camel, le Tabloid reste limité en termes de puissance de feu et de robustesse. Toutefois, il constitue une première étape importante dans la transition entre l’aviation civile sportive et l’aviation militaire structurée.

Les missions du Sopwith Tabloid au combat
Le Sopwith Tabloid est engagé dans les premières opérations aériennes de la Première Guerre mondiale. En août 1914, l’appareil entre en service actif dans le Royal Flying Corps (RFC) et le Royal Naval Air Service (RNAS).
Les premières missions consistent principalement en reconnaissance aérienne. L’absence de défense antiaérienne efficace en début de conflit permet à ces avions légers d’observer les mouvements ennemis avec une certaine liberté. Le Tabloid est ainsi déployé pour soutenir l’artillerie et cartographier les lignes adverses.
Le 22 septembre 1914, un Sopwith Tabloid de la RNAS participe à l’une des premières missions d’interdiction aérienne, en larguant des petites bombes sur un hangar à Zeppelin près de Düsseldorf. Cette mission est un succès partiel, bien que les dégâts matériels soient limités. Elle marque toutefois une première offensive stratégique menée par l’aviation britannique.
Les appareils sont aussi utilisés comme intercepteurs de ballons et dirigeables allemands. Leur vitesse leur permet de monter rapidement et d’atteindre les Zeppelins avant qu’ils n’atteignent leurs objectifs.
Les faiblesses de structure et le manque d’armement rendent toutefois l’appareil vulnérable. Dès début 1915, il commence à être remplacé par des modèles plus puissants, mieux armés et plus robustes.
Le Sopwith Tabloid a été affecté aux escadrons No.3 du RFC et No.201 de la RAF, entre autres.
Un dernier mot
L’utilisation du Sopwith Tabloid en tant qu’avion de guerre cesse progressivement dès le printemps 1915. L’appareil ne résiste pas à l’évolution rapide de la technologie aéronautique militaire. Sa structure légère, son armement limité et son absence de blindage ne permettent plus une exploitation efficace.
Il est remplacé par des appareils plus performants comme le Sopwith 1½ Strutter ou le Royal Aircraft Factory B.E.2c, qui offrent une meilleure portée, une meilleure stabilité en vol et une puissance de feu supérieure.
Néanmoins, le Sopwith Tabloid reste un modèle important dans la genèse de l’aviation militaire britannique. Il aura servi de base à une lignée d’avions plus avancés, tout en jouant un rôle opérationnel non négligeable durant les premiers mois du conflit.
Retour sur la section WARBIRDS.